J'ouvre les yeux, replace la couverture sur mon corps laissant simplement dépasser mes épaules et je me redresse. Je regarde aux alentours, comme si j'admirais sa chambre pour la première fois, il est vrai qu'elle n'a rien d'une chambre d'un garçon de notre âge. Aucun poster, des murs d'une couleur simple – gris anthracite – mais qui amène une certaine sérénité dans cette pièce. Les meubles sont dans les mêmes tons. Pendant que je passe mes yeux sur chaque parcelle de sa chambre, je sens une de ses mains se poser sur ma hanche et me ramener sur lui.
« Bonjour, commença-t-il, comment tu te sens ?
- Super bien, et toi ?
- Bien, génial même. »
Je réussis à me détacher de ses mains et j'enfile un de ses t-shirts, beaucoup trop grand pour moi, que je sors de son armoire. Je descends calmement et me dirige vers la cuisine. Je sors tout ce qui m'est nécessaire pour le petit-déjeuner et je fouille au fin fond de ma mémoire pour me souvenir de ce que lui mangeait à l'époque où nous étions encore ensemble. D'ailleurs qu'est-ce que nous sommes actuellement ? Je ne m'en soucie pas plus et continue de tout préparer en ignorant dans un premier temps ce que je dois faire pour lui. Je découpe une pomme en quartiers quand je sens pour la seconde fois en deux jours ses mains se poser sur ma taille. Il dépose sa tête sur mon épaule et chuchote dans mon oreille :
« Tu ne veux pas que je t'aide ? Je suis tout de même chez moi, de plus tu es censée être mon invitée.
- Je sais bien mais monsieur doit certainement être épuisé, je tiens à m'occuper de lui.
- Tu abuses, littéralement. Je me sens très bien je t'ai dit.
- Et je t'ai dit que moi aussi, alors va t'asseoir Élias.
- S'il-te-plaît, je me sens mal de te voir tout faire seule.
- Va t'asseoir avant que ce soit moi qui te force à le faire, rétorquai-je d'un ton autoritaire.
- Bien bien madame la directrice, je vais m'asseoir.
- Tu fais des trucs bizarres avec tes directrices, rappelle-moi de les surveiller. »
Je l'entends rire dans mon dos et je ne peux m'empêcher de ricaner. Je ramène l'assiette remplie d'une douzaine de quartiers de pommes et je la dépose sur la table.
« Je peux au moins m'occuper des boissons, Vic' s'il-te-plaît, laisse-moi faire une chose.
- Les boissons sont déjà prêtes. Élias c'est non, laisse-moi faire.
- Je n'ai pas été élevé comme ça, la seule fois où on me prépare à manger c'est quand je suis malade à en crever. »
Je ris et m'assois à mon tour. Je commence à manger en regardant Élias faire la même chose, il relève les yeux et me sourit. Je lui souris à mon tour et repose mes yeux sur mon petit-déjeuner. Le silence règne lorsque qu'Élias prend la parole :
« J'aimerais qu'on parle d'avant.
- Je t'avoue que le passé me travaille beaucoup aussi, surtout que j'ai quelques questions que j'ai très peur de te poser.
- Idem, commence, lança-t-il en s'enfonçant dans son siège.
- Le fameux tuteur dont tu me parlais à la frontière, ne serait-il pas Gabriel ?
- Si, en fait c'était plutôt étrange là-bas, c'était sale de partout et surtout l'agressivité régnait, tu pouvais te faire tabasser de n'importe quel côté, au milieu de la rue sans avoir rien demandé. Quand je suis arrivé à la frontière et que j'ai vu l'autre côté, ton côté, complétement propre, pas une nuance de violence, j'ai été complétement abasourdi.
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L'Autre Monde 3
AdventureAu sol, en pleine nuit, au milieu de rien, Victoire et Élias vont être attiré inconsciemment par une gemme rouge vive. En la prenant par curiosité ils vont commettre l'irréparable : retourner dans le passé. Vont-t-ils réussir à revenir à leur époque...