2/ n'en

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Il était là, comme il avait promis. Tenant la main de sa fille, il était là, au bord du lit.



Timidement, elle laissa la main de son père, pour s'approcher du lit sur lequel sa génitrice était. Elle regarda longuement ce visage qui tombait plus pâle chaque jour, habitude qu'elle avait prise de son père. Elle se tourna vers ce dernier, et, ne sachant pas comment réagir, lui demanda de s'approcher. 

« — Maman... Elle va bien ?

— Oui, ne t'inquiètes pas. Non, elle n'allait pas bien.

— Pourquoi elle dors ? Pourquoi elle dors aussi longtemps ?

— Parce qu'elle a fait un très mauvais rêve, qui l'a fait tomber dans un sommeil très profond.

— Comme Blanche-neige ?»

Il hocha de la tête, affichant un petit sourire qu'il n'aurait pas voulu montrer. Mentir à sa fille, ce n'était ce qu'Izuku voulait. Pourtant, il devait le faire, pour la protéger de ce qu'il risquait d'arriver, il devait le faire.

Sa main faible qui pendait fut rattraper par la plus jeune qui, malgré l'inquiétude qui habillait ses sourcils fins, souriait légèrement. Elle, elle l'avait, l'espoir. Oui, elle avait l'espoir qu'un jour, sa mère se réveillerait toute joyeuse, qu'elle pourrait partir avec elle se promener dans un parc pas loin. Qu'elle lui achèterait une glace qu'elles mangeraient ensemble toutes les deux. Alors oui, elle, elle avait espoir.

Mais lui, lui qu'avait-il ? Qu'avait-il maintenant, là, tout de suite ? Qu'avait-il qui fasse battre son coeur d'espérance, qu'avait-il qui ne fasse pas disparaître son sourire ? C'était simple, il n'avait rien. Rien.

Rien ne pouvait l'aider, et pas même sa fille. Pourquoi ? Parce qu'il sentait lui-même que sa femme allait bientôt s'en aller.






Demain, il partirait travailler. Demain, il ne sera pas là pour lui demander de s'étirer gracieusement. Demain, il n'aurait pas le temps de lui raconter comment sa fille s'était fait des amis. Demain, il ne remercierait pas Tohru, l'infirmière qui était chargée de s'occuper d'elle. Demain, il n'aura pas le temps. Tout simplement parce qu'il serait trop fatigué pour se déplacer. Parce qu'il aurait oublié, jusqu'à qu'il soit entrain de diner seulement avec sa fille, qu'Ochako n'était plus avec eux.

Comment pouvait-il oublier son épouse ? Et bien c'était simple, la tristesse l'avait grignoter tel un insecte. Il ne pensait plus aux héros qui faisaient de plus en plus de pas vers la lumière, il ne pensait plus à ses amis qui souhaitaient se voir souvent pour discuter, il ne pensait plus à sa fille qu'il devrait aller chercher, il ne pensait plus à sa mère à qui il devrait des nouvelles, il ne pensait plus à sa compagne qui pourrait se réveiller. Non, il ne pensait plus à cela.

Lorsqu'il faisait les milles pas pour rentrer chez lui, c'était au vent qui soufflait, et au temps qu'il faisait qu'il pensait. 

À la manière si captivante qu'avait le vent à faire bouger ses habits, balancer ses cheveux ainsi que les feuilles abandonnées par les arbres proches. À la pluie qui mouillait le sol déjà refroidit par la température de l'automne, qui faisait sobrement sortir les parapluies des sacs des passants, qui faisait rapprocher les couples sous un abri de bus, qui donnait la vie aux branches séchées et à la peau déshydratée de la terre.

MOURIR POUR REVIVRE | ɪᴢᴜᴏᴄʜᴀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant