Il semble étrange que lord Bridgerton et miss Devereux n'aient été vus ensemble récemment...
LA CHRONIQUE MONDAINE DE LADY WHISTLEDOWN, 14 MAI 1813
Après avoir passé deux jours à éviter soigneusement tous membres de la famille Bridgerton, Margaret se décida enfin à aller rendre visite à Daphne. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'il s'était passé l'autre soir. Benedict était-il juste trop ivre ? Avait-il tenté d'aller plus loin avec elle avant de se raviser ? Une seule chose était sûre pour la jeune femme, personne ne devait jamais apprendre ce qu'il s'était passé. Si jamais cela venait à s'ébruiter, lady Whistledown aurait bien plus à écrire sur elle que ce qu'elle avait raconté sur Nigel Berbrook dans sa dernière chronique.
En apprenant ce qu'il s'était passé au parc, Margaret s'attendait à ce que Daphne soit obligée d'épouser cet idiot de Nigel. Mais ce dernier avait quitté la ville, ayant vu révéler au grand jour son histoire avec une servante. Ce n'était pas plus mal, songea Margaret, Daphne méritait bien mieux que lui. Comme ce duc de Hastings qui la courtisait depuis plusieurs jours... ou pourquoi pas ce prince dont on annonçait le venue prochaine à Londres.
- Vous n'avez que ce sujet de conversation à la bouche ? demanda Eloise en baissant le journal qu'elle lisait.
Margaret et Daphne tournèrent la tête vers le canapé en face d'elles, où se trouvait la jeune Bridgerton.
- Et de quoi veux-tu que nous parlions ? l'interrogea sa sœur.
- Je ne sais pas, d'art peut-être puisque Mag adore ça... Mag ?
Eloise remarqua que son amie serrait ses jupons entre ses mains. Évoquer l'art lui rappelait inexorablement Benedict et son baiser. Elle s'en voulait tellement d'être allée à cette soirée, elle avait pourtant donné sa parole à Louis. Peut-être qu'elle n'avait reçu que ce qu'elle méritait pour avoir trahi la confiance de son frère...
- Je devrais rentrer, dit Margaret en se levant un peu trop brusquement. Il se peut que des prétendants m'attendent.
Daphne ne sembla pas voir son trouble et la laissa prendre congé. En revanche, Eloise avait bien remarqué et s'empressa de suivre son amie pour l'accompagner jusqu'à la porte.
Au rez-de-chaussée, dans un bureau attenant au hall, les trois aînés Bridgerton étaient en grande discussion. Anthony regardait Benedict d'un air incrédule, tandis que Colin s'agitait :
- Tu devrais épouser cette fille. Si quelqu'un venait à apprendre que tu l'as embrassée, cela serait très déshonorant pour elle.
- Mais qui était-ce ? demanda Anthony.
- Personne, s'empressa de répondre Benedict.
Il n'avait aucune envie d'évoquer ce moment mais ils insistaient pour connaître la raison de son tracas. Il avait dit avoir embrassé une jeune femme de la société mondaine sans entrer dans les détails.
- Je n'aurais jamais dû en parler.
Il se dirigea vers la porte qu'il ouvrit rapidement afin de s'éloigner de ses deux frères qui lui emboitèrent immédiatement le pas.
- Mag, attends !
De son côté, Eloise venait de descendre les escaliers et rattrapa son amie afin de savoir ce qui n'allait pas. Mais les deux filles tombèrent nez à nez avec les trois hommes. Benedict se figea en voyant Margaret, qu'il avait soigneusement évitée depuis l'autre soir. Miss Devereux fit un pas en arrière en le regardant, écrasant au passage les pieds d'Eloise. Celle-ci se plaignit de sa douleur et ne vit pas que les deux autres Bridgerton s'étaient tournés vers Benedict. Ils avaient compris qui était la fille du baiser...
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La raison et les sentiments | BRIDGERTON
Fanfiction1813. Une nouvelle saison mondaine commence à Londres et les aventures de ces jeunes femmes à marier garnissent les chroniques de lady Whistledown. Chez les Devereux, puissante famille anglaise, c'est Margaret qui fait son entrée dans le monde. Et s...