Pt de vue de Madda
Une semaine est passée depuis la vision de Bruno. Pas une nuit sans faire le même cauchemar... A chaque fois, je m'approche de Camilo tandis qu'il s'éloigne et alors que je l'ai presque rattrapé, il se retourne et me regarde avec dégoût. Il crie « Ne m'approche pas ! » et toute sa famille, Pito et Mima apparaissent derrière lui. Mirabel répète en pleurant qu'elle me faisait confiance et que j'ai tout gâché, et chaque nuit je me réveille en sursaut, transpirante. Je n'arrive pas à me sortir de la tête la nuit qui a suivie la vision. Mon ventre se serre rien que d'y penser, Camilo s'est inquiété pour moi et j'avais tellement peur qu'il m'abandonne que je l'ai pris dans les bras mais je ne m'attendais pas à ce qu'il me le rende. Je devrais être heureuse mais maintenant que je connais sa réaction lorsqu'il découvrira que je vole, je n'arrive plus à penser à lui sans une pointe d'amertume. Je me surprends encore parfois à espérer qu'on puisse rester amis pour toujours...
Aujourd'hui je dois voir Julio et Mira. J'ai hâte, on a prévu de faire le tour de l'île et de pique-niquer à mi-chemin ! Je dois les rejoindre en début de matinée sur la place du marché. C'est de là que part le chemin qui longe la côte tout autour d'Anafi. Lorsque j'arrive, ils ne sont pas encore là .
Il n'y a personne.
Je m'assois sur un muret pour les attendre et c'est là que je vois entrer sur la place Camilo.
Qu'est-ce qu'il fait là ?
Quand il m'aperçoit, son visage s'illumine et il s'approche alors de moi. J'oublie instantanément mon amertume, saute du muret et cours vers lui. Lorsque nous sommes proches l'un de l'autres, nous ralentissons.
Comme moi, il hésite à s'approcher plus, étant donné que notre dernière rencontre était au beau milieu de la nuit dans ma chambre et que j'étais vraiment vulnérable. Je me rends compte qu'on s'est pas revus depuis. Peu importe, après un léger malaise, je le serre dans mes bras. Il m'enlace et je suis tellement soulagée. Je veux profiter de chaque instant avec lui tant que nous sommes encore proches.
Nous nous reculons et je commence, un peu mal à l'aise :
- Bon à propos de la dernière fois...
- Ouais... tu vas mieux ?
me demande-t-il maladroitement en relevant les yeux.
Je distingue dedans de l'inquiétude.
- Oui, ça va .
Je mens évidemment ; la peur de sa réaction me tiraille le ventre dès que je me retrouve seule, mais que faire d'autre ? Lui dire que non ça ne va pas, que je suis dingue de lui mais que pour une raison qu'il ignore il va me détester ? Lui dire la vérité pour qu'il pose des question ?
Non c'est vraiment pas la peine.
- Je suis désolée de t'avoir inquiété...
- Arrête de t'excuser Madda, c'est moi qui suis venu te voir en pleine nuit. C'est moi qui devrais m'excuser, j'ai agis sans réfléchir, c'était plus fort que moi, je devais savoir si t'allais bien.
Wow, il a enchaîné tout ça si vite...
Il réalise en même temps que moi ce qu'il vient de dire et vire au rouge pivoine.
C'est si drôle de le voir mal à l'aise...
- Ah ouais t'as raison,
je vais songer à faire installer des barreaux à ma fenêtre,
dis-je sur un ton espiègle en faisant mine de réfléchir, pour continuer de l'enfoncer.
Il me bouscule pour que j'arrête de le charrier et nous éclatons de rire. Mirabel et Julio arrivent à ce moment-là.
- Hey, Camilo, qu'est-ce que tu fais là ? demande Julio en s'approchant.
- Je suis venu tôt pour aider Marcello. Il a besoin d'un coup de main pour fixer les guirlandes de fleurs je crois. Je sais pas ce qu'il fait, il est toujours pas là. Et vous ?
A ce moment-là, je réalise qu'à aucun moment nous n'avons proposé à Camilo de venir avec nous alors qu'il a notre âge et que jusqu'à présent nous avions toujours
tout fait tout les quatre .
Un gros malaise s'empare de moi mais je vois que Mira et Julio ne semblent pas plus perturbés.
Celui-ci répond :
- On a prévu de partir faire le tour d'Anafi, pour montrer à Madda. On pique-niquera en chemin !
Le visage de Camilo perd un instant sa lumière.
Il cherche l'approbation dans mon regard mais lorsque ses yeux plongent dans les miens, je détourne légèrement la tête de malaise. Je pourrais mourir de honte tant ma réaction est puérile.
Personne ne réagit de cette façon. Camilo comprend la situation, efface la déception de son visage et reporte son attention sur Julio et Mirabel.
- Ah sympa ! Profitez-en bien alors.
- Maintenant que j'y pense, tu veux venir avec nous ? demande Julio.
- Il peut pas, tia Pepa lui as donné pas mal de travail depuis qu'il est sorti en pleine nuit y a une semaine,
le coupe Mirabel,
c'est pour ça que je t'ai pas proposé de nous accompagner,
termine-t-elle à son cousin.
Camilo la fusille du regard puis discrètement me regarde comme pour analyser ma réaction.
Hein ? Il a été puni pour être venu me voir la dernière fois ? Ca veut dire que d'un côté, s'il ne vient pas aujourd'hui c'est de ma faute...
- Une prochaine fois alors ! lance Julio, On y va ?
Il se met en marche avec Mirabel vers le sentier côtier, laissant Camilo.
Au moment de partir il attrape mon poignet.
- Madda c'est vraiment rien, d'accord ?
- Mais Cam si tu peux pas venir ...
- C'est moi qui suis venu et t'avais rien demandé donc pense pas à moi et profite !
me dit-il avec douceur mais avec une pointe de fermeté.
- Promis, lui dis-je résignée. On se fera une journée ensemble le plus vite possible !
- Evidemment, répond-il d'un air enjoué tandis qu'on s'éloigne l'un de l'autre.
Je cours pour rattraper Julio et Mira. La ballade est incroyable, Anafi est vraiment magnifique ! Nous marchons sur un petit sentier pendant plusieurs heures, en alternant entre l'ombre des pins et le soleil tapant. Nous nous faufilons entre les rocher au milieu des immortelles ou bien nous avançons sous des oliviers et des arbousiers. Au bout de quelques heures, Mira propose de s'arrêter dans une petite crique de galets. L'eau y est turquoise et l'air plus frais. On déballe les arepas et les fruits sur une grande nape blanche préparée par Julieta la mère de Mira. On se baigne avant de manger puis au bout d'une heure on repart. Le début d'après-midi est beaucoup plus fatiguant : on grimpe à la queue leu leu dans un sentier très escarpé sous le soleil sans le moindre arbuste pendant deux heures. Enfin, lorsque le soleil est déjà bien avancé, nous atteignons le sommet des falaises sur lesquelles le sentier continue à plat. La fin d'après-midi est magnifique ; le coucher de soleil face à nous est incroyable ! Quand je rentre à la maison le soir, il fait presque nuit.
- Alors souris, cette journée ? me demande Pito en arrivant.
- C'était fou ! Faut je vous raconte !
Je m'installe dans le hamac du salon et nous discutons tous les trois avec Mima pendant un bon bout de temps. Lorsque je vais me coucher, je m'écroule enfin après une bonne douche et m'endors aussi sec.
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Madda et le Miracle Madrigal
RomanceCette histoire, raconte la vie de Madda une jeune fille étrange qui a la capacité de voler depuis sa naissance. Seule avec ses grands-parents pendant toute son enfance, sa vie va changer lorsqu'ils décident de déménager sur une île au large de la Gr...