Un coup de main [KatsuDeku]

Chapitre 3

[Shinso Hitoshi]

- Je pense que c'est de ma faute.

Un grand silence s'installe entre nous. Je ne sais pas quoi répondre. Je m'installe dans le silence et le regarde attentivement. Une petite partie de moi souhaite qu'on n'aille pas plus loin, j'ai une mauvaise intuition. Je décide de l'ignorer, après tout c'est l'occasion de me rapprocher de lui, et peut-être devenir ami. Il me regarde en retour, il a des yeux verts éclatant malgré sa fatigue, la lumière du soleil les rend encore plus scintillants. Cette situation paraît irréelle.

- J'étais là quand ça s'est passé. Quand les toilettes ont explosé. Je savais que c'était lui, et qu'il pleurait. Je n'ai rien fait. La dernière chose qu'il a dite c'est "désolé Deku". Il a peut-être deviné que c'était moi de l'autre côté de la cabine. Ou s'il le disait juste à lui-même. Je ne sais pas.

- Pourquoi Bakugo s'excuserait ?

Il ne regarde plus vers la ville, il s'est retourné vers moi, et s'est mis en tailleur sur le mur. On fixe ensemble ses chaussures rouge vif.

- En primaire et au collège, il m'a harcelé. C'était un harcèlement particulièrement sévère, il est allé jusqu'à m'inciter au suicide.

Ça commence à être beaucoup d'informations. Je savais que Bakugo était colérique, mais là ça va beaucoup plus loin. Il ne devrait pas être dans ce lycée. Donc moi je ne peux pas être un héros parce que j'ai l'air d'un vilain, mais on accepte les connards ? Yuei a pâle allure.

- Mais ne t'inquiètes pas, ça va bien maintenant. Je ne lui en veux pas.

- Sûr ?

Il ne répond pas et joue avec la ficelle de sa chaussure droite.

- Ça n'explique toujours pas pourquoi ça serait de ta faute.

- Tu as raison... Je n'arrive pas à réfléchir, tout se mélange et rien de clair n'en ressort. Et puis il y a quelque chose d'autre qui me pèse.

- Je t'écoute.

- Je suis attiré par les hommes.

Je prends une grande inspiration. Ma tête commence à chauffer, j'essaie de penser à où je pourrais trouver un paracétamol. C'est comme lire un journal intime; je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable. Je ne me sens pas du tout légitime à recevoir autant d'informations. Je regarde autour de moi en espérant trouver quelqu'un d'autre pour prendre mon tour.
Peut-être que c'est le prix à payer pour être ami avec quelqu'un comme Izuku. Je ne sais pas.

Je lui retourne un sourire qui se veut bienveillant. Il se passe la main dans le cou. Il a un petit rire sans chaleur.

- Ça fait un moment maintenant. Depuis que je suis tout petit en fait. Je crois que j'arrive à le mettre en mots que maintenant. Et je ne sais pas comment le dire à mon entourage. Ils sont tous gentils, mais ça me fait peur quand même. Et ce n'est certainement pas le moment pour dire une chose pareille. Enfin bref.

Il a fait trois nœuds avec sa ficelle. Il rougit. Il tire dessus nerveusement pour les défaire. Sa respiration est un peu forte. Il ouvre et ferme la bouche à plusieurs reprises.

- Tu n'es pas obligé de tout me dire. On a chacun son jardin secret. Merci de m'avoir fait confiance pour tout...ce que tu viens de me partager. Est-ce que je peux faire quelque chose ?

Il secoue légèrement la tête. Ses cheveux verts tombent sur son front.

- On peut s'échanger nos numéros de téléphone. Qu'est-ce que tu en dis ?

- Ah ! Euh... oui ! Avec plaisir !

Il note attentivement mon numéro dans son portable. Il marmonne dans sa barbe, je ne le comprends pas, mais c'est rassurant de retrouver le Midoriya que je connais. Connaître est peut-être un grand mot, à part échanger quelques regards, on n'a pas discuté depuis le tournoi. Notre rapprochement est peut-être un peu trop rapide, mais ça a l'air d'aller mieux. Ce n'est pas quelque chose que j'aurais fait habituellement. Midorya est vraiment quelqu'un de particulier.

- C'est fait ! Je vais devoir y aller, on m'attend sûrement. Merci, ça m'a fait beaucoup de bien Hitoshi.

- Pas de problème. Je suis là pour toi si besoin.

Il rougit, puis sourit et me souffle un petit merci avant de descendre les escaliers rapidement. Je me demande ce qu'il a derrière la tête et si je ne vais pas regretter d'avoir dit ça.

Il me reste encore cinq minutes. Au final, cette virée n'était pas aussi reposante qu'espérée.
Le soleil tape fort, mes mains sont rouges, et mon cou est douloureux. J'étire mes jambes. Le vent frais caresse la peau, c'est vraiment plaisant. Je vais avoir du mal à retourner en cours.

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Merci d'avoir lu ce troisième chapitre !

On se retrouve pour le prochain jeudi !