Je me réveille, il est là, à ma droite, nous sommes couchés par terre. Je me redresse et me rends compte que je ne sais pas où je me trouve. Je me tourne vers Élias et m'écroule sur lui, il pose ses mains sur moi et tente de me rassurer comme il le peut :
« Où sommes-nous ? chuchotais-je en sachant pertinemment qu'il ne sait pas non plus.
- Je ne sais pas, je n'en ai pas la moindre idée. »
Il se lève et je le suis, il est hors de question que je reste seule dans un endroit qui m'est inconnu. Je me colle à lui et porte inconsciemment ma main à ma poche : rien. Je n'ai plus la gemme. Je m'empresse de tenir Élias au courant.
« C'est de ta faute, je t'avais dit que c'était un piège, c'était certain ! »
Je me mets à pleurer. Je déteste qu'il s'énerve sur moi. Il me prend dans ses bras :
« Excuse-moi, pardon, ça va aller je suis là... »
Nous savons tous les deux qu'il me ment ouvertement, mais je préfère le croire.
Après de longues minutes l'un contre l'autre j'entends une voix lointaine, je décroche ma tête du creux de son épaule, le prends par la main et le tire vers la voix. Comme avec la pierre, cette voix, je sais quelque chose au fond de moi mais que je ne sais pas en surface. Il ne bouge pas d'un poil, il se contente de me suivre, il sait aussi. J'aperçois du bout des yeux une porte entrouverte et j'en suis certaine : la voix sort de derrière cette porte. Je m'arrête prise de peur, c'est une voix de femme. Je sens le corps d'Élias se coller au mien et sans que je ne fasse un geste je l'entends me motiver à avancer.
« Tu peux le faire. », « Je suis là de toute manière. » , « Je te protège Victoire. ».
Ses mots sont si doux que j'en tremble.
Je m'avance lentement vers la porte et la pousse légèrement tout en restant statique. Une femme se tient en face de moi, de dos, les mains tendues vers le ciel, elle parle seule. Je respire un bon coup et m'approche doucement en l'appelant pour attirer son attention.
« Madame ? Mademoiselle ? »
Elle se retourne brusquement et je sens mon cœur rater un battement. Elle attrape d'une bonne poigne un livre qui doit peser un bon kilogramme et elle court vers moi comme pour me frapper. Je tends mes bras devant moi pour protéger ce que je peux. Je sens les mains d'Élias m'attraper la taille et me tirer en arrière à une vitesse fulgurante. Il place sa main sur ma hanche pour me tenir contre lui et l'autre arrête le livre et le tient d'un force inimaginable. Mon corps est collé au sien et je en suis pas insensible à ça. Avec sa douceur traditionnelle il prend la parole :
« Madame, nous sommes perdus et nous ne sommes pas dangereux s'il-vous-plait. »
La femme reste muette, je m'apprête à prendre la parole mais je sens la main d'Élias me serrer un peu plus la hanche et je comprends vite qu'il veut que je me taise.
« Et nous cherchons aussi une pierre... »
Il lit dans mes pensées, impossible d'utiliser un autre terme. Les yeux de la femme s'écarquillent et le livre glisse de ses mains.
« Quelle pierre ?
- Une pierre d'un rouge profond, répond Élias. »
La femme fourre sa main dans sa poche et en sort la pierre, elle s'éloigne de nous et retourne à l'endroit où elle se trouvait à mon arrivée. Je m'apprête à m'avancer vers elle pour récupérer ce qui m'appartient mais Élias me maitrise et pose ses mains sur ma taille pour me maintenir contre lui. Nos lèvres ne sont maintenant plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre.
« Reste ici, tu vas tout gâcher. »
Il fuit mon regard.
« Lâche-moi, je dois la récupérer.
- Je ne te lâcherais pas.
- Est-ce que je te fais penser à Cléa quand tu me tiens comme ça ?
- Victoire, stop. »
Je me mets à lui hurler dessus pour lui fait avouer quelque chose que je sais faux au fond. Il plaque sa main contre ma bouche en me lançant un regard empli de rage :
« Tu vas te taire un moment ? »
Une image de Gabriel apparait dans mon esprit et des larmes se mettent à couler sur mes joues. Élias comprend immédiatement et son visage s'adoucit, il me prend dans ses bras.
« Je suis désolé, mon dieu que je peux être bête. Pardonne-moi, c'est juste que ... »
Il laisse sa phrase en suspens, comme s'il redoutait de la finir. Mais je connais la fin : « tu m'énerves. »
La femme se retourne et lui demande soudain :
« Pourquoi vous voulez la pierre ? Est-ce que vous êtes dignes d'elle ?
- Ma cop...enfin mon amie la trouve magnifique et j'aimerais la récupérer.
- Connaissez-vous le pouvoir que cette pierre détient ?
- Quel pouvoir ? »
Je sens les muscles d'Élias se tendre et je décide de me retourner, la femme parle seule, les yeux devenus blancs...
« Je vois. Un amour indescriptible entre deux êtres fissurés. Une âme impure entre eux. »
Un regard échangé rempli de vérité nous transperce.
« Le retour aux sources est nécessaire. »
La femme revient à son état normal, pose la pierre au sol et s'en va.
Je me détache d'Élias et m'en vais ramasser la pierre et m'asseoir un instant.
« Tu as compris quelque chose ? dit Élias en transperçant le silence de sa voix d'or.
- De qui peut-elle parler ?
- Je ne sais pas. »
Nous savons pertinemment tous les deux de qui elle veut parler. Il s'assoit dos contre moi et nous laissons juste nos respirations s'exprimer en chœur et se mélanger.
VOUS LISEZ
L'Autre Monde 3
AdventureAu sol, en pleine nuit, au milieu de rien, Victoire et Élias vont être attiré inconsciemment par une gemme rouge vive. En la prenant par curiosité ils vont commettre l'irréparable : retourner dans le passé. Vont-t-ils réussir à revenir à leur époque...