DE SANG ET D'ESPRIT - L'empreinte du Loup - 1 [Terminée]

5. Astéria

Mes yeux suivirent le cheminement de l'insecte. Je me sentis me tendre lorsque le papillon de nuit passa trop près de la flamme de la bougie, sans s'y brûler. Pour le moment.

Il faisait nuit à l'extérieur. Une obscurité opaque, mais d'ici, je pouvais tout de même entendre les autres qui continuaient de vivre, bien que le soleil soit couché depuis des heures. Les rassemblements étaient monnaie courante dans la bulle. Les rares enfants faisaient entendre leur rire, les adultes leurs voix fortes. La Reine ne se mêlait pas aux siens, préférant de loin rester dans un palais qui n'en avait que le nom. Notre peuple vivait simplement, sans se soucier de la technologie extérieure ou de ce qu'il restait de l'Ancien Monde. J'ignorais tout de ce dernier, savait seulement qu'il restait des hautes tours partout dans le monde ; tours recouvertes de végétation parce qu'après la Grande Guerre, cette dernière avait tout repris, indépendamment du reste et même les loups n'avaient pas cherché à arrêter cette inexorable colonisation. Narcissa ne s'occupait plus de rien à l'extérieur de la bulle. On racontait que de vieux, très vieux Élémentaires avaient choisi de vivre au-delà de la vue de la Reine, mais personne n'était capable de les nommer. Les autres, ceux dont le nom avait une signification, étaient ici, bien protégés, sans se soucier du reste ; humains et loups compris.

Qu'y avait-il en dehors de la bulle ? Hormis des ruines et des villes à reconstruire ? Hormis des humains esclaves des loups ? Alors oui, je préférais mon enfermement à la liberté. Je préférais vivre dans le noir et le froid plutôt que flirter avec le danger et la mort.

Une fois. Pas deux.

Je revins au papillon. Si différent de ceux qu'on voyait la journée. Pas plus laid, juste... étrange. Mon corps se tendit et cette fois, il brûla dans une gerbe.

— Oups.

Sahasya ricana alors que je tendais une main pour attraper ce qu'il restait de l'insecte. Mais hormis une légère poudre, rien ne se retrouva dans ma paume.

Est-ce que tout brûlait aussi facilement ?

Est-ce que la mort était aussi rapide et indolore ?

Je ramenai ma main contre moi. Sentit ma cicatrice. J'avais froid ce soir. Si froid. C'était dans mes os. Dans mon corps tout entier.

— Est-ce que tu as peur, mon étoile ?

Les loups étaient ici. Ils étaient venus parce qu'au-delà de la bulle, quelque chose se passait. Quelque chose qui échappait au contrôle de Narcissa ou quelque chose dont elle se fichait ? Aucun loup n'était venu ici depuis des décennies.

— Ils ne me trouveront pas, soufflai-je.

Je tentai de me convaincre. De me rassurer quand j'étais hantée par l'anxiété.

Vraiment, ne me trouveraient-ils pas ?

Pourrais-je rester cachée ? En sureté ? Loin de leur attention ? Loin de leurs crocs ?