DE SANG ET D'ESPRIT - L'empreinte du Loup - 1 [Terminée]

6. Kieran

Je me redressai sur mes coudes et l'observai s'approcher, méfiant.

— Tu es réveillé ? souffla la voix de Narcissa.

Elle aurait presque pu paraître douce, si je ne savais pas quel monstre se cachait derrière ses yeux.

— Mon frère a-t-il eu la même visite ? remarquai-je.

— Darshan t'a envoyé ici pour me surveiller non ? Alors autant que je vienne à toi.

Elle se retrouva à côté de mon lit. Je posai rapidement mon regard sur une ombre au fond de ma chambre.

— Ne fait pas attention à mes Banshees, elles sont là pour surveiller que tu ne me tues pas.

Je tendis mon couteau au moment où elle grimpa au bout du lit.

— Et si je te tuais ? soufflai-je.

Je fis briller la lame de mon couteau à la lueur des bougies qui vacillaient un peu plus loin. Pas franchement d'électricité ici. Narcissa s'accroupit avant de se mettre à quatre pattes pour ramper sur mes jambes. Je tentai de garder mon loup calme pour ne pas lui arracher la tête ou me faire bouffer par l'esprit qui traînait dans le coin.

— Tu n'y arriverais pas, loup. Je suis bien trop puissante pour toi. Tu crois que cette lame me tuerait ?

— Elle te ferait assez de mal pour que je puisse m'occuper du reste de ton corps.

Quand elle fut littéralement sur moi, son visage à quelques centimètres du mien, je retins mon souffle. Elle abaissa ses hanches et son entrejambe se pressa contre la mienne. Le drap ne manquait pas de cacher quoi que ce soit de la chaleur de son sexe. Je n'éprouvais pas grand-chose cependant. Cette femme ne m'intéressait pas. Elle était vide. Vide de toute vie, de toute passion. Ses yeux aussi étaient vides.

— Tu veux t'occuper du reste de mon corps, Kieran Vega ?

Je déglutis. Sa main se leva. La seconde suivante, j'avais pris le dessus et mes deux mains étaient refermées sur sa gorge. Quelque chose bougea dans mon dos. Je resserrai ma prise d'une seule main sur sa gorge et levai l'autre, armée. L'esprit était presque visible, à deux doigts de passer dans la lumière. Et cela ne me disait rien qui vaille. Voilà pourquoi j'avais évité cette femme la dernière fois que j'étais venu ici. Elle était complètement folle et elle voulait sûrement un autre héritier. Elle ne les prenait qu'à la source. Directement à la source du pouvoir.

— Fais attention à ce que tu vas faire, Narcissa, la menaçai-je. Tu n'es rien qu'un caillou dans la chaussure de mon père. Il te garde en vie par principe. Je pourrais te tuer en un rien de temps.

Elle commençait à s'étouffer sous ma prise. Je la relâchai et elle se mit à tousser à pleins poumons. Je roulai hors du lit et mes pieds touchèrent la pierre froide du sol. L'air était frais contre ma peau nue.