Je me regardais dans le miroir de ma chambre et j'attachais mes longs cheveux bruns en un chignon à la va vite, avant d'attraper mon sac à main. Ils sont mal coiffés, mes cheveux, je le sais mais je m'en fou littéralement. Ils sont la dernière de mes préoccupations. Je saluais ma mère en venant déposer un baiser sur sa joue avant de quitter la maison alors qu'elle me criait de prendre quelque chose à manger. Je n'ai pas faim, je n'ai plus faim mais elle ne semble pas le comprendre. Ça fait des semaines que je ne mange plus, que je ne dors plus et les grandes cernes bleus sous mes yeux en sont la preuve. Mon cerveau fuse à tout va, 24h/24 parce que je l'aime. Putain je l'aime, et bientôt, il ne sera plus là. Et personne ne semble comprendre mon mal être, personne ne semble comprendre la douleur qui ne cesse de grandir de jour en jour au fond de ma poitrine.
Je marchais sans grande conviction jusqu'au bus. J'attrapais mon portable au fond de mon sac une fois arrivée et jetais un coup d'œil à l'heure. Il doit être en train de manger à cette heure-là. Un long soupire s'échappait de mes lèvres tandis que je montais dans le bus qui venait d'arriver. Je m'asseyais sur un siège et mon regard vide venait se perdre dans le paysage qui défilait devant mes yeux. Je n'étais qu'à dix minutes en bus de l'hôpital mais c'était suffisant pour que je pense à Niall. Il va mourir. M.o.u.r.i.r et je n'ai aucune idée de comment je suis censée le vivre. Je veux dire, la vie ne m'a pas livré un mode d'emploi « comment vivre après la perte de l'être cher ». Putain, dans trois mois on est censé fêter nos quatre ans. Quatre putain de merveilleuses années à ses cotés. Ce n'est pas assez. L'éternité ne serait pas assez à ses côtés de toute façon. J'ai beau tourner le problème dans tous les sens, je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi le destin a choisi de retirer la vie d'un jeune homme. Ça devrait être interdit de mourir à même pas 22 ans. Il ne les fêtera pas, je le sais, il le sait, tout le monde le sait. Les médecins ont été formels. Le cancer qu'il a au poumon est déjà bien développer et il y a présence de métastase. Il a fait un traitement de chimio mais rien à faire. Cette putain de malade me le retire un peu plus chaque jour. Et c'est tellement dur de voir son regard bleu perdu et attristé. C'est dur de le voir sourire en me rassurant que tout va bien aller alors qu'on sait tous les deux que c'est faux. C'est trop dur de le voir perdre ses forces et son teint éclatant au fil des jours. De le voir se battre alors qu'il a clairement envie de tout lâcher. Je n'ai plus la force d'affronter ça tous les jours. Je suis fatiguée, lui aussi, mais je ne peux me résoudre à abandonner. Je veux garder espoir, même si les médecins ont affirmé qu'il n'y avait pas remède miracle. Je veux profiter de chaque minute, chaque seconde qui m'est encore offerte. Celles qui décident de me dédier à moi et à personne d'autre. Alors oui, c'est dur de vivre tout ça et de le voir s'affaiblir de jour en jour mais on continue de se battre, ensemble. Parce qu'on est plus fort à deux. Ça a toujours été lui et moi contre le reste du monde. On a vécu tellement de chose que je refuse de croire que tout peut s'arrêter du jour au lendemain. La vie n'est qu'une saloperie, nous prenant tout petit à petit. Mais je continue d'être forte, pour lui, pour moi, pour nous. Ouais, je continue de me battre contre cette putain de vie.
Je traversais ces grands murs blancs, qui à force de les voir me donnent la nausée. Ils sont ternes, je n'ai jamais compris le principe de peindre des murs blancs et fades des hôpitaux alors qu'il est clair que les patients ont besoin de réconfort, de quelque chose qui leur réchauffe le cœur. Vraiment, je crois que ça restera l'un des plus grands mystères de ma vie. Lorsque j'arrive enfin à la porte de Niall, j'inspire un grand coup, comme pour me donner du courage, puis je frappe deux petits coups. Je rentre lorsque j'entends un faible « entrez » puis je lui adresse mon plus beau sourire. Il a ce don de me faire sourire à chaque fois et ce, même si ça me brise le cœur de le voir allongé dans un lit d'hôpital, branché de partout.
- Chloé... me lança-t-il en souriant à son tour.
- Bonjour mon ange !
Je venais déposer un baiser sur ses fines lèvres avant de retirer ma veste et de la poser aux pieds de son lit. Il se décalait afin de me faire une place et comme à notre habitude, je venais m'allonger à ses côtés. Il passait son bras autour de moi et me serrait de toutes ses forces. Niall nichait son visage dans mes cheveux inspirant leur odeur fruité, puis il déposait un baiser sur mon crâne.
