Ruby ( Réécriture)

1.

- Et qui paiera mes factures sinon ?
demandai-je à cet inconnu dont les yeux verts ne me laissaient pas indifférente comme si j'avais vraiment des factures à ma charge. Mon frère paye absolument tout sans calculer.

Je me retrouve dans une causerie pour le moins ridicule avec un inconnu. Qu'est-ce-qui m'a pris de lui demander une cigarette ?

Aucune idée.

Si je m'étais contentée de m'arrêter là à attendre simplement que mon rendez-vous vienne me chercher... En gros, le mec me trouve à son goût alors il m'a ordonné, même pas proposé, ordonné de laisser tomber mon job.

- Moi. répond t-il à ma question d'un ton lasse et ennuyé.

Je tire longuement sur ma cigarette et lève la tête cinq secondes après pour en recracher la fumée qui me détériore les poumons, la mort à moindre coût.

L'audace et l'assurance dont il fait preuve me déconcerte vraiment. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il gagne à vouloir me faire quitter mon boulot ? Il ne me connaît pas et je ne l'ai jamais vu au club avant. Ou fait-il partie de ces clients VIP qui s'enferment toujours dans un salon et qui réclament toujours la même danseuse ?

- Aussi facilement ? Je quitte mon boulot et vous, vous me prenez en charge ?

- Oui ma chère.

- Êtes-vous un client habituel du club ?

- Non.

- Vous êtes très bavard dis donc.

- Mmmh

A part oui, non, mmmh, aucun autre son ne sort de sa jolie bouche. C'est à croire que je l'ennuie alors que c'est lui qui a entamé la causerie quand je lui ai demandé une cigarette.
Il en sort une autre de son paquet, la glisse entre ses lèvres mais ne l'allume pas. Je reste bloquée un moment sur cette bouche quand mes yeux tombent sur les siens. Il a un regard insolent et noir de désir, comme la plupart des hommes qui fréquentent ce club mais il y a quelque chose de plus dans le sien, quelque chose qui vous ordonne silencieusement de ne pas le quitter, de ne regarder que lui.

Qui désire t-il ? Je ne sais pas mais j'espère que ce n'est pas moi, je n'aimerais pas l'avoir pour client. Il me regarde comme s'il allait me me dévorer en une seule bouchée. Il doit être le genre d'homme autoritaire à décider si l'on doit porter un string ou une culotte de couleur bleu ou rouge le lundi.

- J'espère que tu es entrain de penser à ma proposition plutôt qu'à tes clients du club ? sa voix me sort de ma rêverie.

- Oui... à pourquoi vous feriez cela pour moi ? je croise les bras sous ma poitrine en attendant sa réponse.

Il prend plus de temps qu'il n'en faut pour me répondre. Moi qui ai cru qu'il ne pouvait montrer une mine un cran plus sévère que celle qu'il aborait déjà, me voilà servi. Son regard devient plus dur et sombre comme l'enfer. Il s'adosse au mur derrière lui et me regarde avec une telle intensité que je sens brûler ma chair. Il sait que son regard me met mal à l'aise pour je ne sais quelle raison d'ailleurs, alors il insiste en promenant sans gêne ses yeux sur l'entièreté de mon corps sans doute pour être sûr de pouvoir lui-même m'ôter mes vêtements quand il sera convaincu de m'avoir entièrement brûlé le corps de ses yeux.

- Parce que voir des porcs poser leurs sales pattes sur ce qui devrait bientôt m'appartenir me donne des envies de meurtre.

Je secoue frénétiquement la tête croyant avoir mal entendu. "Ce qui devrait bientôt m'appartenir". Et puis quoi encore ?
C'est qui cet malade mental ? Et comment j'en suis arrivée à causer avec lui ?