caparnaüm

ils sont eux

j'aime les gens joyeux,
qui dansent dans la rue
sans se soucier de ces yeux
vides, mais pourtant qui tuent.
ceux qui se parent, heureux
de couronnes de fleurs
et les arborent fièrement
comme si c'était des tiares.
ceux qui chantent à tue-tête
pour tout le lycée,
dans les couloirs, aux intercours,
juste parce qu'ils veulent rêver.
ceux qui répondent aux profs
quand ils n'ont pas raison,
rabattre leur caquet
est une honnête mission.
j'aime ceux qui pleurent parfois,
ceux qui découvrent leur âme
comme pour te dire vois,
vois comme mon cœur va mal.
j'aime quand ils sautent partout,
quand ils font les fous, quand
ils jouent de la guitare
entre deux plaques d'égout.
quand ils prônent la tolérance,
la liberté d'être comme tu veux,
et celle de dire à ces loups
que t'en as rien à faire d'eux.
ceux qui lâchent leurs portables
et le lancent dans l'océan,
quand insta leur fait mal
et qu'ils veulent être vivants.
ceux qui s'aiment en public
et puis dans l'eau salée,
qui entre deux baisers
nagent dans une petite crique.
j'aime ceux qui se sentent bien,
chez moi, chez eux,
mettent les pieds sur le canap
et mangent à cinq heures du mat.
quand ils dansent sous la pluie
et tournoient dans la nuit,
respirent l'air vivifiant
c'est qu'ils veulent être vivants.

j'aime ceux qui parlent d'eux
mais écoutent les autres,
ceux qui parlent pas des autres
mais s'écoutent, eux.
ceux qui savent qu'ils sont
maîtres et non esclaves,
maîtres de leur bateau,
reines ou rois du château.

j'aime ceux que les gens
tous ces petits gens gris
qualifient de bizarres
mais qu'est-ce que la bizarrerie ?

ouais, j'aime bien ces gens-là,
je sais pourquoi je les aime.
et je sais pourquoi j'aime pas
ceux qui les aiment pas.

ceux qui se foutent de leur gueule
je leur crache à la gueule

parce qu'ils ont pas compris.

peut-être qu'un jour, ils comprendront

peut-être

qui sait ?