45 - Froid Glacial

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ELEANOR









Ce matin le réveil fut tout particulier. Une partie de moi était euphorique et de très bonne humeur et il y avait une bonne raison à cela : la confession de Jungkook.

Je n'avais jamais réalisé combien cela pouvait emplir de bonheur d'être aimé par celui qu'on aime. Je me sentais vivante, inarrêtable.  Comme si rien ne pouvait m'arriver. J'avais rarement ressenti autant de joie d'un coup j'avais l'impression de ne pas pouvoir tout contenir, comme si j'allais déborder. 


Mais ma joie déchanta bien vite car l'aube venait à peine de se lever et je m'apprêtais à prendre la route en direction d'un endroit qui n'était que symbole de désolation. Autrement dit, le cimetière.

Je profitais de ce calme plat et que tout le monde soit encore en train de dormir pour m'éclipser et rendre visite à la tombe de mon frère. Alors sans bruit, et en m'éclairant seulement à l'aide de la lumière de mon téléphone, je me faufilais d'abord hors de la chambre, puis hors de la maison, d'un pas de plume.


En arrivant au cimetière je dû ravaler la bile qui menaçait de remonter et j'enfoui tout au fond de mon estomac mes angoisses. Je détestais ce lieu, le concept était déjà suffisamment morbide et triste à souhait et le lieu n'arrangeait rien. Franchement, à part quelques fleurs pas tout à fait fanées, le reste était déprimant.

Je traversais les allées jusqu'à celle commençant par la lettre S. L'avantage de venir si tôt était qu'au moins à cette heure-ci, le lieu était complètement désert, je n'avais aucunement envie de voir d'autres personnes se morfondre de si bon matin.

La raison pour laquelle je venais ici malgré ma répulsion pour cet endroit et bien... Il n'y en avait pas vraiment. Sauf peut-être ma conscience.

Que ce soit dans les films, les livres ou dans notre entourage, l'humain a toujours appris qu'il est important de rendre visite aux tombes de nos défunts, alors bêtement je répétais ce qu'on m'avait enseigné. Mais comparé à ce qu'on disait, je ne ressentais pas de soulagement et je n'avais pas l'impression de voir des signes de l'au-delà. Je ne voyais qu'un lieu sinistre, rien de plus, rien de moins.

Et me dire que la dépouille de mon frère résidait là, à quelques mètres à peine de moi  ne m'aidais pas du tout, au contraire... Je n'arrivais pas à concevoir la chose, ni même à l'accepter. C'était d'ailleurs une bonne chose que nous n'ayons jamais eu la chance de voir le corps. Lors des enterrements, avant que le cercueil soit enseveli six pieds sous terre, il reste ouvert un petit moment, afin que les proches puissent faire leurs adieux au défunt.

Pour des raisons médicale de soit disant décomposition que je n'avais pas vraiment compris à l'époque, car j'étais trop jeune et trop chagrinée, le médecin légiste ne nous à pas permis de voir le corps d'Adonis et même si, sur le coup mes parents étaient dévasté, avec le recul je crois finalement que c'était une bonne chose. De cette façon, la dernière image qu'ils avaient gardé de leur fils n'était pas souillée. Pour ma part, j'ai eu un aperçu des ravages de la mort, quand je l'ai retrouvé dans sa chambre ce matin-là, et je ne m'en suis jamais totalement remise. Cette vision à laissé une trace indélébile dans ma mémoire.

Je fixais la gravure, taillée avec soins sur la pierre marbrée sans vraiment savoir quoi dire ou quoi faire. Cela faisait un bail que je n'avais pas rendu visite à la tombe de mon frère et même si cela faisait des années que je venais, je n'avais toujours pas pris l'habitude de cette situation particulière. J'étais censée m'adresser à lui, faire comme s'il était là-haut quelque part et qu'il pouvait m'entendre... Mais cette idée n'était en rien une consolation pour moi.

Recovery J.JkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant