Chapitre 2

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Mon année de seconde est terminée et je sens bien que l'envie de pleurer et ce sentiment des larmes qui montent ne s'est pas estompé. Je dis rapidement au revoir à tout le monde et je me mets à courir, je dois rentrer et vite. Je sens une main entourer mon poignet brusquement et me retenir, je ne peux plus bouger. Je me retourne et souffle un bon coup, ce n'est que Mia.

Le souvenir de Gabriel me hante où que j'aille et sa violence est comme restée gravée en moi au fer rouge. Je sais pertinemment que je suis vulnérable, Élias ne me protège plus, malheureusement. Mia me glisse des mots dans l'oreille :

« Regarde où est Adam et surtout avec qui. »

Je n'ai même pas besoin de chercher, je le sais ; avec Élias. Mes yeux le trouvent très vite, comme instantanément, pas besoin de réfléchir. Il me surplombe de toute sa beauté, il est le plus beau garçon que je n'ai jamais vu, une beauté inégalable. Des cheveux bruns, d'un brun puissant toujours parfaitement coiffés, c'est à se demander comment il fait. Des yeux verts où n'importe qui se noie, un style vestimentaire original, et jamais les mêmes tenues, un sourire qui laisse tout le monde bouche-bée : il est éblouissant.

Élias se prend la morale de sa vie, il n'a pourtant pas le sentiment de faire de mal. Cela lui parait normal de pouvoir aimer quelqu'un d'autre après ce que Victoire lui a fait subir, tout le mal qu'elle lui a fait endurer. Adam, son meilleur ami n'est pas de cet avis :

« Élias, ce n'est plus la même fille regarde-la, elle est obnubilée par toi, remarque le.

- Je l'ai remarqué.

- Avoue moi au moins que tu veux lui faire du mal, c'est ce que tu fais, tu y arrives très bien crois-moi.

- Adam, je ne veux pas lui faire de mal, je ne pourrais jamais égaler ce qu'elle a fait, elle. Je veux juste aimé et avoir le sentiment d'être aimé, ce que je n'ai jamais eu avec elle.

- Crois-moi, c'est dur de savoir à l'âge que vous aviez quand vous vous êtes rencontrés, il reprend son souffle et le prend par le bras, Élias, tu la rends folle.

- De qui tu tiens ça ? Je la connais un minimum, si c'était le cas elle ne le dirait à personne.

- C'est voyant, ouvre les yeux et détourne les de Cléa, sur qui j'ai d'ailleurs des doutes.

- Arrête avec ça, laisse moi vivre ma vie avec Cléa qui elle m'aime, ce que Victoire ne faisait pas ! Je suis allé lui parler comme tu me l'a demandé. Elle m'a nargué avec ce Shawn, je le fais avec Cléa. »

Il se retourne et repart, seul, Cléa le rejoindra, il le sait pertinemment. Il frôle Victoire qu'il sent souffrir. Ne rien montrer, il ne faut rien montrer.

Mon souffle s'accélère, je ne vais pas tenir, je me détache de l'emprise de Mia et je repars sans rien dire de plus, je n'ai rien à dire de plus.

Je marche sur le chemin que je prends pour rentrer, ce chemin que j'ai foulé avec Élias, quand je repartais avec lui. Des écouteurs dans les oreilles, seules deux choses peuvent me faire ressentir de vrais sentiments, puissants : la musique et Élias. Je n'arrive pas à le faire disparaitre de mon esprit, et quoi que je fasse me ramène à lui. Je relève la tête, je suis bientôt arrivée. Je garde mes yeux sur le sol, ne pas regarder en face, pas la maison du voisin. Mais je ne peux pas, mon souffle se coupe, je me dois de me retourner, de toute manière je fixerais sa maison avec de la musique dans les oreilles, dans ma chambre par la fenêtre. J'enfonce la clé dans la serrure, juste un petit demi-tour.

Mon cœur se fait poignarder, mon souffle se coupe, ma gorge se noue, mes yeux restent fixés sur la scène comme si je devais encore souffrir pour lui. Sa main à lui, sur sa hanche à elle, ses lèvres à lui, sur ses lèvres à elle, leur corps l'un contre l'autre. Mon cœur rate des battements, je n'arrive plus à respirer : ce dont j'avais peur et ce que j'attendais en même temps se déroule sous mes yeux. Je me retourne, mes jambes me soutiennent à peine. J'ouvre la porte, entre et la referme dans un fracas monstre. Ma grand-mère accourt, je suis haletante, en sueur, le cœur battant trop vite. Ma main qui me faisait tenir debout en tenant la poignée de porte me lâche et je tombe au sol, contre la porte. Mamie se rue sur moi et me tient dans ses bras, je sais pertinemment qu'elle sait, elle a vu.

Je suis dans mon lit, ça fait une heure, mamie est partie voir les voisins, qu'est ce qu'elle va bien pouvoir dire. Une bouillote est plaquée sur mon ventre, mon cœur ne s'est pas desserré, je n'ai pas arrêté de pleurer, je n'ai pas arrêter de souffrir. Cléa a gagné et je savais très bien qu'elle gagnerait : est-ce que je fais le poids face à la bombe qu'est Cléa. Les souvenirs tournent en boucle dans ma tête comme un film qui ne s'arrête jamais. Je prends conscience qu'il ne m'a jamais, au grand jamais fait souffrir autant. J'ai toujours eu un peu de distance avec lui, par peur. Je me redresse, je suis dans le noir le plus complet, je ne peux pas le détester, je ne pourrais jamais. Ce serait moi dans ses bras si je l'avais aimé comme lui l'a fait.

Élias reconnait la voix de femme qu'il y a en bas : c'est la grand-mère de Victoire, Caroline. Il est sur son lit, avec Cléa et bizarrement il meurt d'envie de descendre. Il regarde Cléa droit dans les yeux en voyant qu'elle s'approche de lui.

« Élias, tu sais, pour fêter les vacances on pourrait...

- Je ne pense pas que ça soit une bonne idée Cléa.

- Moi je dis pourquoi pas, nous sommes en âge. »

Elle a raison, mais il n'est plus vraiment là. Elle s'approche un peu plus jusqu'à être assise sur lui. Elle l'embrasse, il faut qu'il sorte d'ici, il le ressent, son cœur lui oblige. Il l'écarte doucement de lui et lui dit rapidement qu'il doit descendre chercher quelque chose. Il sort de sa chambre et respire un grand coup, il ne tiendra jamais la nuit comme ça. Elle le désire plus que tout comme beaucoup de filles au lycée. La seule fille qui s'est assise sur son lit c'est Victoire, et à ses yeux ça restera la seule. Il descend les escaliers et interpelle sa mère :

« Maman, il est hors de question que je passe la nuit avec elle, elle serait capable de me violer durant la nuit.

- N'abuse pas, Cléa est comme sa mère qui est une femme superbe, Élias, sa mère est ma meilleure amie, donc s'il-te-plait, entend toi bien avec elle. Je veux que tu t'entendes avec elle, tu entends ?

- Je sais maman, mais elle ne veut pas être amie avec moi.

- C'est encore mieux. Élias, mon ange, je sais que tu penses à la voisine, j'en suis consciente, ton père aussi, et elle aussi pense à toi aussi, c'est certain. Mais mon bichon...

- Je vais essayer de faire de mon mieux maman. »

Elle lui sourit, elle est fatiguée, il le voit. Il doit le faire pour elle, il lui doit bien ça. Gabriel a comme achevé sa propre mère avec son comportement et Élias ne veut pour rien au monde faire pareil. Il se retourne mais sent un regard violent dans son dos. Il tourne la tête et échange un rapide regard avec Caroline, ça le frappe, elle le déteste. Elle l'aimait plus que tout, qu'est-ce que Victoire a bien plus faire pour qu'elle le haïsse. Il ira parler à Victoire demain, sans le savoir il en a besoin aussi.

L'Autre Monde 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant