J'étais désormais seule avec Léo dans mon appartement. Simon avait laissé la porte ouverte en partant, et il régnait un silence glaçant dans toute la pièce. On aurait dit que le temps s'était arrêté. J'étais pétrifiée, ne sachant quoi faire. De nombreux sentiments se bousculaient en moi, et je ne savais pas lequel était le plus approprié à la situation. Je voulais me lever, et partir rejoindre Simon pour lui expliquer.. A vrai dire je n'avais aucune idée de ce que je pouvais lui dire, mais il fallait que j'aille le retrouver. Je tenais vraiment à lui et je n'avais aucune envie qu'il pense que ce n'était pas le cas.
Mais d'un autre côté, il y avait Léo. Léo qui m'avait abandonnée, qui avait refait sa vie, puis qui était revenu comme une furie dans la mienne lorsqu'il avait appris que moi aussi j'avais refait ma vie. Cet abruti au sourire ravageur avait chamboulé ma vie depuis que j'avais fait sa connaissance. J'étais tellement énervée contre lui, j'aurais voulu lui jeter tout ce qui se trouvait à ma portée dans la figure. Mais le revoir me soulageait aussi, en quelque sortes. Savoir qu'il allait bien, enfin, plus ou moins compte tenu de son comportement, son état n'avait pas dû beaucoup s'améliorer. Et surtout, savoir qu'il tenait assez à moi pour revenir, même si les conditions donnait à son retour un goût amer. Serait-il revenu si il n'avait pas su que j'avais quelqu'un d'autre ?
Je me levais enfin du canapé, ne sachant toujours pas quoi faire. Léo me fixait depuis que Simon était parti, épiant la moindre réaction de ma part. Il me regarda me lever sans rien dire, voulu s'approcher mais se ravisa. Il baissa les yeux, puis me regarda encore avant d'ouvrir la bouche.
- Je.. Sacha je suis désolé..
Et il avait l'air sincèrement désolé. J'étais complètement paumée, ne sachant même pas quoi faire. Le regarder ? Partir ? Lui répondre ? J'étais si énervée contre lui. Et si triste que Simon soit parti.
- Léo, je ne crois pas que ce soit le bon moment pour parler. Je dois aller rattraper Simon, et essayer d'arranger les choses avec lui.
- Sacha je..
- Non, stop. Ne commence pas s'il te plait. On parlera plus tard, pas maintenant.
Léo semblait perdu également. La tristesse se glissait peu à peu dans son regard, et cela me fit quelque chose.
- Ecoute, Léo, je tiens énormément à lui tu sais. Et je t'aime toujours, je pense que tu le sais aussi, mais pour l'instant, avec tout ce qui s'est passé je pense qu'on devrait attendre un peu, laisser le temps calmer les choses. Je ne dit pas que je ne veux plus te voir, mais juste prendre mes distances le temps que Simon se calme. Et aussi le temps que j'arrive à réaliser tout ce qui se passe.
- Si tout ce dont tu as besoin c'est du temps, ça me va. Je t'attendrais Sacha, je t'aime moi aussi, tellement plus que tu l'imagines.. Mais promet moi..
- Ne me parle pas de promesse, Léo.
- Dis moi juste qu'on se verra pour parler, que j'ai une chance de m'expliquer.
- Oui. Je t'appellerais.
- Je t'attendrais. Tu sais où j'habite.
- Oui.
Mon ton était plus froid que je ne l'aurais voulu, mais je ne voulais pas craquer et lui retomber dans les bras comme une idiote. Et puis, je ne voulais pas qu'il arrive à me faire douter ne serais-ce qu'une seconde sur ce que je comptais faire.
- J'aimerais que tu partes maintenant Léo, je dois aller rejoindre Simon.
- D'accord.. Appelle moi, j'aimerais vraiment pouvoir m'expliquer.
Il était maintenant sur le pas de ma porte, je lui fis un signe de tête et fermais la porte à clef. Je me retournais, m'appuyais sur la porte et me laissais glisser jusqu'au sol. J'attendrais un peu avant d'aller chez Simon, le temps qu'il se calme, je ne voulais pas avoir à affronter une autre crise pour l'instant.
Je me levais, allais me faire un thé, puis une fois prêt, j'allais m'enrouler dans un plaid et me blottir dans mon lit. Je fixais ma tasse tout en réfléchissant à tout ce qui venait de se passer. Je ne savais pas quoi penser de l'état de Léo. Certes, il était arrivé comme une tornade chez moi, sans prévenir, et son comportement avait tout des symptômes dont j'avais déjà été témoin, mais il avait réussi à se calmer relativement vite une fois Simon parti. Plus je réfléchissais, plus je commençais à me sentir coupable pour Léo.
Si on y réfléchissait bien, il n'avait découvert sa maladie qu'après m'avoir rencontré. Et, de ce que je savais, sur les deux crises qu'il avait eu en ma présence, l'une des deux était entièrement ma faute, même s'il n'était pas totalement innocent dans tout ça. Il n'aurait pas du partir, ni me laisser sans aucune nouvelle, ni aller voir ailleurs. Mais je n'aurais pas du lui balancer ma relation avec Simon au téléphone comme je l'avais fait. Si j'avais juste raccroché, sans rien lui répondre, peut être qu'il ne se serait pas mis dans cet état.
Je devais arrêter de penser à Léo, et aller voir Simon pour arranger les choses. Je finissais mon thé, enfilais un manteau et des chaussures et filais chez Simon. Sur le chemin, je me demandais ce que j'allais bien pouvoir lui dire. Avant tout, j'allais m'excuser pour ce que Léo lui avait fait. Mais je ne savais pas quoi lui dire sur le fait que Léo m'ait embrassée. Je ne savais même pas ce que j'en pensait, alors comment le lui expliquer à lui ? Et surtout sans lui faire de mal ? Je m'imaginais toute une conversation dans ma tête, ou il me disait que ce n'était pas grave, qu'il comprenait, et qu'on avait qu'à faire comme si rien ne s'était passé. Mais, il fallait que je sois réaliste, je savais que cette conversation serait beaucoup moins sympathique.
J'arrivais enfin devant chez lui. Je montais les escaliers, décidée à lui expliquer ce qui s'était passé du mieux que je le pourrais. Mais une fois devant sa porte, j'hésitais. J'avais peur de ce qui allait se passer, de ce qu'il allait me dire.
Je pris mon courage à deux mains, et frappais. J'entendis des bruits de pas, puis le bruit de la clef dans la serrure. Lorsque la porte s'ouvrit, j'aperçu son visage, et son regard était si triste, il avait l'air d'avoir pleuré. Mon coeur se serra à cette vision, le savoir dans cet état était vraiment dur. J'ouvris la bouche pour parler, lui dire de me laisser entrer, mais avant que j'ai pu prononcer le moindre mot, il me claqua la porte au nez.
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bipolar love
Romance"2010. L'année où tout a basculé. L'année où je l'ai rencontré, où j'ai entamé ma chute. " Cette histoire est purement fictive, et toutes les descriptions de maladie sont le fruit de mon imagination et ne sont pas forcément (voir absolument pas) v...