2.

77.6K 2K 4.1K
                                    

GIULIA

Mon père a ouvert la marche dans sa demeure dont il aime tant se vanter. Les hauteurs sous plafond sont étouffantes tant elles sont élevées. Le froid qui règne dans l'atmosphère, n'est qu'autre que son vécu. 

Derrière lui, suivie d'Antonio, je me mets à fixer les armes aux murs. Je n'ai jamais eu d'autres choix que de les tester une à une, depuis mon plus jeune âge. 

FLASHBACK

« Postée derrière une barrière de sécurité, un casque sur la tête et des lunettes sur le nez, je vise la cible en face. Tremblante. 

-  N'oublie pas ma fille. Le ventre, la tête, le cœur. 

L'arme est lourde entre mes mains. J'aimerais tant le dire à mon père, mais il m'effraie plus que quiconque. Il est la source de toutes mes larmes.

Mes lèvres pincées entre elles, je jette un bref coup d'œil sur sa personne imposante. En costume, les mains dans les poches, ses yeux me scrutent d'impatience. 

Puis je me concentre sur ma cible. Une larme coule discrètement sur ma peau chaude. 

L'homme en face a les yeux livides. Attaché contre un poteau, il semble mort. Mais pas encore. Je vais devoir le tuer, pour m'entraîner.

Papa m'a expliqué qu'il l'a été un vilain garçon et qu'il ne méritait que ça. Ses yeux noirs me quémandent ma pitié. Sa peau est tâchée de bleus et de rougeurs. 

-  Lance-toi. 

Tout autour de nous des gardes nous protègent et semblent se divertir en même temps. Je ne vois aucun plaisir à admirer une jeune fille trouée la peau d'un homme... de ses yeux innocents

Car mon père sera toujours le condamnable

Difficilement, j'avale ma salive, pliant mon œil gauche. Le ventre, la tête, le cœur. La force, l'esprit et l'amour. 

-  Pardon, je chuchote d'un souffle inaudible. Pardon... 

Une première balle se rive droit dans son ventre. Son corps se projette un peu plus fort contre la surface en fer, les yeux écartés suivirent d'un hurlement déchirant. Le cri grave résonne dans la petite cave sombre, dans mes tympans, dans mes tripes.

-  Continue ! Ordonne mon père d''un ton sévère.

Les yeux papillonnants, embués de larmes, je tire une puis deux fois. À bout de souffle, je relâche l'arme, reculant petit à petit sans quitter ma victime. Je ne cesse de frotter ma poitrine. 

Son corps se balance en avant, sa tête tombante. Du sang traverse son visage blême. 

Mon menton tremble. Je puise de toutes mes forces pour ne pas m'effondrer contre le sol alors que tout le monde me félicite. Mon père le premier. 

-  Soit toi, soit eux, me répète-t-il une tape dans le dos. Tu deviendras la jeune femme la plus puissante du pays, Giulia.

Merci pour ce cadeau, papa. Je ne pouvais pas rêver mieux pour mes dix ans. »

Devant la porte de son bureau, je sens de lourds regards pesés sur moi. Je reviens dans l'instant présent, bousculée par ce soudain souvenir. C'est cet effet négatif de cet endroit. Une vague de mes traumatismes remonte à la surface. 

Toutefois, nombre de fois où papa m'a inculqué que les traumatismes nous façonnent et nous endurcissent. Si nous avons affronté le pire, alors nous n'avons plus rien à craindre. C'est sa philosophie, mon éducation.

Mafia Segreta (première partie réécriture : 01/11) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant