(NDA : Hi babes, je vais jouer à la revenante une dernière fois. Mon disque dur a cramé, me faisant perdre tous mes fichiers de réécriture (RIP, les mois de travail passés sur trois projets différents, dont Gotta be you.) En tout sincérité, ça m'a complètement dégoûtée de ce roman pendant un bon moment et je n'avais pas la foi d'y revenir, but I'm back now. J'ai pris quelques chapitres d'avance pour être sûre de tenir le rythme, et on se dit donc à tous les vendredi pour suivre cette nouvelle version des aventures de Fahd et Grace. J'espère que vous serez du voyage. Bisous, et bonne lecture. <3
Grace
Boston, 12 novembre 2020
Il neige. Bien sûr, ce n'est pas inhabituel à Boston, mais cela fait huit ans que je n'ai pas aperçu de poudreuse, si ce n'est à travers les photos de ma mère, et Steven – mon beau-père – lors de leurs séjours à Aspen.
Une part de moi n'ignore pas qu'il s'agit d'une vision presque éthérée, mais je n'arrive pas à apprécier le panorama de la ville enfouie sous les flocons.
Aujourd'hui, cette blancheur immaculée ne m'inspire rien.
Je plaque mon front contre la vitre du taxi. J'imagine qu'elle a dû accueillir de nombreux touristes désireux de ne pas perdre une seconde du spectacle qu'offre la capitale du Massachussetts, mais c'est chez moi ici. C'était chez moi, pendant près de seize ans. Et même si certains arbres ont poussé, et que quelques noms de rue ont changé, je connais la ville. J'y ai semé des souvenirs partout où je le pouvais, et j'ai tout sauf envie de les ressasser. Pas alors que j'ai passé des années à courir dans tous les sens, pour essayer de les faire sombrer dans un coin de mon esprit noyé sous la montagne d'activités au sein desquelles je me suis enrôlée. Boulot, bénévolat, bricolage, beach soccer, board surfing... Anna, ma collègue, s'amuse même à résumer ma liste aux 5B, puisqu'il s'agit des occupations qui chassent le mieux les fantômes de mon passé, et desquelles je ne peux pas me passer pour prévenir mon mental d'une dégringolade.
Mon souffle embue la vitre. Mon expiration envoie valser une bouffée d'air condensée. J'ai passé tellement de temps à tenter d'enfouir mes émotions qu'aujourd'hui, je me demande si je n'ai pas réussi à m'en débarrasser entièrement.
Mon père est mort. L'homme qui m'a introduite à la lecture, m'a bordée quand je craignais les monstres sous mon lit, m'a accompagnée à mes bals de fin d'année et a acheté mes premières protections hygiéniques, est mort. Pourtant, je n'ai toujours pas versé la moindre larme.
Je me sens vide, éteinte. Plus qu'une simple anesthésie, j'ai l'impression que mon cœur est décédé, qu'il s'est décomposé pendant toutes ses années passées à me demander pourquoi il m'a abandonnée, pourquoi il a choisi de se consacrer à une nouvelle femme plutôt qu'à la famille qu'il a choisi de fonder. Tomber amoureux peut-il tout effacer – y compris la fille qu'il a enfantée ? Cette question, je l'ai ravalée pendant si longtemps que j'en ai perdu l'occasion de la verbaliser. Et elle aurait pu tout changer.
Mes ongles s'enfoncent à l'intérieur de mes paumes. La musique ne parvient pas à transpercer la bulle de mes pensées qui menacent de déclencher un cataclysme alors que je n'ai même pas mis les pieds dans l'église.
Si l'on me reconnaît, j'aurai à affronter les regards curieux, à accepter les mots de consolation et les condoléances, seule.
Pour je ne sais quelle raison, ma mère, qui m'a cliniquement communiqué la nouvelle comme si elle récitait un dossier médical, s'est chargé d'organiser les obsèques depuis L.A. Elle a planifié la cérémonie jusqu'au moindre détail, a couvert toutes les notes, et est allée jusqu'à discuter avec l'exécuteur testamentaire. Mais elle a refusé de faire le déplacement pour prononcer ses adieux et a même tenté de me dissuader de m'y rendre à mon tour. Je suppose que les siens étaient faits à l'instant où elle a décidé de le quitter et m'a suppliée d'embarquer avec elle dans cet avion qui nous emmenées loin de cette ville empestant la trahison. En revanche, je ne pouvais autoriser ce pan de vie à se clore pendant que je me terrais à l'autre bout du pays. Alors j'ai pris un billet à la dernière minute et suis rentrée ici avec des milliers d'interrogations qui me trottent en tête.
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Gotta Be You (réécriture)
Romansa(V2 / Réécriture de F.I.S.T : Baisser sa garde) Une fois qu'un cœur est anéanti, il n'y a pas de retour en arrière possible, pas de remède miracle qui puisse le rafistoler. Ça, Fahd et Grace le savent mieux que quiconque. Après tout, cela fait déjà...