Albus
Je me lève chaque matin, rongé par le désir de te voir, d'écouter ta voix et toucher tes lèvres. Ça me ronge. Je me rappelle quand tu écoutais les oiseaux chanter dès le lever du soleil. Tu disais qu'ils étaient la plus belle mélodie. Je les écoute aujourd'hui, mais je n'entends aucune beauté. Je me suis rendu alors compte de quelque chose : alors que tu centrais ton attention sur les oiseaux, je te regardais toi.
Tu étais ma plus belle mélodie.
Je parle comme si tu es mort. Est-ce cela, le manque ? Le monde qui se meurt, les feuilles des arbres qui tombent, le ciel qui gronde et ce sentiment de ne faire partie de rien, d'être aveugle, sourd à toute source de joie ? Le vide qui saisit ma poitrine, comme si je respirais le trou béant de l'univers. Il n'y a pas de douleur, parce que je sais que tu respires, quelque part sur cette terre, mais il y a la mélancolie d'un temps qui ne reviendra pas qui me plonge dans un gouffre. Lydia dit parfois que se laisser ronger par la nostalgie est mauvais, mais je la surprends à regarder la fenêtre comme si elle désirait s'y jeter ardemment. Ce sont ces moments là qui me font réaliser que je ne suis pas le seul à souffrir. Tu étais l'essence même du groupe. Esther ne l'avoue pas non plus, mais ton absence l'a blessée. Tu étais celui qui lui remettais les idées en place quand elle se brisait.
Aujourd'hui, plus personne ne sait comment la réparer.
J'ai voulu l'aider, tu sais. Elle était assise sur son lit, à moitié saoûl. Ça m'a fait pensé à la première fois qu'elle avait voulu m'embrasser, juste après ton départ, dans la Salle sur Demande. Je me suis assis à côté d'elle, je lui ai demandé si elle allait bien. Elle ne m'a pas répondu.
"Nous sommes les cendres d'une guerre", avait-elle dit, et depuis ces mots me tournent sans cesse dans la tête. Parce que je ne me suis jamais senti aussi brûlé que maintenant. Et quelque part, je me dis qu'elle a raison. Je me dis que toutes nos souffrances proviennent des blessures de nos parents. Celles qui, malgré le temps, n'ont jamais réussi à guérir. L'injustice s'affirme parfois dans les formes les plus subtiles.
Elle a tourné la tête vers moi, et j'ai vu les larmes déborder de ses yeux. Alors j'ai ressenti l'envie immense de la calmer, de lui assurer que tout irait bien même si moi-même n'y croyait pas. Je voulais lui faire comprendre qu'il y aurait toujours des personnes pour l'aimer. Lydia. Toi. Moi. J'ai avancé mes lèvres, elle n'a pas bougé.
Je l'ai embrassée. Et j'espère que tu pourras me pardonner, parce que je n'en suis moi-même pas capable.
Parfois, je me dis qu'Esther est la destruction qui m'habite à l'intérieur. Qu'à nous deux, nous pourrions nous aider à nous relever mutuellement, puisque nous ne sommes pas capable de le faire chacun de notre côté. Mais est-ce vraiment la bonne solution ? J'ai l'impression de t'avoir trahi. J'avais l'habitude de ton goût, de tes caresses, de ton sourire, et changer de lèvres m'a donné des frissons. Inconsciemment, j'ai peut-être cherché à te remplasser pour calmer le désespoir qui me hantait. C'était égoïste. Et si tu m'en veux, si tu refuses de me parler après ça, je comprendrais. Mais sache que je n'ai jamais cessé de t'aimer. Tu pourrais mourir que je t'embrasserais dans ta tombe et je t'aimerais jusqu'à la fin de mes jours. Esther n'est qu'une consolation.
Je ne sais pas où tu es, ni ce que tu vis, ni si tu penses à moi maintenant. Toutes ces questions sont en train de me tuer. Ne pas savoir est une malédiction, crois-moi. L'esprit humain n'est pas fait pour ça.
Il est deux heures du matin, je n'arrive pas à dormir. Tu me manques.
Lydia a été insultée à plusieurs reprise cette semaine. Avec toi dans les parages, ils avaient peur, mais plus maintenant. Je leur ai lancé un sort qui les a humillié, mon père a reçu une lettre d'avertissement mais je m'en contrefiche. Ils ont eu ce qu'ils méritaient. Dans cette société, on clame l'égalité, mais tout ce qu'on fait, c'est rejeter la faute sur ceux qui représentent ce que la société était. En se tournant vers le futur, les sorciers ont appris à haïr le passé. Et le passé, c'est nous. Des noms de famille vieux de plusieurs siècles. Des noms qui ont autrefois brillé, et qui sont aujourd'hui écrasés, piétinés, jugés. J'aimerais être fier de ce que je suis. Mais comment l'être quand le monde entier me crache que je ne mérite pas d'exister ?
Donne moi la force de croire en moi, Albus, tu es le seul à en être capale. Je ne parais pas, mais je suis faible. Ne pas t'avoir à mes côtés me rends plus faible encore. Je suis pathétique, vraiment. Je me répète tout le temps, comme si me plaindre te fera revenir. Mais accepter la réalité n'a jamais été ma spécialité. Certains se réfugient dans des livres, d'autres dans l'alcool. Pour moi, c'était toi. Et pour toi, c'était moi. Comment ont-ils réussi à séparer deux êtres qui étaient destinés à être ensemble ?
J'espère que tu réussiras à pardonner mes erreurs. Je t'aime, ne doute jamais de cela. Et si tu reviens ici en me criant, en m'insultant, en me frappant, je comprendrais. Je te laisserais faire.
Pourvu que, après, tu me dises que tu m'aimes en retour.
Ton petit-ami qui te manque,
Scorpius M.
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𝓝𝓸𝓼 𝓶𝓸𝓽𝓼 𝓼𝓮 𝓼𝓸𝓷𝓽 𝓮𝓷𝓿𝓸𝓵𝓮𝓼 [Scorbus] - 𝔒𝔲𝔯 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰
Fanfic❝𝐽𝑒 𝑛𝑒 𝑡𝑒 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒 𝑞𝑢'𝑢𝑛𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑠𝑒. 𝑁𝑒 𝑚'𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑒 𝑝𝑎𝑠.❞ ❝𝑇𝑢 𝑚𝑒 ℎ𝑎𝑛𝑡𝑒𝑟𝑎𝑠.❞ Scorpius Malefoy et Albus Potter pensaient que rien ne pouvait les séparer. Ils se sentaient intouchables. Protégés dans leur monde à eu...