L'Invocation

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Boya était silencieux, comme souvent.

Il avait lu et relu le rituel noté par ses supérieurs jusqu'à le connaitre par cœur.

Deux d'entre eux l'avaient accompagné dans la petite chambre attenante à celle de rituel pour l'aider à sa préparer.
Boya ne comprenait pas trop pourquoi il devait être torse nu. Il n'aimait pas laisser voir les tatouages noir qui marquaient sa peau. Ils avaient été fait quelques semaines après son arrivée au temple par le maître en charge de cet artisanat. Le petit garçon avait beaucoup pleuré sous la douloureuse agression des aiguilles qui déposaient l'encre sous sa peau. Mais il s'était laissé faire. Le pire avait été ceux de son visage.

Si ces derniers étaient relativement discret, même celui qui descendait sur son nez, ceux sur ses omoplates et son ventre étaient plus larges. Il leur avait fallut des semaines pour guérir.

Boya n'aimait pas les montrer.

Les tatouages étaient depuis toujours une marque de servitude et d'esclavage. S'il n'avait aucun problème avec son statut de Sacrifice, ses tatouages étaient quelque chose qu'il cachait de son mieux au point d'utiliser du maquillage donné par ses shijie quand il le pouvait.

Il n'était pas un prisonnier de droit commun qui avait retrouvé la liberté après tout.
Les habitants de la capitale connaissaient intimement les tatouages du Sacrifice et les respectaient. Mais les autres ? Les étrangers ? Non, ils le voyaient et méprisaient Boya sans savoir. Certains avaient même essayé de le prendre à partie. Il avait fallu que les locaux le mettent à l'abri puisqu'il ne pouvait pas réellement se défendre contre des civils. Le Boya était le trésor local et la population, heureusement, prenait soin de lui quand nécessaire.

"- Tu es prêt."

Boya avait été couvert d'une huile de magnolia puis de poussière d'or.

C'était un peu bizarre mais si les Maîtres estimaient que c'était nécessaire...

Il fit jouer un peu son qi dans ses méridiens. Avec surprise, il réalisa que l'huile et la poudre d'or aidaient.

"- Je suis prêt."

Les maîtres avaient tracés un grand seiman sur le sol de la salle de rituel en utilisant une peinture chargée en sang et en poussière d'or. L'odeur métallique était entêtante et désagréable mais celle de l'huile de magnolia s'y rajouta pour la couvrir agréablement.

"- Et rappelle toi. Ta vie est plus importante que celle de l'Empereur. Si quelque chose se passe mal, n'hésite pas à tout arrêter. Et si le démon que tu invoques est dangereux, nous sommes là pour te seconder."

Les maîtres étaient là pour servir de bouclier vivant à Boya s'il le fallait ou à mourir à sa place en lui transmettant son qi si nécessaire. Ils le savaient tous.

La vie la plus importante de l'Empire était la sienne. Les autres n'étaient là que pour le soutenir jusqu'à ce qu'il ait fait son devoir de mourir pour eux.

"- Quand tu voudras, Boya."

Le jeune homme s'accroupit pour poser la main sur le Seiman. Il ressentit sa puissance intrinsèque un moment pour le comprendre et s'y relier.
Autour de lui, les maîtres étaient calmes, sans la moindre impatience. Le maître de cérémonie était Boya. S'il décidait soudain de tout arrêter sans même commencer, pas un seul d'entre eux ne remettrait sa décision en question.

Boya resta immobile accroupit pendant presque une heure. A l'extérieur, la pleine lune venait de se lever. Il manquait quelque chose.

"- Eteignez les torches et ouvrez les fenêtres." Ordonna-t-il.

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