Chapitre quinze

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"Il est magnifique Caspian!" hurlai-je, en arrivant à bord du Passeur d'Aurore. Ses voiles étaient lâchées et le bois fraichement ciré. 

"C'est vrai ! Laisse moi te faire la visite." Il m'attrapa le bras en m'indiquant la direction d'une porte. Il était comme un enfant dans un magasin de bonbon, c'était assez drôle à voir. 

Il me fit une petite visite du pont supérieur, de la soute, de ses appartements, le pont inférieur où j'ai pu rencontrer le Capitaine Drinian, et enfin l'espace de stockage. 

"Et maintenant, ta chambre."

"Caspian, j'aurai pu dormir avec l'équipage."

"Je sais, mais je pense que tu vas aimer !" Il me traina vers une porte. Mon nom y étais peint en doré sur le bois sombre. Caspian l'ouvrit. J'étais bouche bée. Je reperai automatiquement la vue imprenable de la fenêtre. Cela donnait sur la mer calme et infinie et sur l'horizon. Mon lit était dans le coin et il y avait une cheminée. En fait, c'était très chaleureux. Caspian avait raison, j'aimais beaucoup. 

"Merci !" je lui fis un sourire jusqu'aux oreilles, et fis un câlin à mon meilleur ami. 

Il gloussa. "C'est bien évidemment normal. Je te laisse t'approprier les lieux. Je serai sur le pont, nous partons dans une heure."

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"Ne le prends pas comme une perte de temps Caspian." le rassurai-je alors que nous sortions du port de Redhaven. 

"J'aimerai juste le revoir."

"Il est probablement occupé." je lui répondis, pas vraiment sûre de moi. Nous avions atteint les Sept Îles, apparemment Aslan était sur place. Malheureusement, nous ne l'avons pas aperçu. 

Caspian acquiesca et passa sa main dans ses cheveux. J'ai remarqué à quel point il avait changé depuis que j'étais arrivée à Narnia. Son menton portait désormais une légère barbe. Ses cheveux étaient plus longs et sa silhouette était plus large. Son accent très présent à l'époque ne l'était plus vraiment. C'est peut être parce que j'ai passé chaque jour de ces trois ans à ces côtes que je n'ai pas vu ces changements arriver. Mais à son bureau, concentré, il n'était plus un garçon mais un homme. 

"Tu as faim ?" je lui demandai, en prenant une pomme du panier de fruits sur la table et en croquant dedans. 

"Non." grogna-t-til, en suivant la carte du bout du doigt. 

"Caspian."

"Quoi?" s'énerva-t-il, ses yeux durs perçaient les miens, mais il réalisa vite ce qu'il était en train de faire et ses yeux s'adoucirent. "Désolée." murmura-t-il. 

Je me levai et me plaçai derrière lui en lui prenant l'épaule à une main, pendant que je mangeais ma pomme. "Nous les trouverons ces sept seigneurs." je lui promis, et lui massant le cou. 

Caspian trembla à mon toucher. "Et s'ils sont déjà morts, ce ne serait qu'une perte de temps ?"

Je secouai la tête. "Tu devrais avoir un peu d'espoir."

Il souffla et acquiesca. "Tu as raison. Merci Alex." Caspian se tourna vers moi et me sourit. 

Je lui retournai son sourire et lui fis un rapide baiser sur la joue avant de me reculer et de finir ma pomme. "Je pense que je vais aller dormir un peu. Je suis épuisée. Réveille moi si quelque chose se passe."

"Aucuns soucis."

Je le pris rapidement dans mes bras et lui souhaitai une bonne nuit. Je marchai vers ma cabine. Il faisait sombre maintenant, et l'eau était calme. Le bruit des vagues clapotant doucement contre le bateau m'endormis rapidement. 

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"Tu es vraiment stupide." une voix grogna dans les ténèbres. "Tu as fait le mauvais choix de quitter Narnia, tes amis et ton peuple ont été délaissés, abandonnés." la voix m'était familière, mais je ne pouvais pas mettre le doigt dessus. 

"Qui est là?" je demandai, en me levant, l'épée au poing. J'étais dans une pièce sombre que je ne connaissais pas. 

La voix gloussa. "Tu as peur... Haut Chevalier Alexis, l'Intrépide."

"Pas le moins du monde." je lui répondis, en me tournant, en essayant de repérer cette voix. 

"Tu me cherches ?" et Edmund sorti des ténèbres. Mon coeur ne fit qu'un tour et je souris. Mais mon sourire fut court en voyant les yeux noirs d'Edmund, sa peau plus pâle que d'habitude et sa silhouette étrange. 

"Qui êtes vous?" je crachai. 

"Tu ne te souviens déjà plus de moi?" il gloussa. 

Je fis un pas en arrière et il s'avança. "Vous n'êtes pas Edmund."

Et puis la silhouette se transforma en Caspian. 

"Tu m'as abandonné." pleurait-il. "Je pensais que nous nous aimions."

"Arrêtez !" je pleurai, en essayant de trouver une sortie dans cette pièce mais il n'y avait pas de fenêtres ni de portes. 

"Alex ! Ma meilleure amie ! L'amour de ma vie ! Tu m'as brisé le coeur ! Tu l'as pris dans tes mains et tu l'as écrasé!" 

Je me pris la tête dans mes mains et m'arrachai les cheveux. "Non ! Arrêtez ! S'il-vous-plaît !"

La silhouette de Caspian se transforma en Lucy. 

"Alexis. Comment as-tu pu choisir Narnia et pas mon frère ? Est-ce que tu sais à quel point il avait le coeur brisé ?" elle fit un pas de côté et révéla un corps inanimé. Edmund. 

"Non !" je hurlai et secouai la tête. J'accouru auprès du corps et le secouai, des larmes parcouraient mes joues.  

"Il ne pouvait pas supporter la douleur que tu lui avais infligée alors il s'est suicidé à cause de toi. Toi et ta décision atroce." me cracha Lucy. 

Je hurlai, les larmes ne faisait que sortir. "Je suis désolée" je soufflai, encore et encore, comme le jour où Edmund est reparti en Angleterre. 

"Alexis." une voix m'appelait. Je restai au sol, ne voulant pas regarder au dessus de moi. "Alexis", elle m'appelait une seconde fois en se moquant de moi. Je pleurai et secouai la tête, je ne pouvais plus le supporter. 

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Je me réveillai en sursaut. Je transpirai tellement, et je pouvais sentir les larmes sur mes joues. Mon coeur battait si vite. Ce n'était qu'un rêve. Juste un rêve. Je me relevai, la pièce baignait dans la lumière, la mer était toujours calme heureusement. Je m'avançai vers mon armoire et me changeai dans ma traditionnelle blouse et pantalon, que je devais attacher à la taille parce qu'il était trop long pour moi. 

Mes cheveux étaient tout emmêlés. Je les brossai rapidement et les attachai en queue de cheval. 

Quelqu'un toqua à ma porte. 

"Juste un minute!" je hurlai, m'aspergeant rapidement le visage d'eau et le séchant légèrement. Je ressemble un peu plus à quelque chose à présent. J'ouvris la porte. Ce que je vis me fit m'arrêter net. 

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Roi Edmund le Juste: Une Vie à NarniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant