2 + 2 = 3 (2)

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je vois mon corps, il repose dans cette espèce de mezzanine que les araignées aiment trop. ce corps est allongé sur un matelas à même le sol, immobile. je m'approche. alors, j'entends des pas non dissimulés qui proviennent d'en bas de l'escalier. trois filles montent les marches en courant. elles s'esclaffent. je me tourne vers elles alors qu'elles traversent mon corps. alors, je regarde mes mains. elles sont transparentes. j'observe mes bras, mes jambes, mon ventre. je suis nue. et translucide. je me touche le visage, mais je ne sens ni mes doigts, si mes joues. je ne sens rien. je me redresse pour toucher le mur. toujours rien. je me concentre sur ces filles. CLM. elles sont belles. vraiment belles. l'une d'elles pointe un flingue sur le corps allongé alors que les deux autres observent, un léger sourire aux lèvres. c'est mon corps. mais celui-ci est bien en chair, contrairement à celui que moi j'habite. je fais un pas en avant. une déflagration retentit. un petit trou barre le milieu du front. de mon front. je saigne. pourtant, je ne sens rien. je m'approche et touche mon corps. mon cou. et ça, je peux le sentir. il est froid, très froid. son -mon- pouls devient très faible. aucune des filles ne me voit. elles détournent leurs yeux du corps et s'en vont comme s'il ne s'était rien passé, reprenant leurs jacassements. les battements deviennent de plus en plus lents. un moment, je ne les sens même plus. le corps commence à se désagréger. la peau devient sable sous mes doigts. je le parcours de plus belle, essayant de recoller les infimes morceaux par je-ne-sais-quel miracle, mais cela ne fait qu'accélérer le processus. lorsqu'il ne reste que le buste et la tête, un drôle de tiraillement me prend. je me sens partir. mon corps transparent disparaît lui aussi, et avec lui, mes pensées se mélangent et s'estompent.
ma dernière pensée fut pour C.
je ne t'aime plus .

caparnaümOù les histoires vivent. Découvrez maintenant