Votre dévouée chroniqueuse s'est laissé dire qu'un duel avait eu lieu voici quelques jours dans Regent's Park. Une telle pratique étant illégale, nous ne révélerons pas les noms des protagonistes, mais disons-le tout net : nous réprouvons fermement un tel déploiement de violence.
LA CHRONIQUE MONDAINE DE LADY WHISTLEDOWN, 19 MAI 1813
- Il n'y aura pas de duel, annonça Daphne. Lord Hastings m'épouse.
- Très bien.
Une sensation curieuse envahit les poumons de Margaret. Une effrayante brûlure la parcourait. Une vague d'émotion où s'entrechoquaient la tristesse et l'effroi. Elle savait bien ce que cette décision impliquait. Son regard croisa celui de Benedict, il l'avait compris aussi. Mais, à pas lents, elle se dirigea vers sa monture. Elle n'avait plus de raison de rester ici, l'affaire était close.
Durant la journée, les Devereux passèrent féliciter la jeune fiancée sans savoir que Louis et Margaret avaient eu un rôle dans cette affaire.
- Il faut que je vous parle, murmura-t-elle d'une voix tendue à Benedict.
- Moi aussi.
Après un bref regard pour vérifier que tout le monde était concentré sur Daphne, il l'invita dans le couloir.
- Nous sommes dans un sacré pétrin, déclara Margaret.
- Je sais. Daphne affirme que miss Cowper les a vus dans le jardin, cela signifie que quelqu'un a pu nous surprendre...
- Ah ? demanda-t-elle, soudain livide.
D'un coup de menton, elle fit signe que oui. Margaret sentit sa gorge se nouer.
- D'ailleurs, Lady Danbury me regardait d'un drôle d'air, lorsque je suis rentré.
- Lady Danbury aussi nous aurait aperçus ? s'enquit Margaret, un peu brusquement.
- Je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est que...
Benedict frissonna.
- C'est qu'elle m'observait comme si elle connaissait mes pires secrets.
Margaret haussa les épaules.
- Elle regarde tout le monde de cette façon. Si elle a réellement été témoin de quelque chose, elle restera muette.
- Lady Danbury ? demanda Benedict, incrédule.
- C'est un dragon, et elle peut se montrer assez cassante, mais elle n'est pas le genre de personne à ruiner une réputation par simple plaisir. Si elle sait quelque chose, c'est à moi qu'elle en parlera.
Benedict ne semblait guère convaincu. Margaret enfouit son visage entre ses mains. Elle essuya ses yeux humides et chercha le regard de Benedict. Les bras croisés sur la poitrine, il se tenait bien planté sur ses deux jambes en une attitude résolue, et ses iris, qui brillaient d'habitude d'un joyeux éclat, étaient durs.
- Nous ne pouvons pas nous marier pour le moment, dit-il. Même si je vous demandais en mariage maintenant, celui de ma sœur passerait en priorité. Et je n'ai pas envie d'éveiller de soupçons nous concernant. Il n'y a plus qu'à espérer que personne ne nous ait vus...
Margaret avait envie de le toucher, de caresser sa joue, de l'embrasser mais elle ne pouvait pas. Combien de mois allaient-ils devoir attendre ? Benedict allait-il réellement la demander en mariage après les noces de Daphne ? Elle l'aimait mais ressentait-il vraiment la même chose ?
- Benedict ? Margaret ?
La jeune femme leva les yeux vers la matriarche Bridgerton qui venait de sortir du salon. Elle couva Margaret d'un regard inquiet.
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La raison et les sentiments | BRIDGERTON
Fiksi Penggemar1813. Une nouvelle saison mondaine commence à Londres et les aventures de ces jeunes femmes à marier garnissent les chroniques de lady Whistledown. Chez les Devereux, puissante famille anglaise, c'est Margaret qui fait son entrée dans le monde. Et s...