S08 - EP 01 ◎ part I

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Partie 1/2

Rey aurait aimé qu'il pleuve afin de noyer ses larmes dans les gouttes d'eau qui ruissèleraient sur ses joues et emporteraient sa tristesse dans la terre. Celle-là même dans laquelle descendait le cercueil de son père. Mais il ne pleuvait pas. Et il ne pleurait pas. Dissimulés par ses lunettes sombres, ses yeux avaient tari.

Il avait pleuré en faisant ses bagages dans la villa-bungalow de la station balnéaire, qui voyait ses vacances écourtées par le décès de son père. Enfin, Rudy s'en était chargé. Son petit ami s'était chargé de la plupart des démarches, aidé de son garde du corps et du partenaire de ce dernier. Il avait pleuré dans l'avion dépêché par Dean pour les récupérer à l'aéroport de Victoria sur l'île de Mahé. Il avait pleuré quand il pensait que ses camarades de vol ne le regardaient pas. Il avait pleuré dans les bras de sa mère, qui l'accueillait à l'aéroport Mance Flewing le lendemain soir.

Le temps semblait figé et il détestait que la machine à voyager dans le passé n'ait pas été inventée. Il aurait dû se trouver à Saunes pour les derniers instants de son père. Il aurait dû se tenir près de sa mère au moment des adieux de Marshall. Mais, une fois de plus, il avait été un fils indigne comme l'avait craint son père. Jusqu'à la toute fin, il l'avait déçu.

Rey avait pleuré devant la dépouille paternelle, au moment de la mise en bière.

Il n'avait pas pleuré durant la levée de corps ni pendant la cérémonie à la chapelle. Il ne pleurait plus. Enfin, ses yeux ne pleuraient plus. Son cœur en revanche... Rey n'était pas certain que son cœur cesserait de pleurer, un jour.

Les gens qui avaient perdu un proche disaient que le temps émoussait la douleur. Rey ne voulait pas que le temps s'en mêle. Ce satané temps qui avait fait défaut à son père n'avait pas intérêt à ébrécher la lame de sa tristesse. C'était tout ce qui le rattachait désormais à son dada.

Les larmes coulèrent. Ah, elles ne s'étaient donc pas taries.

Les condoléances ? Rey ne les entendait pas vraiment. Il se souvenait vaguement de celles de Bianca, qui se désolait de se trouver en déplacement sur un autre continent. Il en avait reçu une pelletée de la part de connaissances, de parfaits étrangers, de vagues accointances, de relations professionnelles et des membres de sa famille – bien plus du côté maternel que paternel. Comme lui, ses parents étaient enfants uniques. Alors les petits-cousins, grands et arrières-cousins, il les voyait peu, presque jamais. Il ne les avait pas croisés dans les couloirs de la clinique ou dans la chambre de Marshall. Sa mère lui disait de temps en temps qu'un tel était passé ou qu'une telle avait apporté des fleurs. Rey avait été trop occupé à gérer le business de papa pour s'y attarder.

Comme leurs visages, les condoléances se brouillaient dans un recoin de son esprit, qui n'avait pas repris du service. Pas encore. Pourtant, il faudrait bien. Ne serait-ce que chez le notaire, après l'enterrement. Rey ne voulait pas réfléchir. On avait attendu de lui un discours à la chapelle. Son cerveau n'avait pas coopéré.

Il avait entendu dire beaucoup de bien et de choses douces au sujet de Marshall Sebastian Lee-Cooper. Ces gens-là ne connaissaient pas son dada. Ou alors, une version différente. Doux ? Marshall ne l'était point. Uma avait tenu à le rectifier.

— Mon mari était beaucoup de choses, mais la douceur lui échappait. Il était drôle, à sa manière. C'était un passionné du jeu d'échecs. Fin d'esprit et rustre, un paradoxe. Mais tellement charismatique. Il assumait ses travers. Je crois que c'est ce qui m'a fait tomber amoureuse. Il était têtu. Il ne comprenait pas l'abandon. Et il a refilé ce trait de caractère à notre fils.

— Non, maman. Ça, je le tiens de toi.

La salle avait pouffé. Et Uma avait pleuré. Parce que son fils essayait de lui arracher un rire.

HOT CHILI - saison 8Où les histoires vivent. Découvrez maintenant