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Après être rentrée chez moi, je m'effondrais en pleurs sur mon lit. J'avais tellement peur pour Leo, et j'appréhendais son rendez vous du lendemain.
Je repensais a tout ce qu'il s'était passé ces deux derniers mois. Avoir rencontré Leo était l'une des plus belles choses qui me soit arrivé. Désormais, j'avais besoin de lui, besoin de le voir sourire, de l'embrasser, de le prendre dans mes bras. Mon bonheur allait de paire avec le sien.
Cette journée avait été si éprouvante que je m'endormis au bout d'une demi heure, entièrement habillée sur mon lit.

PDV LEO
- Bonjour monsieur Lemont.
- Bonjour Leo, comment ça va aujourd'hui?
On aurait dit un psy qui parlait a un de ses patients.
- Ca va merci.
- Alors, j'ai cru comprendre que tu avais quelques questions, c'est bien ça?
- Oui. J'ai bien reçu votre lettre, et je me demandais si.. Eh bien, si il était possible de soigner...
- Votre bipolarité?
- Oui.
Je me sentais complètement ridicule de ne pas vouloir prononcer ce mot. Je devais faire face à la réalité.
- Eh bien, en temps normal, la bipolarité est une maladie qui se traite relativement facilement, grâce à divers traitements. Mais dans votre cas Leo...
- Quoi?
- Votre bipolarité est à un stade élevé que je n'avais jamais vu chez aucun patient.
- Comment ça?
- Lors de vos crises, si l'on peut appeler ça comme ça, vos réactions sont multipliées par 10 par rapport à un patient lambda.
- Un patient lambda ? Je n'arrive pas trop à vous suivre.
- Un patient lambda qui ne prend pas son traitement changera de comportement certes, mais cela ne mettra pas sa vie en danger car il se souvient de ses proches, de qui il est. Or dans votre cas..
- Je me souviens de qui je suis!
- Et vos proches ?
- Je.. Hésitais-je.
Je me remémorais le moment ou j'avais poussé Sacha, et me rappelais qu'à ce moment là, elle aurait tout aussi bien pu être une inconnue que je n'aurais fait aucune différence.
- Qu'est ce que je peux faire ?
- On peut essayer les pilules, mais je ne garantis rien. Et puis il peut y avoir des effets secondaires.
- Tant que ça peut diminuer les effets de la maladie, tout ce que vous voulez.
- Êtes vous sûr de vous ?
- Oui.
- Bien, dans ce cas parlons des possibles effets secondaires..

PDV SACHA
Il était 10 heures quand je me réveillais. Je savais que Leo devait voir le docteur aujourd'hui et j'appréhendais beaucoup. J'avais une boule dans le ventre, la peur me coupais l'appétit. Je ne déjeunais pas, m'habillais et partais directement chez Leo. Je lui envoyais un message pour le prévenir que je l'attendais chez lui. "Je suis chez toi dans une demi-heure, je t'attends là-bas, bisous" .
J'arrivais chez Leo une demi heure après, comme prévu. Lorsque j'arrivais devant sa porte, je me stoppais net. J'avais peur de la réaction de Leo, mais aussi et surtout de ce que lui avait dit le médecin. J'ouvrais finalement la porte, lentement, et entrais.
- Leo?
Pas de réponse. Il ne devait pas être encore rentré. Je décidais de faire le tour de l'appartement, au cas où il ne m'aurait pas entendu. Rien dans la chambre, ni dans la cuisine, ni dans la salle de bain. J'arrivais dans le salon et m'installais sur le canapé pour l'attendre. Ce ne fut qu'au bout de quelques minutes que je vis la lettre qui trônait sur la table basse. Cela me rappela, l'espace de quelques secondes, le jour ou Leo avait disjoncté. Je chassais les images de ma tête et prenais la lettre.
" Sacha, mon ange,
Ne m'en veut pas, je dois partir pour te garder en sécurité tant que je ne peux pas me contrôler totalement. Le docteur m'a donné un traitement, mais il dit qu'il peut y avoir des effets secondaires. J'ai trop peur des conséquences que cela pourrait avoir sur toi, et je ne veux surtout pas que l'incident de la dernière fois ne se reproduise. Mais je reviendrais bientôt c'est promis, dès que je le pourrais.
Je t'aime, Leo."
Je lâchais le bout de papier qui, en un instant venait, pour la deuxième fois en peu de temps, de bousculer ma vie. Je sortais mon téléphone de ma poche et tentais de l'appeler, mais il ne répondait pas. Je me laissais tomber sur le canapé, effondrée. Comment pouvait il croire que j'irais mieux sans lui? Mon cœur se déchirait un peu plus au fur et à mesure que je me rendais compte de la situation. Je n'avais aucun moyen de le joindre, et je ne savais pas non plus où le trouver. Je ne pouvais rien faire sinon l'attendre. Ce sentiment d'impuissance, mêlé à la colère et a l'anéantissement était insoutenable. Comment avait il pu penser que je n'étais pas en mesure d'affronter cela avec lui ?
Je remarquais alors que, lorsque j'avais fait le tour de l'appartement, il ne manquait rien. Toutes ses affaires étaient là. Il serait donc obligé de repasser chez lui avant de s'en aller, je n'avais plus qu'à attendre.

bipolar loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant