11

2.6K 151 17
                                    

Votre dévouée chroniqueuse était prête à annoncer les fiançailles de Benedict Bridgerton et miss Devereux. Oui, leurs regards ne permettent aucun doute sur la nature de leurs sentiments. Pourtant c'est Colin Bridgerton, le troisième enfant de la famille, qui vient tout juste de se fiancer à miss Marina Thompson.

LA CHRONIQUE MONDAINE DE LADY WHISTLEDOWN, 21 MAI 1813


Benedict resta courtois avec son frère et n'afficha à aucun moment son embarras quant à la situation. Il n'était pas ravi de devoir attendre plus longtemps mais il ne pouvait pas le montrer. Il continuait donc à rester souriant et acceptait les soirées qu'on lui proposait. Boire quelques vers en compagnie de ses amis artistes allaient lui permettre de décompresser un peu. Il avait l'impression de voir Margaret partout, même dans cette soirée... à moins que...

- Mag ?

La jeune femme se retourna, elle portait un masque mais Benedict l'avait reconnue.

- Chuuuuut, dit-elle en mettant un doigt sur la bouche.

Elle avait beaucoup bu, Benedict s'en rendit compte immédiatement.

- Combien de verres avez-vous pris ? demanda-t-il.

- Quelques-uns et vous ?

Elle ne tenait pas très bien debout et Benedict passa son bras autour de sa taille pour l'aider. Il devait la ramener chez elle avant qu'elle ne s'attire des ennuis mais son état ne facilitait pas les choses. Le trajet se déroula, fort heureusement, sans encombre, mais Benedict savait que ce n'était pas le plus difficile. Il fallait à présent la ramener dans sa chambre sans croiser quelqu'un mais Margaret n'était pas très silencieuse.

Benedict était mal à l'aise à l'idée d'entrer dans l'intimité de la jeune femme mais il n'avait pas le choix. Il ne voulait pas demander de l'aide à un domestique, de peur de mettre Margaret dans l'embarras. Après une escapade assez périlleuse dans les couloirs, ils entrèrent enfin dans une pièce spacieuse confortablement meublée.

- Eh bien, nous voilà dans ma chambre, déclara-t-elle.

Benedict marmonna dans sa barbe en la déposant dans son lit. Mais Margaret se glissa en dehors pour se diriger derrière un paravent situé dans un angle de la chambre. Benedict la suivit des yeux, distrait, avant de comprendre.

- Margaret ? l'appela-t-il d'une voix étranglée. Voulez-vous vous changer ?

Il la vit passer la tête sur le côté.

- Oui.

Elle lui sourit, d'un air un peu trop triomphant pour son goût. Sortant de derrière le paravent, fort heureusement toujours vêtue, elle s'assit au pied du lit.

- Je ne me permettrais pas de... rester plus longtemps, reprit-il. J'ai trop de respect pour vous !

- Ah oui ? dit-elle. Vraiment ?

Il crut que son cœur allait s'arrêter de battre. Elle était déçue.

- Non, répliqua-t-il fermement.

Elle tendit son visage vers lui.

- Pourquoi pas ?

Benedict la dévisagea un long moment puis, sans la quitter des yeux, s'assit à son côté sur le lit. Ses grandes prunelles sombres étaient fixées sur lui brillantes de tendresse, de curiosité, et d'un soupçon d'hésitation. Elle se mordit la lèvre. Il ne fallait sans doute y voir qu'un signe de nervosité, mais le corps déjà tendu à l'extrême de Benedict réagit aussitôt. Elle lui adressa un sourire timide, puis détourna le regard.

La raison et les sentiments | BRIDGERTONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant