15. Retranchements

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- Cassie... il se positionne en face de moi, et me regarde tendrement.

- Laisse-moi tranquille Anthony, je lui réponds, en fuyant son regard.

- Certainement pas. Viens là, il ouvre ses bras qu'il encercle autour de moi, et pour une fois je me laisse aller contre lui, parce que même si Anthony est un con, il m'a manquée.

- Tu n'as aucun droit d'être jaloux, pas quand tu t'es comporté comme un con ces deux derniers mois, je murmure, les larmes aux yeux.

- Je déteste voir d'autres hommes te draguer, je n'y peux rien. Je suis désolé d'être un con, il embrasse mes cheveux et pose sa tête sur la mienne, sa main droite fait des allers retours dans mon dos.

Je ferme les yeux et profite de cet instant, parce que je ne sais pas quand il pourra se reproduire, ni même s'il y aura une prochaine fois. 

- Pourquoi tu ne m'as pas appelée ? je lui demande, en me redressant pour le regarder droit dans les yeux.

Il baisse les yeux et soupire, mon cœur s'accélère, j'ai peur de sa réponse. 

- J'ai pris peur.

Il relève la tête vers moi.

- Quand tu m'as dit que tu avais quitté Valentin, j'ai pris peur. J'ai pris conscience que nous deux, ce n'était pas juste passager, que tu es prête à sacrifier beaucoup de choses pour moi, alors que je ne sais même pas si je pourrais en faire de même.

Ses mots me brisent totalement le cœur et la situation est totalement absurde. Il m'explique la raison de son absence, en plein milieu d'un rayon de nourriture pour chats, et moi, je suis en larmes, collée à un paquet de croquettes Félix. Le plus ironique dans tout ça, c'est qu'Anthony déteste les chats. Ça n'a aucun sens.

- Mais ces deux mois loin de toi m'ont permis de comprendre que c'était juste impossible de vivre sans toi. En fait, je l'ai compris au bout d'une semaine, quand tu as cessé de m'appeler et de m'envoyer des messages. Je savais que tu étais en colère, je voulais te laisser du temps avant de revenir, ça fait deux semaines que j'essaye de m'arranger pour te voir, mais à chaque fois tu déjoues mes plans.

- T'es vraiment un blaireau de première classe Anthony, je le repousse pour prendre mes distances.

- Je sais, et j'en suis désolé.

– Être désolé n'est pas suffisant ! Qu'est-ce que j'étais censée faire pendant ces deux mois ? T'attendre comme une gentille fille ? Parce que, c'est ce que tu as l'air de dire ! A en croire tes paroles, tu peux me faire du mal autant que tu veux, et revenir tout sourire sans que je ne dise rien !

– Je n'ai pas dit ça Cassie, tu vois, tu recommences à me faire dire des choses que je ne dis pas !

– Non mais espèce de connard, va te faire foutre ! je lui hurle à la figure en le poussant une nouvelle fois, avant de prendre la fuite.

Je sors du magasin en furie, je ne parviens pas à retenir les larmes de rage, Anthony a le don de me pousser à bout de nerfs, et je déteste ça. Je le déteste tout court. J'allais prendre le chemin pour rentrer chez moi, mais je me souviens que j'ai laissée mon sac de cours dans la voiture d'Anthony, et j'ai envie de hurler. Je me dirige donc vers sa voiture, et j'attends, appuyée contre la portière passagère, que cet abruti daigne à se pointer. Quelques minutes plus tard, je le vois arriver avec un sac de course. 

– Je savais que tu serais là, tu ne peux pas lâcher ton sac, il a ce petit sourire en coin qui me donne envie de le claquer.

Je ne réponds rien, ayant en tête de simplement récupérer mon sac, et de prendre le prochain bus à la sortie de la zone commercial. Anthony déverrouille la voiture, j'ouvre rapidement la portière, attrape mon sac, la referme, et je m'en vais en direction de la sortie de la zone commercial. Anthony m'appelle, mais je continue à marcher et, sans me retourner, je brandis mon doigt d'honneur en sa direction. 

– Cassie Marie Lang, remonte dans cette voiture espèce d'insolente !

– Va te faire foutre Anthony !

Je traverse le parking ainsi qu'un bout de la zone commercial, avant d'atteindre l'arrêt de bus. Je m'assois sur le banc et attends que le prochain bus arrive. Mais évidemment, Anthony étant têtu, sa voiture se gare en warning devant moi, il descend la fenêtre côté passager et se penche pour me parler. 

– Cassie, ne fais pas l'enfant et monte dans cette voiture, s'il te plaît.

– C'est ce que je suis à tes yeux, une enfant. Va t'en Anthony.

– Si tu étais une enfant à mes yeux, je ne t'aurais pas fait l'amour il y a deux mois.

Je lui lance un regard noir, alors que des flashs de cette nuit-là traversent ma mémoire. 

– Monte dans la voiture.

– Non.

– Cassie.

– Non.

– D'accord.

Il détache sa ceinture et sort de la voiture pour se diriger vers moi. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il m'attrape, et me met sur son épaule. Je me débats, mais Anthony est beaucoup plus fort que moi, il ouvre la portière et m'installe coté passager avant de m'enfermer dans la voiture. Il fait le tour, déverrouille, monte et reverrouille rapidement le véhicule. 

– T'es un psychopathe.

– N'abuse pas non plus. Joe Goldberg est un psychopathe, moi je suis juste très têtu.

– Ramène-moi chez moi.

– C'est raclette ce soir, je sais que tu ne peux pas résister à une raclette.

– J'ai des trucs à faire.

– Oui, venir manger à la maison.

Je prends une grande inspiration et ferme les yeux, afin de ne pas exploser. Anthony pose sa main sur ma cuisse, et la presse doucement.

– Je sais que tu es colère, mais laisse-moi me rattraper.

– En m'invitant à dîner en compagnie de ta femme ? Ma parole, tu es le roi des imbéciles !

– Faux. Il n'y a que toi et moi ce soir. Jenny et mon fils sont chez mes beaux-parents.

Je me pince les lèvres, Anthony parvient encore une fois à avoir le dernier mot. Il sait comment me pousser dans mes retranchements, et je ne saurais dire si je déteste ça ou pas.

Des maux et des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant