Chapitre 3

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Drago était sceptique. Il pensait à ce qui s'était passé plutôt dans la soirée.

Tout en faisant sa ronde de patrouille de préfet, il analysait la réaction qu'il avait eut. Il essayait de l'analyser, du moins...

À la seconde où Potter s'était retourné pour devisager l'équipe dans laquelle Drago jouait, le blond avait curieusement réagit. Le plaisir qu'avait éprouvé l'attrapeur des serpentards à  se moquer des rouges et or s'était...  atténué. Un peu comme quand l'on verse de l'eau sur du feu.

Ces yeux verts lui avait presque donnés honte de son comportement. Et de lui même. Mais... non. Un Malefoy n'avait jamais honte.

Malgré tout, un léger malaise restait.

Pensons à autre chose! s'ordona-t-il.

Donc, tout en se baladant dans les couloirs sombres du château, il réfléchit à comment échapper à la mission qui lui avait été imposé.

Tout serait tellement différent sans ce qu'on lui avait obligé de faire. Obligé sous peine de faire du mal à ses parents. Et Drago ne voulait pas, en aucun cas, que l'on touche à sa mère. Ne serait-ce qu'un cheveux. Quant à son père... Eh bien, c'était un humain sans aucun coeur que Drago n'avait jamais été capable d'aimer.

C'est vrai que c'est plutôt difficile d'éprouver de la sympathie pour quelqu'un qui nous traite comme un rien. Quelqu'un qui nous bat lorsqu'on fait une erreur. C'était vraiment ardu. Et Drago avait toutes les raisons de son côté pour ne pas avoir été à la hauteur d'apprécier son père.

Même s'il faisait chaud dans Poudlard, le jeune Malefoy frissonna. Il n'aimait pas appeler Lucius Malefoy "son père", ça lui faisait honte.

Oui, Drago savait bien que "les Malefoy n'ont jamais honte", mais c'était la seule chose dont il s'était accordé le droit d'avoir honte dans toute sa vie : le fait que Lucius Malefoy soit son père.

Pour que cela soit clair, Drago Malefoy ne se comportait pas comme lui avait montré ses parents (plutôt Lucius) pour les rendre fiers. Ça non.

C'était parce que sa mère lui avait demander d'agir comme tel. Pour la sécurité de son fils qu'elle aime tant et pour celle de ses deux géniteurs.

Et Drago comprenait cela. C'est vrai que s'il agissait comme bon lui semblait en laissant tomber les rudes manières, ses parents et lui-même en paieraient le coup. Et, naturellement, ce serait le Seigneur des Ténèbres qui se chargerait de leurs donner leur punition.

Parce que ce monstre aimait ça.

Et, oui, Drago trouvait que Lord Voldemort était un monstre. Il était très souvent reconnaissant à son parrain de lui avoir apprit l'occlumancie. Si le Seigneur des Ténèbres venait à voir cela dans son esprit, il le torturerait, ou pire, torturerait sa mère.

Drago continuait, tous les jours sans exceptions, d'essayer de trouver un échappatoire à sa tâche indésirable, mais en vain.

Trouvant ses pensées un peu trop déprimantes, Drago revint au présent... Il devait bientôt finir sa patrouille (dans une demi-heure environ). Donc, il décida d'aller faire un rapide tour aux étages supérieurs avant de retourner dans les sous-sols.

Le jeune serpentard aimait cela, être un préfet. Il avait l'impression de pour une fois faire quelque chose de bien, et sans que personne ne le regarde de travers. De plus, ça le détendait d'aller se dégourdir les jambes seul dans le château...

Tandis qu'il s'apprêtait à redescendre vers les étages inférieurs, ce fut précisément à cet instant que Drago vit ce qu'il aurait pu, sur le moment, qualifier d'apparition irréaliste et envoûtante. Il se figea et fixa la toile qu'il avait devant lui.

Là, à peine à quelque mètres de Drago Malefoy, sur le rebord d'une des fenêtres du couloir du septième étage, se trouvait Harry Potter.

Il avait le dos appuyé sur un côté du cadre de fenêtre en pierre, une jambe pliée et l'autre allongée devant lui. Sa tête reposait un peu vers l'arrière, accoté au mur. Ses paupières étaient closes, et l'on remarquait facilement qu'il somnolait.

Comme hypnotisé par ce qu'il voyait, Drago n'avait pas bougé depuis au moins quelques minutes.

Mais soudainement (il fallait bien qu'il y ait une fin à tout), il reprit ses esprits. Il avait ses devoirs de préfet à accomplir.

Il s'avança d'un pas lent, plutôt hésitant, et approcha de Potter. Il se racla doucement la gorge, espérant que cela le réveillerait, mais il ne bougea point.

Drago lâcha un soupir et murmura :

- Potter!

Ça ne changea rien, alors, à voix basse, Drago essaya une technique plus radicale.

- Potter, réveilles-toi sinon je te jette un sort!

Toujours rien. La respiration du brun à lunette était encore lente et profonde. Donc, le préfet en conclu qu'il devrait y aller de façon encore plus radicale. Il leva sa baguette en se demandant quel sort il pourrait bien jeter à Potter.

Il s'apprêta à le formuler lorsqu'il changea subitement d'avis. Non, il ne pouvait pas faire cela. Encore moins sur quelqu'un qui dort, sans défenses... Ce serait tellement lâche.

Visiblement, il ne restait qu'une option à Drago. Il fallait qu'il secoue l'autre pour le réveiller. Il fallait qu'il le touche.

Le blond hésita. Puis, se sentant un peu idiot de rester planter là à ne rien faire, il se lança.

Il plaça une main sur l'épaule de Potter la plus proche, c'est-à-dire la droite. Il secoua.

Ça ne prit pas très longtemps avant que le gryffondor ouvre des yeux fatigués et désorientés. Il redressa ses lunettes d'une main légère.

Il souleva la tête et regarda en direction de Drago. Dès qu'il aperçu qui était celui qui l'avait trouvé en pleine sortie nocturne, il émit un petit bruit de surprise.

Drago rougit et retira vivement sa main.

Cela le prit au dépourvu... Il était habitué à toujours savoir contrôler pleinement ses réactions.

Le serpentards détourna le regard pour poser ses yeux partout sauf sur l'autre garçon.

Dorénavant, Drago n'avait plus tant envie de donner une retenue à Potter. En fait, tout ce dont il avait réellement envie était de retourner à sa salle commune le plus rapidement que possible et de fuir. Fuir, parce qu'il se sentait plutôt désemparé. Et pour Drago, être désemparé n'arrivait presque jamais.

Ainsi, il remit son masque de terrible indifférence et toisa le gryffondor du regard. Harry l'observait, une expression indéchiffrable sur le visage.

"Dépêche toi de retourner à ta salle commune. Sinon, tu peux être certain d'obtenir de sérieuses retenues" fut tout ce que Drago arriva à dire. Il tourna les talons et partit d'un pas rapide, laissant l'autre derrière lui, encore assis sur le rebord de la fenêtre.

Il n'y a qu'un pas entre la haine et l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant