Chapitre 3 : angoisse

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Son mauvais pressentiment n'avait pas diminué, il était en fait de pire en pire. Carlos avait commencé à être hypervigilant deux jours après l'arrestation de Dylan lorsqu'il avait appris que celui-ci avait été libéré sous caution avec le seul impératif de se présenter tous les jours à son suivi psychiatrique. Ses collègues chargés de l'enquête lui avaient assuré que Dylan n'avait jamais parlé de TK ou d'une quelconque envie de se lancer à sa recherche, mais ça ne l'avait pas tranquillisé. Il s'était cependant gardé de parler de ses craintes à son amant, ne voulant pas l'inquiéter sans réel motif. Cependant, trois jours après la libération de Dylan, Carlos était certain de l'avoir aperçu dans le bar où ils avaient pris un verre avec l'équipe du 126, puis le lendemain au restaurant où TK et lui étaient allés manger. Il était aussi sûr de l'avoir vu la veille au petit marché où ils aimaient faire leurs courses lorsqu'ils étaient tous les deux de repos.

A présent Carlos allait déposer TK à la caserne pour sa garde de vingt-quatre heures et il était persuadé de l'avoir aperçu sur le parking juste avant de se garer. Certain au fond de lui que quelque chose allait arriver, il retint son petit-ami avant qu'il ne sorte de la voiture.

"Eh, je vais être en... TK s'interrompit en interceptant le regard terrifié du policier. Babe, qu'est-ce qu'il y a ?

- Je...Dylan a été relâché, j'ai l'impression de l'avoir aperçu à plusieurs reprises depuis... Je... je sens que quelque chose de terrible va arriver et j'ai peur qu'il ne s'en prenne à toi. J'ai fait des recherches sur lui, il battait certainement Liam et l'a probablement tué dans un excès de colère... Je t'en supplie, fais attention à toi.

Il avait eu peur que TK le prenne pour un fou lorsqu'il lui confierait ses doutes, c'était entre autre pour cela qu'il avait tant attendu, mais ce ne fut pas le cas. TK prit son amant dans ses bras et le serra fort contre lui. Le secouriste prenait très au sérieux les mots du policier. L'instinct de Carlos lui avait déjà sauvé la vie une fois. Alors si son instinct lui disait qu'ils devaient se préparer à ce que Dylan vienne après lui, il le croyait. Il n'avait pas besoin d'avoir de preuves ou d'avoir vu le blond de ses propres yeux, les craintes et l'angoisse qu'il lisait au fond des yeux du latino étaient suffisants pour lui.

Ils restèrent ainsi quelques secondes avant qu'il ne s'écarte et ne chasse du pouce quelques larmes qui s'étaient échappées des yeux de Carlos.

- Je ferai attention, je te le promets.

Il l'embrassa tendrement, lui montrant qu'il prenait en considération ses craintes.

- Je t'aime.

- T'aime aussi, envoie-moi des messages s'il te plaît.

- Promis."

Carlos regarda son homme sortir de la voiture et se diriger vers la caserne en essayant de ne pas paniquer... Il avait beau prendre de grandes inspirations, ses yeux n'arrêtaient pas de fouiller le parking à la recherche de Dylan. Finalement, il vit la voiture de Judd se garer et Carlos décida d'aller lui parler. Le pompier prit ses craintes très à cœur et lui promit de garder un œil sur TK autant que possible et de le prévenir si quoique ce soit de suspect arrivait.

Le policier le remercia et partit pour le poste de police, ayant toujours la boule au ventre. La journée fut difficile pour lui, lente et angoissante. TK avait beau lui envoyer des messages régulièrement pour lui dire qu'ils venaient de terminer une intervention ou que tout était calme et qu'ils étaient à la caserne, il ne parvenait pas à se calmer. Pire, son angoisse continuait d'augmenter, mais ce ne fut rien comparé à quand il rentra chez lui et qu'il se retrouva seul sur son canapé à fixer la télévision sans vraiment la voir. Il vérifiait son téléphone toutes les cinq secondes, ayant besoin d'un nouveau message à peine le dernier arrivé. Il avait envoyé quelques messages à Judd qui lui avait confirmé ne pas avoir aperçu Dylan de la journée. La caserne était à présent fermée et il ne pourrait pas y pénétrer sans réveiller tout le 126, à moins que les pompiers ne la rouvrent pour partir en intervention.

N'y tenant plus, il décida d'appeler TK lorsque celui-ci lui dit qu'ils allaient se coucher, faute d'appel à la caserne.

"Eh Babe, tout va bien ? demanda le secouriste inquiet de cet appel inhabituel.

- Je... c'était bête, je n'aurais pas dû appeler...

- Babe, il n'y a rien de bête dans le fait de vouloir te rassurer, OK ? Je vais bien, la caserne est fermée et si je sors je ne serai pas seul. Ça va aller.

- Ouais... désolé, je ne comprends pas pourquoi je stresse autant.

- T'excuse pas. Je t'enverrai un message si jamais on est appelé et demain matin en me levant. Et si je n'ai pas une urgence qui me retient à la fin de ma garde je te vois demain matin avant que tu partes bosser.

- Ça marche. Fais attention, je t'aime Tiger.

- Je t'aime aussi. Essaie de dormir."

Carlos raccrocha à regrets. Voir TK, même via l'écran de son téléphone portable, l'avait rassuré, avait chassé l'angoisse nichée au creux de son ventre, mais celle-ci revint avec force comme un boomerang dès que la communication fut coupée. Il monta se coucher, au bord de la panique, tout son esprit tourné vers TK. Sa routine du soir détourna son attention de son stress quelques instants, mais lorsqu'il se glissa sous les draps, il était au bord de la crise d'angoisse. Son cerveau se mit à imaginer les pires horreurs que cet homme pourrait faire à TK s'il mettait la main sur lui, l'amenant à plusieurs reprises à se réveiller en pleurs ou en criant. Il ne dormait pas vraiment, il somnolait ou cauchemardait, regardant le réveil toutes les trente minutes, une heure, priant pour que la nuit passe le plus rapidement possible. A chaque fois qu'il se réveillait, tremblant, en sueur et paniqué, il vérifiait son téléphone et envoyait un message à TK. Celui-ci lui répondait presque immédiatement à chaque fois, expliquant qu'ils venaient de terminer une intervention et qu'il allait bien. La panique de Carlos se calmait alors suffisamment pour qu'il retombe dans un pseudo sommeil. Cependant, lorsque TK ne répondait pas parce qu'il dormait ou qu'il était au milieu d'une intervention, Carlos se mettait à réellement paniquer, imaginant que son dernier cauchemar s'était réalisé.

Lorsque Carlos se réveilla vers cinq heures du matin, il se demanda ce qui l'avait tiré du sommeil. Pour la première fois de la nuit, ce n'était pas un cauchemar. Il vérifia son téléphone et découvrit qu'un message de son amant venait d'arriver. C'était peut-être ce qui l'avait réveillé. Il ouvrit le message avec un sourire. TK venait de terminer une intervention et allait essayer de dormir un peu. Le policier lui répondit rapidement, l'esprit toujours embrumé, reposa son téléphone et se rendormit... avant de sursauter et de se débattre avec toutes ses forces, mais un tissu, certainement imbibé de chloroforme était appuyé sur son visage. Il avait beau tenter de ne pas respirer tout en essayant de se libérer, le produit faisait effet doucement mais sûrement. La panique refit surface alors qu'il réalisait qu'il ne parvenait pas à se défaire de la prise de son agresseur. L'anesthésiant pénétra dans son corps, ses membres se firent lourds, difficiles à bouger et finalement le noir l'engloutit.


Tu m'as trompéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant