DE SANG ET D'ESPRIT - L'empreinte du Loup - 1 [Terminée]

9. Astéria

Mes doigts glissaient sur l'étrange paroi vitrée devant moi. Je n'arrivais pas à savoir à quoi cela servait, ni même comment on pouvait l'ouvrir. Mais ça m'intéressait. Tout était nouveau. Il faisait sombre, alors je pouvais me déplacer comme je voulais et voir simplement en touchant. J'aimais ça.

Les seuls repères que j'avais ici.

En bas... en bas, il y avait des loups. La douleur dans ma jambe ne pulsait plus depuis plusieurs minutes. Saha s'en était occupé avant de disparaître. Sûrement pour aller jeter un coup d'œil autour de nous. Aussi curieux que moi, mais bien plus attiré par la folie des créatures dans cette maison. L'odeur du sang stagnait dans l'air, qui courait sur ma peau. Elle me démangeait d'ailleurs. Me grattait et je devais me retenir pour ne pas laisser mes ongles la déchirer et y laisser plus de traces. Besoin d'eau, je ne savais pas où en trouver, parce que je ne connaissais rien du monde, de ce monde. Celui avec des loups partout, celui où il valait mieux être un loup pour vivre.

Où que je regarde, ils s'y trouvaient. Et ça faisait mal. Mes cicatrices pulsaient, me rappelant l'horreur et le sang. Toujours la même chose.

Le fait de rester concentré sur la sensation me faisait oublier ce qui comptait. Comment retourner dans la bulle ? Comment échapper au monstre qui portait le nom de Kieran ?

Mes doigts trouvèrent une sorte d'encoche et je tirai dessus pour ouvrir la paroi, ce qui, sous la surprise, me fit tomber au sol. Mes yeux, habitués à l'obscurité la plus totale percevait chaque détail, chaque chose présente dans cette petite pièce contiguë à la chambre.

Mon épiderme en feu appelait l'eau. Pas pour boire, juste pour apaiser la brûlure. Je rampai pour entrer dans cette sorte de cabine, de la pierre sous mes doigts, comme des petits cailloux ronds.

Qu'est-ce que c'était au juste ? Je me redressai en laissant mes mains courir sur une surface étrangement plate et douce, mes doigts butèrent dans un obstacle.

Peut-être que dans ce monde, voir avec ses yeux était plus important que simplement sentir...

— À quoi tu joues ? cracha Sahasya, soudain présent pour m'agripper et me forcer à me relever.

Son bras enveloppa le mien, me fit tourner une sorte de manivelle. De l'eau glaciale jaillit alors juste au-dessus de ma tête et je couinai tel un animal blessé se sentant pris au piège.

J'eus la bonne idée de me rattraper avant de tomber en arrière et encore une fois, Saha me fit tourner une autre manivelle ou je ne sais quoi et l'eau devint plus chaude.

Oh. Oh !

Tout de suite j'orientai mon visage vers le jet et fermai les yeux. Je n'écoutai pas Saha qui semblait me fournir quelques explications sur le mécanisme de cette cage de verre.

La pulsation dans ma joue et dans mon cou était en train de disparaître. Mes cicatrices retournaient au silence.

Je restai longtemps sous le jet d'eau, incapable de penser ou de faire autre chose. Je laissai l'eau imbiber mes vêtements, qui devinrent alors plus lourds, plus encombrants. Je réussis à les retirer et lorsqu'ils tombèrent au sol, ils firent un bruit spongieux. Nue, mes cheveux comme protection, je n'écoutai que le bruit, ignorai tout le reste, jusqu'à en oublier où je me trouvais.