2. Kieran

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La mer s'écrasait sur les roches de la côte

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La mer s'écrasait sur les roches de la côte. Il n'y avait que ce bruit qui berçait mon esprit. Ce fracas qui m'apaisait. Très peu de choses me calmaient dans ce monde. Nous n'étions plus dans une ère où la paix régnait. Il y avait eu trop de guerres, trop de morts. Le monde était devenu sombre. Tout comme nos existences.

J'ouvris les yeux sur l'étendue bleue qui se trouvait devant moi. L'horizon au loin. Si loin. Un souffle à mes côtés. J'observai la jeune femme qui se tenait à ma droite. Sa joue était enflée, sa lèvre était coupée. Elle saignait de plusieurs endroits de son corps. Même si elle essayait de se retenir, elle tremblait. Tout était vain. Quand la peur s'installait en vous, elle ne s'éloignait plus. Elle s'installait dans tous vos membres, un à un. Elle prenait possession du peu de maîtrise qu'il vous restait.

La jeune femme enserra son corps de ses bras. Elle avait un petit ventre rond. Un ventre qui abritait un enfant. Un bébé. Elle n'était qu'à cinq mois. Je le savais. Elle me l'avait avoué quand je l'avais frappée la seconde fois, dans les côtes. Je la vis déglutir. Cela attisa la bête en moi. Le goût du sang sur ma bouche était présent, fort, presque trop. Je lui avais arraché des doigts pour avoir menti la première fois qu'elle m'avait répondu.

La bête en moi gronda, prête à attaquer de nouveau. Prête à prendre de nouveau ce qui était mien.

— Tu ne trouves pas ce paysage magnifique ? soufflai-je. Ma voix la fit trembler. Elle serra un peu plus ses bras autour d'elle, comme si elle pouvait retenir le bébé en elle. Mais je savais que l'enfant était mort. Je l'avais tué de mes propres mains quand j'avais trouvé sa mère. Mon premier coup s'était porté juste sur le côté de son ventre. À travers les trous de son t-shirt, j'apercevais la marque que je lui avais laissée. La marque qui avait tué son enfant.

— Je suis sûre que c'est la première fois que tu vois ça, ajoutai-je.

Elle secoua la tête, un sanglot dans le creux de sa gorge. Je repoussai une mèche de ses cheveux. Elle se figea. Son souffle était rapide, saturé de peur. Si elle avait pu courir, elle se serait enfuie. Même maintenant que son bébé était mort en elle.

— Les humains n'ont plus leur place dans ce monde depuis longtemps, murmurai-je contre son oreille.

L'odeur de son shampoing était encore présent, là, juste sous celle du sang. Une légère senteur d'orange et de miel. Le loup qui avait été son compagnon en avait pris soin. Il l'avait chérie jusqu'à son dernier souffle. Souffle que j'avais volé. Il l'avait mise enceinte sans autorisation directe de son Alpha. Il avait procréé sans même demander la permission.

Dans notre monde, c'était interdit.

Dans notre ère, les humains n'étaient rien d'autre que de la nourriture, des esclaves, des sous-merdes destinés à nous servir. Voilà ce que m'avait appris mon père.

— Ton bébé est mort.

Un constat. Simple. Tranchant. Je caressai sa joue du bout de mon doigt. Elle se mordit la lèvre. J'admettais au moins qu'elle était forte. Jusqu'à sa mort. Tout son corps frémissait, mais elle ne laissait plus un seul son s'échapper de sa jolie bouche abîmée.

DE SANG ET D'ESPRIT - L'empreinte du Loup - 1 [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant