XXIX - Protecteur - Matteo

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- Papa?

- Mmh?

La voix de son plus jeune fils le ramena au présent.

- Ça va, Papa ?

- Oui, Mauro, ça va. Je... réfléchissais.

- Sans déconner !

- Langage, figlio mio. Je pensais aux frères.

- Aux frè... Ah, eux.

- Oui, ça va bientôt faire deux ans...

- Plutôt un an et demi...

- Ça fera deux ans en février, Mauricio.

- C'est vrai, Papa. Et quel tour ont pris tes pensées ?

- C'est bientôt Noël, et je voulais leur envoyer des cadeaux.

- Pourquoi ? tu ne l'as pas fait, l'an dernier...

- Je sais. Mais après ce qui est arrivé cet été, je... Je pense qu'ils ont besoin d'un peu de douceur, et... Je veux les couvrir de cadeaux, comme un père gâteux...

- Dio Santo ! J'espère que non ! Je ne peux pas considérer Kris comme mon frère, pas après...

- Ah, oui, j'avais presque oublié ta manière créative de le sortir de la chambre de son frère, pour... se reposer. Eh bien... J'imagine qu'il s'est reposé après que tu t'es occupé de lui.

Mauricio, grand, cheveux noirs et yeux gris, tiré à quatre épingles dans un costume trois-pièces qui faisait la renommée de Milan, rougit comme une pucelle. Son père lui fit un sourire ironique et il haussa les épaules, détournant le regard.

- Sofia a aussi été séduite par lui, tu sais.

- J'en suis certain, c'est elle qui choisit tes amants, après tout.

Père et fils se turent là-dessus, réfléchissant au personnage qu'était Sofia. Jeune fille de bonne famille très protégée, élevée en bonne catholique, elle avait surpris tout le monde dans sa famille à elle lorsqu'elle s'était mise à courtiser son plus jeune fils, Mauricio. Ce jeune homme, connu pour sa sexualité ambivalente, avait succombé aux charmes de la ravissante et pétillante brune et l'avait demandée en mariage en moins d'un an.

Elle savait tout de ses penchants et elle avait mis en place quelques règles. Elle était d'accord pour qu'il ait d'autres partenaires, mais ce ne serait que des hommes, qu'elle choisirait et qui devraient être prêts à le partager avec elle.

Après dix ans de mariage et quelques amants, ils étaient toujours très amoureux et avaient donné au patriarche deux petits-enfants, le choix du roi, un garçon, une fille, tous deux aptes à hériter de l'entreprise familiale, la Famiglia.

Elle avait une bonne compréhension de ce que sous-entendait son rôle d'épouse de l'héritier d'un parrain de la mafia et elle avait toujours été le faire-valoir parfait pour Mauricio. Elle avait le don de retourner les journalistes, même les plus farouchement opposés à la Famiglia, et ils lui mangeaient dans la main. Elle était une puissance avec laquelle il fallait compter et chaque jour que Dieu faisait, Matteo était heureux de l'avoir dans sa famille.

Mauricio toussa légèrement, interrompant à nouveau ses pensées.

- Qu'y a-t-il, figlio mio ?

- Que veux-tu leur offrir ?

- Eh bien... comme Kris parle couramment l'italien, je pensais à une belle édition imprimée d'un auteur classique italien, Boccacce, peut-être.

La Compagnie du Lys de Sang - histoires parallèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant