Chapitre 2

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[Shinso Hitoshi]

Une canette de Coca-Cola écrasée se trouve dans le couloir vide. Je la ramasse et me dirige vers les poubelles. Je passe devant la classe vide 1-A. Je m'autorise un coup d'œil; sur une des tables près de la fenêtre se trouvent des fleurs et quelques cartes. Les cartes sont adressées à Bakugo. C'est un peu morbide. Je ressors avec un autre bout de plastique dans les bras.

Ça fait quelque temps que Bakugo est à l'infirmerie. Aucun élève ne peut lui rendre visite, il est placé dans une salle à part, beaucoup d'intervenants y entrent et en sortent. Tout le monde en parle, il y a des rumeurs, mais rien de plus que d'habitude.

En soi, de ce qu'il se passe pour Bakugo, ça m'importe peu. Ce qui m'intrigue c'est la réaction de la classe A-1, surtout celle de Midoriya. Il est comme absent. Il n'a plus l'air d'être lui-même. Ses camarades ont plus l'air inquiet pour lui que pour Bakugo, ils lui parlent, ils l'entourent comme une flopée de mouches, pourtant il n'y réagit pas plus que ça. Il a l'air fatigué. Mais ce n'est pas mes affaires, je ne devrais pas fouiner.

Pourtant je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Je repense souvent à notre combat au tournoi. Quand j'ai l'impression que je ne vais pas réussir, que j'ai envie de laisser tomber, j'y repense et ça me donne la motivation nécessaire pour continuer.

J'ai l'impression de lui devoir quelque chose. C'est agaçant. Avec un peu de chance, ça passera.

La matinée s'écoule rapidement, les cours passent vite. Il fait beau aujourd'hui. Le gazon est couvert de pâquerettes, et les murs sont bordés de tulipes rondes et colorées.

On me demande si je veux manger avec la classe. Ils me regardent avec des yeux attentifs. Depuis le tournoi, mon cercle d'amis s'est agrandi; je ne suis plus une menace, on me fait confiance. C'est agréable, mais parfois j'ai besoin de pauses. Être seul permet de souffler et de récupérer mon énergie. Qui aurait cru qu'avoir des amis pouvait être énergivore.

- Non, ça ira merci.

Je vais aller prendre l'air sur le toit. Voir la ville de si haut a un côté assez satisfaisant. On pourrait presque toucher le ciel, on se sent si grand.

Ils affichent une mine déçue, mais ils ont l'habitude. Ils apprennent à me connaître. J'ai des amis. C'est difficile de se retenir de sourire.

On se sépare dans le couloir, ils vont au self et moi aux escaliers. Tous les élèves vont à contresens. C'est comme si je nage contre le courant, mais ça ne demande aucun effort. C'est paisible.
Plus je monte, plus les escaliers sont étroits et moins entretenus. Tout en haut je vois une porte en fer avec une écriture illisible en rouge. Les marches grincent. J'ouvre doucement la porte, elle est lourde, je dois utiliser mon épaule pour passer.

Midoriya pleure sur le bord d'un mur.

Il n'y a personne autour. Il ne fait aucun bruit, deux larmes coulent doucement sur son visage. Il me regarde surpris, soupire, regarde devant lui, utilise sa manche pour s'essayer le nez et me dit :

- Désolé. J'avais juste besoin d'être un peu seul.

Il commence à se lever et à regarder le ciel.

- Je ne vais pas t'embêter plus longtemps. Je te laisse la place.

Il me donne un sourire fatigué sans me regarder dans les yeux. Il se frotte les yeux et regarde à nouveau le ciel.
Je m'approche de lui, et fais de même. On est tous les deux à contempler les nuages laineux.

- Il fait beau.

- C'est vrai.

On continue sans rien dire. Je commence à avoir mal au cou. Je le regarde de plus près, il a de très grosses cernes. Comment peut-on devenir aussi fatigué en moins d'une semaine ?

- Qu'est ce que tu fais là ?

- Je suis venu prendre l'air. Des professeurs sont venus poser des questions sur Katchan, et je sais pas, ça m'a épuisé. J'avais l'impression d'étouffer. Mais là ça va mieux.

- Hm. Ça n'a toujours pas l'air d'aller fort.

- Pas faux.

- Tu veux en parler ?

- Je...oui, je veux bien merci. Pas longtemps, je dois rejoindre les autres, ils vont s'inquiéter, et puis je n'ai pas envie de te... Enfin bref.

On s'assoit tous les deux sur le bord du mur. On regarde la ville s'étendre à des dizaines de kilomètres devant nous.

- Tu le sais déjà, Katchan est à l'infirmerie en ce moment. On ne sait pas ce qu'il a, et on n'a pas plus de réponses. Je suis le dernier à l'avoir vu, donc on me pose un grand nombre de questions. Aujourd'hui, des professeurs m'ont sorti de cours pour m'en poser. J'étais d'accord au début, puis petit à petit les questions m'ont mis mal à l'aise. C'était très...orienté. J'avais l'impression de les avoir déjà entendus quelque part. Elles étaient très personnelles. Et, à un moment, ça a tiqué.

Il est resté quelque temps sans rien dire.

- Ils m'ont demandé si Katchan avait des tendances suicidaires. 

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Merci d'avoir lu ce deuxième chapitre !
On se retrouve au prochain chapitre lundi prochain !

Un coup de main [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant