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Lorsque j'arrivais chez Leo ce samedi là, jamais je n'aurais pu imaginer ce qui allait se passer.

Je montais chez lui comme à mon habitude, frappais, puis entrais en annonçant que c'était moi. Mais quand j'entrais dans le salon, tout était sans dessus dessous. Seule la bibliothèque avait été épargnée. Mon regard fut tout d'abord attiré par le DVD de Black Swann qui gisait par terre. Puis, j'aperçus une lettre qui traînait sur la table basse. Je me penchais et prenais la lettre. Je la fixais quelques instants. J'avais tellement peur de savoir ce qu'elle contenait que mes doigts en tremblaient. Et pour cause, j'avais reconnu, en haut de la feuille, le cachet d'un docteur. 

Je dépliais lentement ce bout de papier, qui, à lui seul, allait changer ma vie. Je portais mes yeux sur l'encre noir, et restais sans voix. A ce moment là, je compris tout. Ironie du sort, son film préféré reflétait, en quelques sortes, sa maladie. 

Je l'appelais, mais il n'y avait aucun bruit dans l'appartement. Peut être qu'il était sortit après tout. Mais la porte d'entrée était ouverte à mon arrivée, il était forcément là. 

- Leo, j'ai compris, je sais tout.

J'entendis alors un bruit sourd provenant de la chambre et je le vis, quelques secondes plus tard, entrer dans le salon comme une furie. J'arrivais à peine à le reconnaître, il était dans un état que je ne lui avait jamais vu avant. 

- Non tu ne sais rien ! hurla-t-il.

- Si je sais, j'ai lu la lettre, je sais pour ta bipo..

- Non tu ne sais rien ! Rien du tout ! 

Il criait de plus en plus fort, et je pense que cette "provocation", si je puis dire, était de trop. Il me poussa violemment et je tombais sur la table basse. Mon bras saignait, j'avais dû m'ouvrir en tombant. Les larmes me montaient aux yeux. J'avais peur, autant pour lui que pour moi, la douleur était de plus en plus présente, et je ne savais pas quoi faire.

Leo, quant à lui, était resté figé depuis que j'avais heurté le sol. Il fixait mon bras. Son visage n'exprimait pas une émotion, mais plusieurs qui se battaient pour prendre le contrôle. La colère, qui, je le voyais, était en train de s'estomper. La douleur. La tristesse. Le regret. Et peu à peu, je vis l'amour reprendre forme dans ses yeux. 

- Sacha je..

- Leo, c'est pas ta faute. Je comprend maintenant, ce n'était qu'un accident. Je peux t'aider. 

- Non, personne ne peut m'aider.

- Mais.. 

- Regarde toi, ton bras. Tu crois vraiment que je veux que ça recommence ? Si t'essaye de m'aider ça se reproduira et c'est tout ce que je veux éviter. Je devrais sortir de ta vie avant de tout foirer..

- Leo, si j'avais voulu, j'aurais pu partir, et ne plus jamais te revoir. Mais je suis pas partie, et je partirais pas, parce que je t'aime. Et même si je dois être blessée à nouveau, je t'aiderais. 

Il me fixait. Ses yeux étaient imbibés de larmes, mais il les retenait. Il s'approcha de moi, passa un de ses bras sous mes jambes et l'autre dans mon dos. Il m'embrassa sur le front et me souleva délicatement. 

- Je t'emmène à l'hopital, il faut soigner ton bras mon amour. 

bipolar loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant