Chapitre 2 - Le voleur dans la nuit

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Le chauffage de l'appartement ne suffit pas à sécher mes affaires trempées et cesser mes grelottements. Alors que Nate part chercher nos vêtements de rechange, je jette un œil à ce qui m'entoure.

Son duplex est immense. Entre un canapé en L et une cuisine ouverte s'étend un îlot central autour duquel trônent six tabourets hauts. La crédence luit de mille feux et les produits électroménagers sont haut de gamme. Au fond du séjour, un escalier en colimaçon qui mène à l'étage supérieur ; un espace d'au moins cinq mètres occupe le reste de la pièce. Tapis en fourrure, TV incurvée, parquet poncé et vitrifié, tout est là pour me rappeler que Nate et moi ne venons pas du même milieu. Une longue baie vitrée longe entièrement le mur de droite et donne sur la mer qui, au loin, s'agite dans une tempête qui fait rage. Sur les autres murs figurent de grands miroirs à la verticale ainsi que plusieurs photos de Polaroïd. Je m'en approche et découvre une vingtaine de clichés illustrant les mêmes visages : Nate avec deux personnes plus âgées (sans doute ses parents) ; Nate en compagnie d'une blonde très jolie, de celles appréciées de tous et qui réussissent tout ce qu'elles entreprennent ; Nate avec ses amis, en particulier un qui ressort plus que les autres. Celui-ci a les cheveux coupés courts et les pupilles d'un noir intense. Je reviens sur mes pas. Une photo m'a interloqué : on y voit Nate habillé dans un costume chic, se tenant entre les deux quadragénaires. C'est le seul cliché où il ne sourit pas. Voilà qui est curieux...

—        Ce sont mes parents, m'apprend l'intéressé, de retour dans le salon.

Il a troqué son jean et son tee-shirt blanc contre un jogging et un haut gris. Dans ses mains repose un tas de tissus rose et jaune.

—        C'est pour toi, dit-il en les déposant sur la banquette. Pour le haut je n'ai rien trouvé de féminin alors je t'ai pris un de mes maillots de basket. J'espère que ça ira.

Je hoche la tête. Oui, j'imagine que ça fera l'affaire.

—        À ce propos, où sont-ils ? me renseigné-je.

—        Les corps que j'ai cachés ?

—        Tes parents.

Il se gratte la nuque, l'air de réfléchir.

—        Actuellement, je dirais qu'ils sont en Corée du Sud. À moins que ce ne soit Taïwan ? Honnêtement, j'ai du mal à suivre leur déplacement à l'étranger.

—        Pourquoi sont-ils aussi loin ?

—        Le boulot. Mon père est un homme d'affaires et ma mère le suit aux quatre coins du globe pour s'occuper de sa paperasse. En gros, c'est sa secrétaire sur pattes. Fin de la blague.

À l'évocation de leur profession, un rictus émerge sur son visage, similaire à celui qu'il a sur la dernière photo que je viens de voir. J'ai la nette impression qu'il n'entretient pas une bonne relation avec ses parents. Une vague de curiosité me submerge. Qui peut bien être Nate ? Hormis son prénom, je ne connais rien de lui. Il pourrait avoir un frère jumeau, un casier judiciaire, une fiancée ou bien venir d'un autre pays que je n'en saurais rien du tout. Pour une raison qui m'échappe, tout ce mystère ne fait qu'accroître mon intérêt pour sa personne.

Quelque chose de bleu criard attire mon attention derrière lui. Mes joues deviennent aussitôt cramoisies. Un string en dentelle. Un string en dentelle bleu étendu sur le sol de son salon. Confuse, je m'abstiens de tout commentaire. Nate pivote avant d'identifier ce dont il est question. Tout à coup, il est pris d'un rire nerveux.

Avant que la pluie ne tombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant