Chapitre 20 - Qui veut une part de gâteau ?

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Nate

Devon sort de la pièce. J'attends qu'elle se soit suffisamment éloignée pour expirer tout l'air qu'il y a dans mes poumons.

Je ne suis qu'un idiot. Elle se remet à peine d'un traumatisme, elle a besoin qu'on la rassure et qu'on soit prévenant avec elle, et moi, tout ce que je trouve à faire, c'est l'embrasser sans son consentement. Qu'est-ce que ça fait de moi, si ce n'est un type ignoble qui profite des faiblesses des autres pour combler ses désirs ?

À l'évidence, je l'ai trop brusquée et ça l'a fait fuir. J'aurais dû m'y prendre autrement. J'aurais dû mieux me contrôler. Elle était proche, très proche, et sa bouche m'appelait fort, très fort, mais ce n'était pas une excuse pour lui sauter dessus comme je l'ai fait. Il y a trop de signes que j'ai mal su interpréter. Je lui ai ouvert une partie de moi et, à travers ses yeux, j'ai cru apercevoir l'idée qu'elle pouvait être intéressée par moi en retour. Quand je l'ai embrassée, j'ai bien senti qu'elle m'embrassait en retour, même si ça n'a duré que quelques secondes. De toute façon, ça ne voulait rien dire, pas vrai ?

En temps normal, quand une fille me plaît, je lui fais mon numéro de charme sans passer par quatre chemins et le tour est joué. Si j'ai vite compris une chose, c'est que Devon ne ressemble en rien aux filles que j'ai connues jusqu'ici. À l'inverse des autres, elle ne cherche pas à attirer l'attention. Elle ne veut ni séduire, ni être séduite. Quand j'y pense, le message était clair depuis notre rencontre : rien ne lui importe, pas même sa propre vie. Elle a perdu goût en toutes choses et plus rien n'a de valeur pour elle. Pourquoi je me démène pour lui plaire ? Comme elle l'a dit, ça n'aboutira à rien.

Je sors mon téléphone et appelle Wyatt. Lui saura me comprendre et pourquoi pas me traiter d'imbécile pour ce que j'ai fait. La messagerie arrive avant même la tonalité. Il a mis son portable en mode avion, ou alors, il l'a carrément éteint. Ça fait un moment que je n'ai pas eu de ses nouvelles. Je le connais depuis gamin, je sais qu'il a parfois des phases où il a besoin de se retrouver seul et faire le point avec lui-même. Le problème, c'est qu'en général, ces périodes ne présagent rien de bon.

Je lui envoie un SMS.

Nate

Donne-moi un signe de vie quand tu pourras.

Prends soin de toi mon pote.

Je range mon téléphone et retourne en bas voir les autres, qui sont passés au dessert : un Lamington que ma mère a apporté, faute d'avoir fait le gâteau elle-même – aussi simple soit-il. Elle saisit un couteau et en coupe plusieurs parts. Je vais devoir me forcer à en manger pour ne pas la contrarier, et à en juger par les grimaces que tirent mon père et Devon, je ne suis pas le seul.

Le silence qui nous enveloppe n'a rien d'agréable, mais c'est toujours mieux que d'entendre les remarques désobligeantes de mon père. Sans crier gare, mes yeux tombent sur Devon : elle s'empresse de fuir les miens pour se concentrer sur son assiette vide. Je me sens deux fois plus con.

La voix aiguë de ma mère brise le silence.

— Alors, qui veut une part de gâteau ?

Pour toute réponse, nous levons nos assiettes sans grand enthousiasme.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 11 ⏰

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