31 - Disparu

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ELEANOR





Ma vue s'embua de larmes et l'air dans mes poumons se rarifiait tandis que je commençais à suffoquer. Des sanglots violents s'emparèrent de mon corps me faisant trembler et m'empêchant de régulariser ma respiration. Ma gorge était noué rendant impossible le passage d'air.


Dans un silence assourdissant, seul le bourdonnement lointain causé par le voisinage animait la pièce.


Mes mains tremblotantes empoignèrent le bout de papier frêle comme si ma vie en dépendait, tout en prenant soin de ne pas l'abîmer.


Des larmes coulaient abondamment sur mes joues sans que je ne puisse me contrôler, comme seul témoignage de mon immense affliction.





Alors que les secondes qui me parurent être des heures s'écoulèrent, le manque d'air se faisait ressentir de plus en plus. Malgré ma tentative d'ouvrir ma bouche, ma gorge noué empêchait quelconque brin d'air d'y passer. Les secondes se transformèrent en une minute, puis deux et je sentis ma jugulaire battre sous ma fine peau, signe que mon corps tentait tant bien que mal de subvenir à mes besoins biologiques.

Mon flot de larmes redoubla mais cette fois ci, animés par la panique. Les palpitations de mon cœur étaient irrégulières, causés à la fois par la panique qui augmentait mon rythme cardiaque, mais également par le manque d'oxygène qui le ralentissait.

Je sentis mon visage chauffer et se crisper.


Dans un élan d'effroi, j'apportais ma main à ma poitrine à laquelle j'asséna un premier, puis un second, puis plusieurs autres coups violents, comme pour débloquer ma cage thoracique et relancer ses mouvements de gonflements.

Après un énième coup, un geignement s'échappa finalement d'entre mes lèvres, décompressant par la même occasion le passage dans ma gorge et mes poumons s'empressèrent d'absorber tout l'air dont ils avaient été privés.


Tout mes membres furent pris par de violents spasmes post-crise, pendant que mon cœur lui, se régula.

Je sentis la température de mon corps chuter et revenir à la normale.


La panique laissa sa place au désarroi tandis que mes pleurs se libérèrent enfin.


"Je n'ai pas envie de mourir. J'ai peur. La mort esteffrayante et cela demande un courage immense de passer le cap et de s'ôter lavie."

"C'est la seule façon pour moi de vous protéger, elle et toi."



Un énième sanglot s'échappa d'entre mes lèvres alors que les mots écrits par mon défunt frère tournaient en boucle dans ma tête, au point de me faire perdre la raison.

Des tas de questions se formèrent dans mon esprit alors que je réalisais que le suicide d'Adonis n'avait rien avoir avec tout ce que je m'étais imaginé jusqu'ici. C'était pire.


Je tenais entre mes doigts mon plus grand cauchemar. Mais également ma libération.


La preuve de tout ce que j'avais toujours su au fond de moi. La preuve que je n'étais pas trompé.

La preuve qu'Adonis s'était suicidé non pas par désir de mourir, mais parce qu'il avait été poussé à le faire. A cause de quelque chose ou de quelqu'un. Je l'ignorait.

Recovery J.JkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant