Les acclamations s'accumulent quand Xærcy entre sur le terrain avec son équipe.
Tout le monde sourit, les filles hurlent au premier rang et le capitaine s'avance vers une brune pour l'embrasser à pleine bouche, c'est Kaela, sa petite copine.
Eurk.
Pendant que tout le monde fantasme sur eux, moi je suis là, caché derrière du matériel, derrière les gradins. Ma vision est restreinte à cause des pieds de ceux qui sont assis sur les bancs.
Mes larmes coulent, chaudes, froides, tièdes, je ne sais plus. Je ne ressens plus la chaleur ou la froideur de mes perles, je ne ressens plus rien. Ils m'ont frappé jusqu'à m'en faire vomir du sang, sans toucher à mon visage, pour ne pas alerter les adultes.
Et j'étais avec eux, pitoyable, à crier que je m'excusais, que je redoublerai d'efforts pour les satisfaire. Pitoyable.
Je regarde le match commencer, j'ai une haine qui me brûle les poumons, ou c'est peut-être leurs coups qui me font encore sentir vaseux.
Je me demande comment j'ai pu venir jusqu'ici, une chose est sûr c'est que je ne passerai pas me soigner à l'infirmerie.
Je me laisse glisser contre le gros tas de caisses et sors avec mes mains tremblantes le journal de mon sac, je prends mon stylo et j'écris.
J'écris toute ma haine, toute ma rancœur.
Ils n'ont pas le droit. Je n'ai rien fait. On m'a dit que c'était la clé de la réussite, étudier, pour que toutes les portes de mon avenir s'ouvrent, pourtant la seule porte qui s'est ouverte me dirige tout droit dans un quotidien que j'aimerai échapper. Je brûle. Je n'en peux plus.
Je souffle un coup et je trace la première lettre qui débute ma soirée.
Si seulement tout pouvait s'arranger.
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La plume de Paon
RomanceIl s'est disputé avec sa mère, il ne parle plus à sa sœur et il a tout le lycée à dos : "un souffre-douleur" - disaient-ils, rien d'autre qu'un pauvre petit enfant sans défense. Personne n'avait été gentil avec lui jusqu'à présent, même la personne...