Chapitre 18 - Retour imprévu

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Nate

Tu sais où j'ai mis mon soutif ?

La blonde assise sur le rebord de mon lit enfile sa culotte Victoria's Secret. Ses cheveux sont en bataille et des traces rouges sont marquées à des endroits précis sur sa peau laiteuse : poignets, cou, hanches, fesses. Je ne me souviens pas de son nom ni de l'endroit où je l'ai rencontré, seulement de cette nuit agitée et de sa bouche contre la mienne au moment où je la faisais venir.

— Vérifie sous le lit.

Ce qu'elle fait. Je gratte mon arcade sourcilière, là où une croûte s'est formée à cause d'une blessure causée par un trou du cul de première.

— Bingo ! claironne-t-elle.

Je reste allongé dans le lit pendant qu'elle se rhabille. Hier, je rêvais de lui faire tout un tas de choses ; ce matin, plus rien ne m'attire chez elle.

— On pourrait remettre ça à un autre jour ? fait-elle en revenant près de moi.

Elle s'approche au point que son haleine matinale m'agresse. Son sourire est lubrique. Elle enfouit ses doigts dans mes cheveux, mais je m'écarte.

— Je te rappellerai, fais-je sans conviction.

Constatant que je ne dis rien de plus, son sourire vacille.

— Alors on ne se reverra pas ? comprend-elle.

— Désolé.

Une façon comme une autre de dire : tu es cool, mais pas assez pour en valoir le coup.

La fille se mord la lèvre, comme si elle s'empêchait de m'insulter de tous les noms.

— Tu as sans doute raison, réplique-t-elle en se levant du lit. Je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps avec un mec comme toi.

Elle s'extirpe de la chambre après m'avoir présenté son joli doigt d'honneur manucuré. Un peu brutale comme manière de dire au revoir, cependant ce n'est rien comparé à celle qui, une semaine plus tôt, m'a collé une baffe digne d'un film hollywoodien avant de se retirer le menton haut. Des réactions de ce genre, il y en a un paquet dans ma liste des réveils matinaux embarrassants. Ce n'est pas moi qui vais leur jeter la pierre ; ces jours-ci, j'enchaîne les erreurs – et quand je dis erreurs, je parle de celles qui ont un appareil génital féminin et une fâcheuse tendance à aimer le sexe. Je fais n'importe quoi, alors que je m'étais juré de ne plus retourner dans mes travers depuis que Devon vit à la maison. À coup sûr, elle doit me juger pour ces actes. À qui la faute ? Je suis le premier à juger cette version de ma personne. Reste à espérer qu'elle ne veuille pas plier bagage à cause de ça. Je me suis habitué à sa présence ; si elle part, je me retrouverais seul et j'aurais l'impression d'avoir perdu quelqu'un qui m'est cher.

Sous la douche, je formule une phrase qui pourrait faire office d'excuse. « Pardonne-moi, Devon. J'ai un problème avec les filles car j'ai peur de m'attacher depuis ma dernière relation. » Il y a une part de vérité là-dedans, mais c'est beaucoup trop cliché. « Il faut savoir que je ne suis pas comme ça en général, c'est juste une passade. » Ça, c'est un mensonge. « Je ne ramènerai plus aucune fille sans ta permission. » Non, trop formel.

Lavé, je me donne du courage et pars la chercher à l'étage.

— Devon ? fais-je en toquant à la porte de sa chambre.

Aucune réponse ne me parvient. J'attends un instant.

— Est-ce que je peux entrer ? insisté-je.

Avant que la pluie ne tombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant