Chapitre 8

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— Encore vous ? dit l'homme d'une voix tonitruante.

Gabrielle vit qu'elle venait de foncer pour la deuxième fois de la soirée dans le même homme. Elle soupira d'agacement et tenta de se relever. Malheureusement, sa robe était trop lourde et trop large pour lui permettre de se relever facilement. A contre cœur, elle accepta la main que l'homme lui tendait et il l'aida à se relever.

— Excusez-moi de vous avoir heurté, c'est complètement de ma faute. Je cherche une amie, il faut que je la retrouve vite !

Gabrielle leva la main pour lui dire au revoir et voulut repartir à la recherche de Charlotte, mais une douleur lancinante la prit brusquement dans sa cheville droite. Elle étouffa un petit cri de douleur et l'homme glissa sa main autour de sa taille pour l'empêcher de tomber.

— Vous sentez-vous bien ? lui demanda-t-il, légèrement inquiet.

La jeune femme hocha la tête. Elle s'agrippa au bras du jeune homme et lui demanda de la mener jusqu'à un fauteuil.

— Vous savez, il existe de meilleures manières d'attirer mon attention que de faire semblant de vous tordre la cheville.

Gabrielle, agacée par le comportement impoli de l'homme, releva un peu sa jupe pour dévoiler une cheville enflée, sur laquelle un bleu commençait tout juste à apparaître. Elle grimaça légèrement et foudroya le jeune homme du regard.

— Je ne sais pas qui vous êtes, mais ce qui est sûr c'est que je ne veux plus jamais vous voir de ma vie.

Elle se releva, un air digne plaqué sur son visage, et marcha en boitillant vers la terrasse des jardins du château. L'homme ricana en la regardant s'éloigner.

— Ne croyez pas une seule seconde que je vais vous suivre ! lui cria-t-il depuis son fauteuil.

Gabrielle ne prit pas la peine de se retourner. Elle continua son chemin et sortit des salons. L'air frais de l'hiver frappa son visage. Elle s'appuya sur la balustrade en pierre et posa sa tête entre ses mains. Elle essuya délicatement une larme qui coulait sur sa joue. Elle était infiniment triste. Elle ne supportait plus sa cousine qui multipliait les méchancetés, elle avait perdu Charlotte et ne savait pas comment la contacter, elle avait réussi à se tordre une cheville et avait rencontrer un jeune homme horripilant.

— Pourquoi pleurez-vous ?

Gabrielle, sursauta, surprise. Elle tourna le dos à l'homme qui la regardait avec curiosité.

— Je pensais que vous ne souhaitiez pas me suivre, lança-t-elle froidement.

— Je ne peux pas laisser une femme seule et blessée déambuler dans les jardins, ce serait dangereux pour vous et pour votre réputation.

— Pour ma réputation ? Pourquoi donc ?

— Ne savez-vous pas ce qui se passe la nuit dans les jardins ?

Gabrielle secoua la tête, elle ne comprenait pas de quoi parlait le jeune homme.

— Oubliez ce que je vous ai dit alors. Mais souvenez-vous de ne pas vous balader dans les jardins la nuit, vous pourriez être... surprise.

Un long silence s'installa entre les deux jeunes gens. Gabrielle lui tournait toujours le dos. Elle ne souhaitait pas lui parler, elle n'avait plus la patience de supporter les critiques de qui que ce soit. Elle contempla les jardins qui s'étendaient sous ses yeux. L'eau du Grand Canal brillait sous la lueur argentée de la lune et les arbres les plus proches étaient éclairés par des torches tenues par des valets.

Gabrielle passa ses mains sur ses bras nus et grelotta légèrement. Un tapis de neige se trouvait sur le sol et un petit nuage de buée se formait au niveau de sa bouche à chaque fois qu'elle expirait.

Encore une valseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant