5. « Maybe this is the beginning of something so magical. »*

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Clarke

J'étais habituée à ses départs pourtant, mais cette fois, j'avais plus de mal à le surmonter. Ces semaines avec lui avaient été superbes, comme toujours. Ses déclarations avaient été magnifiques mais je ne pouvais m'empêcher de les trouver tristes. Elles avaient un goût de fin qui ne me plaisait pas franchement.

J'avais dû me préparer pour aller travailler tout de même. Après tout, le monde continuait de tourner. Mais la boule dans ma poitrine gonflait de plus en plus et je dus faire un effort monumental pour la faire refluer. Tant que j'étais occupée, j'arrivais plus ou moins à gérer, mais dès que j'avais un moment de libre, je sentais ma gorge se nouer. Nous n'avions jamais eu besoin de parler d'un futur séparé. Nous savions que si un jour, ça arrivait et bien on accepterait de rester en retrait et d'être juste amis, même si nous n'avions jamais été amis. Ça me semblait étrange de l'imaginer juste comme un ami. Nous n'avions toujours connu que l'amour et la passion entre nous, malgré les « séparations ».

Je recevais des messages de mes amis qui s'inquiétaient pour moi, je répondais vaguement que ça allait et que j'avais du boulot. Ce n'était pas totalement faux mais pas complètement vrai non plus. Je ne savais plus très bien ce que je ressentais. La peine était toujours là, mêlée à la joie de l'avoir retrouvé. J'étais tellement perdue que je ne voyais pas quoi leur répondre. Est-ce que j'allais bien ? Difficile à dire. Je n'étais pas malheureuse, pour autant, je ne savais simplement pas définir mon état actuel. Je mentirais si je disais que je pétais la forme, cependant. Je n'avais pas très faim, je mangeais suffisamment pour ne pas m'écrouler d'épuisement, mais l'appétit n'était pas franchement là, je peinais à trouver le sommeil, réfléchissant bien trop. J'étais un peu fatiguée. Et lasse.

Le jeudi, j'étais plongée dans le dossier d'organisation du fameux projet qui me tenait tant à coeur, je voyais un peu le programme prendre forme mais il fallait vérifier que tout correspondait. C'était un travail minutieux. Depuis que Roan était parti, je ne prenais pas franchement la peine de faire une pause le midi pour aller manger. Je préférais occuper mon esprit, c'était plus simple ainsi. J'entendis qu'on frappait à la porte. Je craignais de voir Marcus apparaître pour m'obliger à sortir m'aérer les idées et à me nourrir. Il avait bien remarqué que quelque chose n'allait pas et m'avait demandé, déjà hier, de sortir pour aller manger mais je lui avais répondu que je n'avais pas faim. Mon mensonge était à peine passé mais il avait laissé couler, ça ne durerait pas cependant, je le savais. J'invitai la personne à entrer et levai la tête seulement quand la porte s'ouvrit et trouvai un regard que je ne m'attendais pas à voir ici.

Lexa était là, je m'inquiétais un peu mais elle me rassura en demandant si j'avais mangé. Je plaisantai en lui disant que je pouvais lui faire un rapport de mes journées. Elle finit par me proposer de m'emmener à l'Eligius. J'acceptai en me levant et en prenant mes affaires. Je la suivis jusqu'à sa voiture. Malheureusement pour moi, la discussion tourna autour de mon état. Sans savoir pourquoi, je ne me voyais pas lui mentir en lui disant que j'allais bien mais je ne voulais pas non plus m'apitoyer. Je fus donc honnête et lui dis ce qu'il en était réellement. Elle me fit remarquer que je semblais assez triste. Je lui avouai donc que ce n'était pas uniquement le départ, mais plus les conversations que Roan et moi avions pu avoir. Je repensai à ses mots :


« Je t'aime, tu le sais ? Alors, mon amour est un peu bizarre, je le reconnais mais quoi qu'il arrive, je t'aimerai toujours. Pas de la même façon, je m'adapterai. Je t'aimerai comme tu voudras que je le fasse. Si c'est en tant qu'ami, j'accepterai sans broncher. Tant que tu es heureuse avec la personne que tu auras choisie, le reste n'a pas d'importance. »


J'entendais même encore sa voix prononcer ces phrases. Pire, le ton sur lequel il l'avait dit : un ton plein de tendresse, de sincérité auquel se mêlait de la tristesse. J'avais entendu le léger tremblement dans sa voix. Bon sang, ça faisait onze ans que je l'aimais ! Je n'avais aimé que lui. Et il me disait ça ? Il m'avait assuré qu'il serait toujours à mes côtés quoi qu'il arrive mais est-ce qu'il supporterait d'être uniquement mon ami ? Est-ce que ça n'allait pas le blesser le jour où j'aurais quelqu'un ? Si ce jour arrivait ? Je ne voulais pas lui faire de mal ! Je ne voulais pas le rendre malheureux. Et par dessus tout, je ne voulais pas qu'il sorte de ma vie. Qu'en serait-il vraiment s'il me voyait heureuse avec une autre personne ? Les questions et mes émotions me submergèrent et je ne pus retenir les larmes de me monter aux yeux, ni les sanglots de secouer mon corps. J'avais tourné la tête, mais évidemment, Lexa l'avait remarqué.

Un Destin facétieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant