Echange

Chapitre 14

PDV Juliette:

Je revois sans cesse le moment où la plume de l'aigle pénètre ma chair. Mon t-shirt tombe en lambeaux et tient à peine. C'était comme une décharge électrique. Puis une voix m'est parvenue et m'a expliqué qu'à partir de maintenant le passé n'aurait pas de secret pour moi.
Le passé, c'est à dire...
Un sablier tombe juste à côté de moi. Il est grand comme... comme..., il est super grand. Le sable qu'il contient commence à s'écouler lentement, puis de plus en plus vite, jusqu'à ce qu'il soit vide.
Depuis cet instant je ne prête pas attention au monde extérieur, je suis plongée dans le passé. La connaissance du passé est pour moi une évidence, comme s'il était inscrit en moi depuis des siècles. Je sais exactement tout ce qui s'est passé. Je ne le sais pas directement, c'est comme google, j'écris mentalement ce que je veux, et je sais aussitôt tout sur ce que j'ai demandé. Tout ça en moins d'un dixième de seconde.
Et personne n'aimerait se retrouver face à un souvenir particulièrement gênant que l'on aurait volontairement chassé de sa mémoire. Je revis en haute définition toute ma vie, accompagnée d'une douleur dépassant les migraines les plus aiguës.
Je m'écroule à terre. Un souvenir particulièrement terrifiant apparaît à mes yeux: je suis allongée sur le sol froid d'un garage, en sang. Je ne me souviens de rien, je ne sais même pas si ce sang est à moi.
Je ne sais même pas si ce souvenir est à moi.

Après plusieurs minutes de léthargie profonde, je remarque enfin que je me fais secouer comme un sac de patates.
Et que la personne au dessus de moi est Inès.
Enfin... Inès, mais... plus... cool.
Elle a une aile blanche et bleue au milieu du dos.
Mais au fait... c'est quoi ce truc sur son dos ? Pourquoi as-elle ça ?
Et en plus je sens sa main s'approcher de mon épaule, à l'endroit où mon t-shirt est déchiré.
Ce petit geste involontaire nous surprend toutes les deux. Je peux communiquer avec elle autrement que par la parole.
Je connais tous les souvenirs d'Inès !
Ses peurs, ses angoisses, ses bonheurs...
Mais alors, le sang et le garage... c'était Inès ? Qu'a-t-elle fait dans ce garage ?
Je prends la parole:
-euuuu, Inès ? As tu déjà été en sang dans un garage ?
-Je ne veux pas en parler. Je... je veux dire... c'est trop...
Moi: -Ok.
-Ouais, et toi et l'histoire avec Jules ?
Moi: -C'est un peu long à expliquer.
-Comment on fait pour retourner au monde réel ?
...

Bip...bip... bip...

...

-Coucou !

-Vous avez bien joué ?
-Je vous rassure tout de suite, aucun d'entre vous n'a réussi toutes les épreuves, il vous faudra donc bien travailler et retenter votre chance à l'étape deux.
Je vous laisse maintenant aller manger et vous rappelle que l'extinction des feux est fixée à 22h30. Cela vous laisse plus de 2h pour vous raconter votre première journée !

Les autres commencent à partir, et nous aussi mais Robin s'approche de nous et nous fait signe de le suivre.
Bon...
On a l'air de se diriger vers un gros bâtiment jaune et rouge.
Robin: je ne sais pas ce que vous avez fait toutes les deux, mais je n'arrive pas à accéder à vos résultats.
Je vous emmène à la direction, on va vérifier les caméras de surveillance et vous poser quelques questions. Ce ne sera pas long, de plus, la direction n'est pas affectée par le couvre feux.

On entre dans bâtiment, et on attend dans une salle d'attente classique.
Je ne sais pas du tout ce qui m'attends.
Une porte s'ouvre, on entre.
Je serre la main d'Inès pour la rassurer mais la liaison ne marche plus.
Une dame en chignon, vers les 50-60 ans est assise derrière un bureau monumental en marbre.
Elle est aussi petite que le bureau est grand.
Le chignon : Robin, sort !
Bon, on va avoir une petite discussion toutes les trois !