3. Astéria

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Le bruit des chaînes

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Le bruit des chaînes. Ce tintement familier. Rassurant. Il faisait terriblement froid aujourd'hui, quand bien même le village se trouvait dans une bulle gérée par les Élémentaires. La nature, ils la contrôlaient, ne la faisaient pas plier, mais composaient avec.

Voilà pourquoi les récoltes étaient si bonnes, pourquoi l'hiver était aussi doux que l'été était chaud. Pourquoi le reste du monde ne nous intéressait pas, ne nous concernait plus. Pourquoi je ne craignais pas que les loups viennent, qu'ils me trouvent. Si j'étais la bête noire de mon peuple, je n'étais pas même un murmure sur la bouche de ces prédateurs. Quand bien même ils avaient tout détruit.

Déchiqueté.

Arraché.

Ne restait que cette cicatrice.

Que Sahasya.

— À quoi ressemble l'océan ? demandai-je, dans un souffle, incapable de m'imaginer cette vaste étendue d'eau.

J'avais appris à parler au silence. J'avais appris à chuchoter, qu'importaient le lieu et l'endroit. Comme si je quittais ma cage d'obscurité souvent...

J'avais beau chercher dans ma mémoire, je ne pensais pas avoir jamais vu pareille beauté.

Océan, mer. En avais-je rêvé ? Il y avait bien longtemps que mes songes n'étaient remplis que de murmures et de cris. Comme la réalité.

Ce n'est que de l'eau à perte de vue, répondit Sahasya qui jouait avec sa chaîne.

Je tournai mon visage vers lui. Aujourd'hui, il apparaissait plus calme, comme tranquillisé. D'ordinaire, il allait et venait entre ce monde et l'autre, entre moi et son antre. J'ignorais si je devais m'inquiéter, l'interroger. Serait-il enclin à me répondre ? Je ne voulais pas qu'il s'agace, ne voulais pas non qu'il parte pour me laisser seule trop longtemps.

Je fuyais sa présence autant qu'elle m'était essentielle.

Désir et peur.

Les deux d'une violence sans nom.

On y jette des cadavres qui finissent par pourrir.

— Pourquoi ?

Les loups ne mangeaient donc pas leur proie ?

Saha releva son regard sur moi. Si quelqu'un avait été capable de le voir, il aurait pu penser que mon Esprit était dénué de tout sentiment, mais d'expression surtout. Alors que non. Dans ses yeux, à ce moment-là, il y avait une légère trace d'ennui, de folie.

Parce que personne n'aime ce qui dérange, souffla-t-il. Alors l'océan est un cimetière qui emporte tout, qui ne laisse aucune trace.

J'avais vu la lente décomposition d'un cadavre. Sentit l'odeur qui s'en dégageait et avait trouvé une certaine beauté à ce spectacle. Parce que c'était ainsi que fonctionnait le cycle de la vie. Lorsqu'on mourait, que l'on ait été une bonne ou une mauvaise personne ne changeait rien. Le goût de nos entrailles et de notre chair était la même pour les bêtes qui venaient s'en repaitre.

DE SANG ET D'ESPRIT - L'empreinte du Loup - 1 [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant