chapitre 2 : l'annonce

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J'enfile un T-shirt et ma salopette trop grande, je me remonte rapidement
les cheveux sur la tête et je descends.
- Ah te voilà enfin souris, Mima t'attends dans la cuisine.
Je saute la dernière marche des escaliers, embrasse mon papi et cours dans la cuisine. Ma grand-mère me sourit en me voyant entrer tandis que je m'assoie devant mon bol. Habituellement le weekend j'ai le droit de dormir autant que je veux mais avant même que j'ai le temps de  demander à Mima, elle tire une chaise et s'assied face à moi. Elle pose ses mains l'une sur l'autre sur la table et me dit calmement :
- Ma chérie...
je la sens hésitante.
Elle a l'air préoccupée mais soudain son visage s'éclaircit.
- Que dirais-tu d'aller pique-niquer pour le déjeuner dans le champs de lavandes en haut du village ?
La soudaineté de cette proposition me surprend mais j'acquiesce avec plaisir ; c'est mon lieu préféré dans Saignon.

A cette saison les lavandes commencent à fleurir et la vue sur le village et les environs est imprenable. Après le petit-déjeuner je remonte finir de me préparer, sans parvenir à me sortir de la tête l'expression singulière de ma grand-mère. Il n'y a jamais eu de malaise entre nous alors pourquoi hésiter avant de me proposer d'aller pique-niquer ? Je termine la matinée dans la cuisine avec Pito pour préparer les sandwichs pendant que Mima est au marché. Vers une heure, alors que je termine de remplir le panier, je la vois glisser dans la poche de sa jupe une enveloppe, mais je n'y prête pas attention. Nous arrivons un peu plus tard au lieu du déjeuner où je me mets à courir entre les rangs de lavandes. Je dépose les paniers sous un olivier et étend une nappe. Ce village est vraiment un paradis sur terre... la cloche sonne au loin une heure et demie, l'air embaume la lavande tandis que nous nous asseyons à l'ombre de l'arbre.
Cela faisait maintenant un quart d'heure que mon papi faisait la sieste et que je jouais allongée sur le ventre avec une sauterelle et un brin de lavande, lorsque Mima m'appelle.
J

e me retourne pour la voir assise avec l'enveloppe dans les mains. Tandis que je me redresse, elle commence à parler :

- Il faut que tu saches, que cela fait maintenant plusieurs mois avec ton grand-père que nous réfléchissons à un projet qui va changer beaucoup de choses dans nos vies et surtout dans la tienne. Cette décision concerne ton don, dit-elle en me tendant l'enveloppe.
Je l'ouvre et en sors une carte postale. Le paysage représente une île au milieu d'une eau turquoise. Il y a une village blanc aux toits bleus... Santorin. Je la regarde avec incompréhension :
- Heu Mima, t'es sûre que tu voulais pas la poster celle-là ? Je vois pas en quoi l'île de Santorin a un rapport avec nous et encore plus avec le fait que je vole ?
- Vois-tu ma chérie, nous pensons avec ton Pito qu'il est temps pour nous... de répondre à certaines de tes questions.
Elle échange un regard avec lui et tandis qu'il lui sourit doucement elle prend une inspiration et continue :
- Il y a seize ans, nous avons été bouleversés par la mort de ta mère et lorsque nous t'avons recueillie, nous étions à mille lieues d'imaginer que tu possèderais un tel don. Cela ne nous a pas empêché de t'élever comme une petite fille normale en t'apprenant ce que nous connaissons. Cependant, nous savons parfaitement que toutes les questions auxquelles nous n'avons jamais répondu ne disparaîtrons pas et que ce don incroyable que tu possèdes deviendra un poids. J'écoutais ma grand-mère avec attention sans comprendre où elle voulait en venir... Je ne voyais toujours pas le lien avec Santorin.
Elle reprit :
- Il y a autre chose qu'il faut que tu saches Madda. Je t'avais déjà appris il y a longtemps que j'ai grandi très loin d'ici, dans un petit village en Colombie, où j'ai rencontré ton grand-père. Ce que tu ne sais pas, c'est que peu de temps après la naissance de ta mère, nous avons dû quitter notre village. Mon amie d'enfance avec qui nous fuyions, Alma, venait elle aussi d'accoucher de trois enfants. Même si je ne l'ai pas revu depuis, nous avons continué de nous envoyer des lettres. Et je pense aujourd'hui ma chérie qu'il est grand temps que tu la rencontres...
- Attends, attends là... je la coupe brusquement, complètement perdue. Je ne vois absolument pas de rapport entre cette vieille Alma et moi. Pourquoi tu me racontes tout ça, je la connais pas, elle sait même pas que j'ai un pouvoir et puis qu'est-ce que Santorin a à voir là-dedans ?
Mima me prend les mains .
- Ma chérie, je pense qu'elle aura les réponses que je n'ai pas à tes questions.
- Mais pourquoi ?
- L'ensemble de ses petits-enfants, et de ses enfants ont un pourvoir similaire au tien.
Je me stoppe net. Je ne comprends pas ce que je viens d'entendre... C'est impossible ! Tout se bouscule dans mon esprit ; un mélange de questions, d'angoisse, de bonheur et un grand soulagement.
Je ne suis pas la seule à avoir reçu un don ! Qui sont-ils ? Quel est mon lien avec eux ? Ouha c'est fou, je vais rencontrer d'autres personnes avec un pouvoir ! Et si eux aussi me trouvaient bizarre ? Et si Mima s'était trompée ? Je ne sais plus quoi penser et encore moins que dire. Je reste assise à côté de ma grand-mère sans rien faire, je regarde le paysage... très différemment à présent.
Il y a quelque part au loin là-bas des personnes comme moi.
Ma grand-mère me sert contre elle avant de proposer de rentrer à la maison. Lorsque nous arrivons j'ai complètement retrouvé mes esprits et demande donc le rapport avec la carte postale à Pito. Il m'explique que cette île n'est pas Santorin mais une île plus petite non loin dans l'archipel et que c'est là que vit aujourd'hui la famille Madrigal, car c'est son nom, et que nous allons y emménager dans une semaine. D'ici-là nous aurons vidé la maison et pris le bateau pour s'y rendre.
Je réalise alors à quel point tout va changer dans ma vie.

Madda et le Miracle MadrigalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant