𝐀 𝐭𝐨𝐢 𝐬𝐮𝐫 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐟𝐚𝐥𝐚𝐢𝐬𝐞 ᵏᵛ

Epilogue : Premier amour

POV Jeon Jungkook

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Les traits de mon crayon gris griffaient cette feuille initialement vierge avec un geste expert que je maîtrisais depuis déjà quelques années. Mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles jouant du Alain Bashung en boucle depuis près d'une heure, je sentais avec plaisir les rayons du soleil d'automne caresser tendrement ma joue. Cette sensation était devenue habituelle pour moi après toutes ces années à apprécier la nature se refléter sur mon corps de nombreuses manières, mais cela ne m'empêchait tout de même pas de l'apprécier.

Durant l'espace d'une lente seconde, mon regard glissa sur le dessin encré sur ma peau au niveau de mon doigt. Un soleil, d'un trait simple et sans détail. Puis mes yeux noirs dérivèrent sur mon autre main posée sur le bureau. Une lune, du même trait simple, sur le même doigt. L'annulaire.

Un léger sourire fendit mes lèvres gercées, et je remis ma main peinte d'une lune sous ma joue, continuant mon dessin qui représentait les traits grossiers d'un corps de femme nu se coulant dans les formes d'un canapé au design peu réfléchit.

Le corps humain, surtout celui de la femme, avait toujours été une de mes passions à dessiner. J'aimais le retranscrire de manière pointilleuse, dessinant ses contours et ses détails avec l'expérience que j'avais acquis après ces cinq années d'études en école d'art. Et ma passion pour le dessin ne s'était jamais tarie...

« ...kook... Jungkook ! »

Un sursaut de surprise me prit soudain lorsqu'une main manucurée s'abattit brusquement sur mon bureau. Je relevais vivement mon visage, légèrement perdu après ce brusque retour à la réalité qu'on m'avait forcé à vivre, et que j'aurais préféré éviter.

« Émie ? Demandais-je avec une voix calme en découvrant ces cheveux jaunes aux racines noir, cet eye-liner épais et ces chaînes multiples recouvrant cet ensemble noir déchiré à des endroits incongrus. Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« Qu'est-ce qui s'passe ? J'vais t'dire s'qui s'passe, t'es encore parti dans ton monde et l'école va pas attendre que t'ai fini ton dessin pour fermer ! »

Cette voix puissante à l'accent reconnaissable entre mille me fit doucement sourire, en plus de cette expression faussement fâchée alors qu'elle croisait les bras sous sa poitrine.

Émie, de son vrai nom Emma, était une française que j'avais rencontrée au début de mes années à Séoul. D'un caractère sans gêne et au sang chaud, elle représentait pour moi cette amie irremplaçable qui vouait un culte à Rimbaud et qui incarnait le parfait cliché de l'élève en art avec ses vêtements excentriques et ses cheveux de couleurs différentes à chaque mois. Nous nous entendions bien au point de traîner tous les jours avec le même groupe et de partager des idées et des envies, mais elle avait une fâcheuse tendance à me trouver trop dans la lune, ce à quoi j'aimais répondre que j'aurais toujours préféré vivre sur la Lune que sur la Terre.

« Eh oh ! Elle claqua des doigts devant mes yeux. Repars pas, reste ici sur Terre. Chan et Jisung t'attendent, et je veux pas que tu les fasses poiroter une heure comme la dernière fois ! »

Un soupir passa la barrière de mes lèvres avant que je ne décide enfin à retirer mes écouteurs et les ranger dans mon sac noir, ramassant mon carnet pour le garder dans ma main. Émie sourit en me voyant faire, me disant souvent que les autres feraient l'inverse, c'est-à-dire mettre leur carnet dans leur sac et prendre leur téléphone à la main. Mais j'avais, malgré moi, pris cette habitude de ne presque plus utiliser mon téléphone à part pour écouter de la musique en continu.