chapitre 11: la fête ( partie 1)

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Pt de vue de Madda

Ca y est... plus qu'une heure ! J'ai l'impression que je viens de vivre la journée la plus longue de ma vie. Ce matin j'ai pu passer la matinée avec Mirabel et Isabela ( j'ai découvert qu'elle est incroyablement gentille ), on est allées au marché faire de longues courses pour ce soir. Elles ont dû rentrer assez tôt à la casita mais quand j'ai voulu les suivre pour aider les Madrigal à préparer la fête, Alma m'a stoppée net en me disant que c'était notre fête, à mes grands-parents et moi et qu'il était « Hors de question ! » que je les aide aux préparatifs. Pfff... j'ai donc passé l'aprèm à différentes occupations ; on est allé acheter une robe pour Mima, j'ai regardé Pito pêcher puis je suis rentrée lire. Tout s'est passé tellement lentement... Là il est dix-neuf heure dix et dans cinquante minutes nous partirons chez les Madrigal.
- Madda, mon chat tu commences
à te préparer ?
me demande alors Pito du bas des escaliers.
- Oui. Tu n'as pas besoin d'aide pour quoi que ce soit ?
Mima non plus ?
La jupe bleue que mes grands-parents m'ont offerte est magnifique mais tellement fragile... Bon, je vais avoir l'air cruche si je ne touche à rien moi ce soir... On verra bien ! Je me douche en un rien de temps pour enfin pouvoir enfiler précautionneusement la nouvelle blouse blanche et la jupe bleue. Celle-ci tombe à mes chevilles, juste au-dessus de la courroie de mes espadrilles. J'attache deux petites mèches derrière ma tête et me voilà prête.
- On va partir Madda, tu descends ?m'appelle ma grand-mère.
Ça y est !

Lorsque nous arrivons sur la place devant la casa Madrigal, il y a déjà beaucoup de monde . Des tables sont installées sur les bords avec de nombreux plats, des boissons et des spécialités d'Anafi en tout genre. Des musiciens animent calmement l'ambiance d'un côté tandis que de l'autre des brochettes cuisent sur un grill, j'aperçois juste devant, Mariano et Julieta. Les gens du villages discutent tranquillement, Alma et Dolores parlent avec un jeune couple, Augustin et Félix apportent des cageots et Luisa et Mira s'amusent avec Antonio et des amis de son âge. J'entends Bruno, Isabela et Pepa non loin de moi en train d'accueillir les arrivants et je distingue de l'autre côté de la foule Camilo, appuyé contre un mur, les bras croisés en train d'observer les villageois. Ses cheveux sont remontés derrière sa tête et seules quelque boucles de sa mèche tombent à côté de ses yeux. Quand nous entrons sur la place, une grande partie des invités stoppent leurs discussions et se tournent en souriant vers nous. J'avance dans la foule derrière mes grands-parents et j'entends les personnes les plus proches les saluer. Certains leur serrent la mains, d'autres les prennent dans les bras, je suis presque intimidée par l'immense sympathie qu'ils ont pour nous alors que nous ne les connaissons pas. Alma s'approche de Mima et Pito, et les dirigent vers un groupe de personnes sur le côté. Les deux grandes sœurs de Mira s'approchent de moi :
- Salut Madda ! Si tu veux venir avec nous pendant la soirée avant les danses, on sera certainement vers les glycines, me dit Isa en pointant une maison recouverte des fleurs mauves de l'autre côté de la foule. Tandis qu'elles s'éloignent et que les invités reprennent petit à petit leurs occupations, je me retrouve seule au milieu de la place. Je vois Antonio et ses amis s'approcher en courant de moi. Ils attrapent mes mains en riant. Antonio qui a sept ans mais toujours une immense affection agrippe ma jupe et m'enlace, immédiatement suivi par ses copains .
- Vous allez m'en laisser un bout ?
dit soudain une voix rieuse derrière moi. Je me redresse pour découvrir en me retournant le grand sourire de Julio. Il porte une chemise blanche et un pantalon rouge. Ils lui vont hyper bien ! me dis-je en le regardant avec un peu trop d'insistance.
- Eh ben alors Madda, tu veux me faire attendre encore longtemps ? se moque-t-il gentiment en attendant que je m'approche. Réalisant ses bras ouverts, j'éclate de rire devant son air gêné et me précipite vers lui et le serre fort.
- Madda, tu m'étouffes , me souffle-t-il. Je me recule en le regardant, voyant son sourire réapparaître, je lui mets une tape dans l'épaule comprenant qu'il vient de se moquer de moi.
- Maddaaaa ! crie soudain Mira derrière moi. Je n'ai pas le temps de me retourner qu'elle me fonce dessus. Nous nous prenons dans les bras comme des dingues en sautant. La soirée commence ensuite lorsque des amis de Julio nous rejoignent et que nous nous mettons à discuter. Ils sont vraiment tous très sympa ; Clara, Selma, Carlo, Valentino et d'autres... Le seul que j'aime moins c'est Enrico, un grand musclé d'apparence joviale mais vicieux comme un serpent. Il me prend une forte envie de la frapper lorsqu'à un moment de la discussion il sort :
- Non mais Camilo... Pff quel clown. Le jour où son pouvoir
sera utile, à lui...
Mira n'est pas là à ce moment-là et Julio n'a visiblement pas entendu. Nous mangeons ensuite un morceaux puis vient l'heure des danses. Je n'ai pas encore revu Cam depuis mon arrivée à la fête. J'ai beau l'avoir cherché des yeux, pendant tout la soirée, il est resté invisible. Il doit profiter de son côté, me dis-je pour me réconforter. Je vais forcément le voir pendant les danses. Je me surprends soudain à espérer quelque part au fond de moi qu'il m'invite à danser... ou que nous nous rentrions par hasard dedans... ou que lors d'une danse de groupe nous ayons à danser ensemble. Quelle idée ringarde toi alors, me dis-je à moi-même avec cynisme, entendant le ton complètement pathétique de ma pensée. Julio me sors de mes pensées en se plantant face à moi, légèrement rouge. Il a l'air plutôt intimidé lorsqu'il me demande :
- Veux-tu danser la première danse avec moi ?

J'attrape ses mains avec plaisir et l'entraîne vers les danseurs. Les premières musiques sont très entraînantes et alternent entre danses de couple et danses de groupe. J'aperçois enfin Camilo au milieu des personnes. Il danse avec une aisance impressionnante, agitant ses hanches et ses bras au milieu du groupe de danseurs. Une jeune fille danse autour de lui en faisant tourner une grande juper bleue marine et magenta . Elle est très belle avec ses longs cheveux bruns et les fleurs dans ses cheveux. Mais lorsque Camilo attrape ses mains pour tourner, un gros nœud se forme dans mon ventre et une sorte d'agacement bouillonne dans mon estomac. Mais qu'est-ce qui m'arrive, me fais-je remarquer, il peut bien danser avec qui il veut, ça ne me fais rien ! je les perds des yeux lorsque la foule m'entraîne pour une nouvelle danse. Après plusieurs heures de musiques, de nombreux partenaires de danse, dont presque l'ensemble de la famille Madrigal ( sauf Camilo évidemment, et Dolores dont le ventre rond l'empêche de se mouvoir comme elle veut), je m'éloigne de la piste de danse. Il n'est pas loin de minuit et la nuit est déjà complètement tombée. Je suis incapable de danser une seule musique de plus. Le joyeux brouhaha de la soirée me résonne dans les oreilles et la chaleur ambiante me fait tourner la tête. Je me faufile entre les villageois tous tournés vers la piste de danse, et enfin parviens à m'extraire de la foule. Je m'éloigne de l'animation et tandis que l'air devient plus frais, et que la luminosité prend des teintes nocturnes, je monte des petits escaliers menant à une placette à l'écart au-dessus du village. Seule une petite guirlande jaune dans un pin éclaire un coin de la place, bordée de gros rochers pour seule barrière avant le bord. Des milliers d'étoiles brillent dans le ciel : la lune est assez petite pour que je les vois toutes. Seul le bruit des grillons, des vagues et la lointaine rumeur de la fête atteignent mes oreilles. La musique au loin est douce à présent, je me mets à danser doucement sur moi-même. Je ferme les yeux tant la sensation de calme que je ressens est douce. Un visage apparaît dans mon esprit... le seul que je n'ai presque pas vu pendant la soirée et qui à présent me ... manque ? Camilo me manque. Alors que je continue de bouger lentement, j'entends une voix derrière moi.
-

La soirée devenait longue avec tout ce beau monde ?
Surprise, j'ouvre les yeux et m'arrête de danser. Camilo se tient debout de l'autre côté de la petite place.
- Non, mais j'en pouvais plus, j'ai trop dansé, lui réponds-je.
- C'est pour ça que t'es venue danser seule ici , répond-il d'un air espiègle en s'approchant doucement.
- Par contre je ne connaissais pas tes talents de danseur, tu as un mouvement de hanches excellent, continue-je sur un ton quelque peu moqueur.
Il rit puis, prenant un air flatté, il s'approche encore et tendant sa main , il reprend :
- Madda, voudrais-tu bien m'accorder cette dernière danse?
Oh mon dieu ! Mon cœur bat à tout rompre. Je m'approche doucement et glisse ma main dans la sienne . Je frémis lorsqu'il pause sa main sur ma hanche. Au son de la musique lointaine nous commençons à danser.

Madda et le Miracle MadrigalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant