23 - Deuil

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ELEANOR


" Je n'arrives pas à croire que tu n'as pas enregistré mon numéro ! C'est Kai, tête de mule." Affichais l'écran de mon téléphone portable.

Avec les évènements récents j'avais complètement oublié que nous avions échangés nos coordonnés, je lui avais même donné mon numéro en pensant qu'il ne s'en servirait jamais. Mais j'étais étonnamment contente qu'il l'ai fait.


Je n'eu pas le temps de répondre quoi que ce soit que mon téléphone vibra une deuxième, puis une troisième fois, m'indiquant de nouveaux messages de sa part. Trois messages d'un coup après une semaine sans nouvelles, décidément il semblait déterminé à rattraper le temps perdu.

" Désolé d'avoir mis autant de temps à te contacter, j'étais débordé de travail."

" Tu ne m'en veux pas trop ?" Ce message là contenait également un petit emoji bonhomme tout triste.


Honnêtement j'étais moi-même tellement débordée de mon côté que je n'avais pas eu le temps de penser à lui une seule seconde. Mais ça bien sûr, il n'avait pas besoin de le savoir.


" Kai ? Je ne connais aucun Kai. Je ne me rappel pas de vous, alors vous ne deviez pas être marquant." J'appuyais sur la touche "envoyer", un sourire sadique aux lèvres.





Je m'habilla rapidement et descendis au rez-de-chaussée afin d'approvisionner mon ventre qui n'avait cesser de chanter depuis mon atterrissage.





" Maman ?" Appelais-je à travers l'immense maison. Mais je n'obtint aucune réponse.

Je fouilla en premier lieu le séjour, mais fit rapidement demi tour lorsque je n'y trouva personne. Puis je me dirigea vers la cuisine où ma mère se tenait debout, penchée au dessus d'une marmite, vêtu d'un tablier à carreaux blanc et rouge.

Cette représentation parfaite de mon enfance me tordit les boyaux. Tout y était, son chignon parfaitement coiffé, ses petites perles blanches pendues à ses oreilles dont elle ne se séparait jamais, ses gants de cuisine assortis à son tablier, les manches retroussées de son chemisier en dentelle pour ne pas le tacher lorsqu'elle remuait la marmite rigoureusement.

La réplique exacte de la parfaite petite ménagère.


Une esquisse nostalgique se forma sur mon visage, avant d'immédiatement s'estomper lorsque ma tête se tourna vers la table à manger et que mes yeux tombèrent sur Mathieu.


Un mètre soixante-quinze dans les environs, soit deux ou trois centimètres de moins que mon père. Des cheveux et des yeux très noirs, un visage fermé, inexpressif. Eurasien. Mêmes leurs traits de caractères étaient similaires.

Mathieu étant pourtant la copie conforme de mon père. C'est ce qui me bloquait le plus au début. J'en voulais même à ma mère pour ça, puis j'ai finis par comprendre.

Papa était le grand amour de ma mère, ils s'étaient aimés très fort et la vie les avais séparés, ce n'était pas leur choix. Leurs cœurs battaient encore l'un pour l'autre mais ils n'avaient plus la force de se battre.

Alors inconsciemment, ma mère avait cherché une part de mon père dans chaque homme qu'elle avait fréquenté. Elle s'était alors finalement tourné vers le sosie de mon père, cherchant du réconfort en cet homme, tandis que mon père à l'inverse tentait de s'éloigner du souvenir de ma mère en enchaînant les conquêtes, toutes radicalement opposés à elle. Toutes étaient des femmes trop jeunes, ou trop différentes de lui, le genre de femme avec qui il savait qu'il ne pourrais rien construire de sérieux. Car même s'il se refusait à l'avouer, il n'avait jamais voulu d'autre femme que ma mère. Malgré tout, il n'avait jamais aimé qu'elle.

Recovery J.JkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant