chapitre 18 : la dispute

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Pt de vue de Madda

Au bout de quelques heures, quand je vois que Camilo n'est toujours pas arrivé, on décide
finalement de rentrer.
Je quitte Julio et Margarita mais décide de passer par chez les Madrigal. En arrivant devant la casita, je croise Pepa et lui demande
si elle a vu Camilo.
Je lui explique que nous devions nous retrouver à la plage mais qu'il n'est pas venu.
- Il ne va pas très bien querida, il se repose, me répond-elle.
Il a besoin d'être au calme pour l'instant.
Mirabel passe à ce moment-là.
- Oh Madda ! Tu n'as jamais vu ma chambre, il faut que je te la montre ! Pepa s'écarte pour me laisser passer, je la remercie pour les nouvelles de Cam et suis Mirabel.
Nous traversons la cour au centre de la maison et montons un grand escalier face à l'entrée.
A l'étage, chaque porte est gravée à l'effigie de son propriétaire.
Nous entrons dans celle de Mira. Toute blanche comme la mienne, elle est remplie de pelotes de fils de couleurs. Son lit en bois est recouvert par des draps brodés de dessins multicolores et à sa fenêtre sont suspendus des fils de perles colorées.
- Arrête de me dire que t'as pas de don Mira, T'as CLAIREMENT le plus incroyable de tous ! C'est fou tout ce que t'as fait !
je m'exclame impressionnée.
Elle rosit sous le compliment et sourit derrière ses grandes lunettes vertes. Elle se tourne vers sa chambre et en la regardant, je vois dans son regard une réelle fierté.
C'est vraiment super qu'elle ait trouvé sa passion !
- Je vais aller chercher de quoi boire en bas, je reviens ! Tu peux faire un tour si tu veux visiter !
me dis soudain Mira en sortant.
Une fois seule, Camilo me
revient en tête.
Il ne va pas bien m'a dit Pepa, et il a besoin d'être tranquille. Mais tout à l'heure tout allait bien, il faut que je sache ce qui s'est passé . Je sors alors de la pièce et commence à marcher dans le couloir.
J'arrive enfin devant celle portant la silhouette de d'un jeune garçon bouclé.
Je m'arrête un instant devant...
Je tourne la poignée et
pousse la porte.
Il fait sombre et je ne vois pas de fenêtre.
Quelque chose brille par terre ; des éclats de verre.
- Camilo ?
Aucune réponse.
Je m'avance doucement dans la pièce. Petit à petit mes yeux s'habituent à la pénombre et je distingue des grands miroirs . L'un d'entre eux est brisé et partout par terre se trouvent ses débris.
Du sang tâche le verre.
Je suis sous le choc, je ne comprends pas ce que je vois.
Camilo s'est battu ? Mais...
- Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?
Je n'ai pas le temps de réfléchir plus, je me retourne et tombe nez à nez avec Camilo. Ses mains sont entaillées et sa joue aussi.
Il a un regard dur et
les yeux gonflés.
- Cam, je te cherchais et je suis entrée ici, qu'est-ce ...
- Ça te regarde pas, t'aurais jamais dû entrer,
Répond-il sèchement.
Il ouvre la porte en grand et
se poste à côté :
- Sors.
Pardon ? Mais qu'est-ce qui se passe ? Je dois rêver, c'est pas Camilo.
- Cam qu'est-ce qui t'arrives ? Je suis désolée, je voulais pas...
- Mais Madda, tu crois que tu peux tout te permettre avec n'importe qui ?!
crie-t-il alors.
Tu crois que tu peux entrer dans l'espace, dans la vie des autres et en sortir comme si de rien n'était ?!
Je ne comprends pas.
Des larmes commencent à m'embuer les yeux.
- Camilo, qu'est-ce qu'il se passe ? Parle-moi !
je lui réponds en sanglot, essayant de contrôler le mélange de panique et d'incompréhension qui monte.
- Tu crois que tout dans la vie est facile pour tout le monde ? continue-t-il avec une pointe d'amertume à présent.
PARDON ?!
A présent c'est à moi d'être en colère.  - Parce que tu crois que ma vie est facile ?! Parce que tu penses qu'il n'y a que tes problèmes qui comptent ? Mais tu te prends pour qui ?
je m'écris.
Je suis hors de moi.
Je crie mais j'ai le sentiment que mes paroles tombent dans la brèche sans fond qu'a ouvert le regard noir de Camilo.
- J'ai des vrais ennuis contrairement à d'autres, lâche-t-il avec mépris.
C'est trop.
- J'ai passé mon enfance cacher qui j'étais . Ma réalité et mon bonheur sont toujours passés après ce que les autres pensaient de moi, sinon je finissais seule. J'étais un monstre tu comprends ? Un monstre ! Alors arrête de me faire des leçons de vie, sans même me connaître.
Il ne me regarde pas et me passe devant.
Enfin il se retourne et dit :

- Ce qui est monstrueux c'est de bercer tes amis... Me bercer d'illusions, dit-il plus bas avec une forme de déception en me regardant droit dans les yeux.
Non !

Pt de vue de Camilo

Mes mots ont visiblement eu un effet sur elle.
Dès la fin de ma phrase, elle écarquille les yeux et son expression de rage se transforme d'un coup en panique et je ressens à travers ses yeux une détresse qui bouillonne en elle.
Hhm c'est donc ça l'effet provoqué quand on pris la main dans le sac... Mais c'est étrange, plutôt que d'être soulagé de lui avoir dit ce que je ressentais et de l'avoir mise face à la situation, je suis mal à l'aise.
C'est sûrement à cause de l'expression de Madda qui se transforme petit à petit en une profonde tristesse mêlée à de la panique.
Elle répète :
- Non, non. C'est impossible, je suis désolée...
Sa respiration s'accélère.
Même si ma colère et mon amertume sont encore encrées en moi, je n'arrive pas rester indifférent face à elle.
- Qu'est-ce qui t'arrives ?
je demande avec le plus d'indifférence possible.
- Non, je suis désolée, je... je suis pas... un monstre,
continue-t-elle bouleversée .
Je suis désolée !
Je pensais pas qu'elle s'arrêterait sur le mot monstre... Je suis peut-être allé trop loin... mais en même temps c'est elle qui m'a pas parlé de Julio.
Au moment où je m'approche et m'apprête à lui dire un mot, elle recule et sort en courant de ma chambre.
- Madda, attend !
je lui crie.
Je me retrouve seul, déboussolé par ce qui vient de se passer.

Pt de vue de Madda

Je sors de la casita en marchant le plus vite possible puis me mets à courir vers le sentier côtier. Tout tourne autour de moi, je ne fais pas attention quand Mira m'appelle au loin, je continue de courir.
Il faut que tu respires.
Respire. Respire.
J'escalade des rochers sur le bord du sentier pour être tranquille car j'entends au loin Mira qui me suis. Elle passe sans me voir.
Je suis seule.
Je continue de grimper sur les rochers et arrive au sommet. La vue sur la mer est imprenable, l'air me caresse le visage tandis que je reprends mon souffle. Je me calme, mais des larmes chaudes continuent à rouler lentement sur mes joues.
Comment a-t-il appris que je savais voler ?
Je ressens une forte douleur et comme une envie de vomir. Comment j'ai pu espérer que je parviendrai à repousser la vision de Bruno... il voit l'avenir. Malgré mes pensées qui fusent dans tous les sens, je sais que je me voile la vraie raison de ma tristesse. Je refuse d'être en colère contre Camilo, je refuse de lui en vouloir, portant je sais que cette raison dépend de lui...
Pourquoi il ne m'accepte
pas avec mon don ?
Après une heure assise entre les pierres à réfléchir, je vois arriver de gros nuages noirs à l'horizon. Je rentre à la maison, mais je n'ai pas faim. Ce soir-là je monte me coucher mais je ne dors pas. Les cauchemars reviennent et cette fois je reste seule.

Madda et le Miracle MadrigalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant