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PARTIE I : Stan

GIULIA
Florence, Italie

Les deux mains sur le volant, mon pied appuie avec excitation sur l'accélérateur de ma Ferrari F8 Spider.

Les montagnes d'Italie défilent à vive allure, tandis que j'approche la longue et fine cigarette entre mes lèvres, les cheveux dans le vent.

Un foulard noir en soie entoure délicatement mon cou.

— Lei è pericolosa, signorina Pavarotti. (Vous êtes dangereuse, mademoiselle Pavarotti.)

Je lance un regard en biais à mon assistant, Enzo. C'est d'un rictus moqueur, que j'assène :

— Che senso ha vivere senza affrontare il pericolo? (À quoi bon vivre sans se confronter au danger ?)

Il rigole doucement, les doigts ancrés dans la carrosserie, sans aucun doute crispé par la vitesse.

— Vous avez raison, madame, répond-il d'un français maladroit.

Mon instinct me prend aux tripes. Naturellement, mes yeux dissimulés derrière mes lunettes de Soleil divaguent sur mon rétroviseur intérieur.

Enzo détecte mon silence comme un problème. Discrètement, il glisse son arme hors de sa ceinture, en attente d'un signe de ma part.

Une voiture noire nous suit et les plaques ne sont pas italiennes. Elles sont fausses. Et seuls des étrangers ne verraient que du feu.

— Solleva il mio vestito. (Relève ma robe)

C'est froid, sans appréhension que je lui ordonne. Quand j'exige, il exécute. Tout est calculé.

Et s'il n'obéit pas. Le pire est à venir.

Il hésite un court instant. Puis sa raison le ramène au temps qui défile dangereusement.

D'un coup furtif, le tissu se relève et c'est en quelques secondes que je récupère mon Glock dissimulé dans une jarretière en dentelle.

— Quando mi giro, Enzo... prende il controllo del volante. (Quand je me tournerais, Enzo... prend le contrôle du volant. )

Je jette mon mégot, concentrée sur ma cible. Il est impossible de reconnaître un visage derrière la vitre. Alors le plus simple, c'est de tuer.

Délicatement, je détache le foulard de ma peau.

— È sicuro di questa manovra? È un grosso rischio. (Êtes-vous sûre de cette manœuvre ? C'est un grand risque.)

— Ne doute jamais d'une femme.

Et c'est en un court instant, que je me relève légèrement, puis lâche le tissu en soi qui vient se loger avec brutalité contre le pare-brise. Le véhicule zigzague.

Le bras tendu, un œil qui se ferme, mon doigt sur la détente, je sens une balle puis une deuxième suivre mes pensées. Ma main, soumise par la force de l'arme, ne cède pas.

Merci papa.

Une première éclate la vitre avant. Puis une autre semble se loger en plein thorax d'un homme.

Le conducteur n'a plus de contrôle. Son passager n'a pas eu le temps de riposter. La vitesse et les roues les emportent... dans le vide.

Mon rire résonne lorsque je reprends les commandes. Qu'est-ce qu'il est bon de vaincre.

- Je tiens votre père au courant. Il est inquiétant que des voitures étrangères se baladent vers chez lui.

L'évocation de mon père a le don de faire ressortir mes jointures. Bien que je tente de le dissimuler, aujourd'hui n'est pas une partie de plaisir. Aller voir mon père n'a rien de réconfortant.

Mafia Segreta (première partie réécriture : 01/11) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant