Park Jay.
Allongé sur son canapé de façon très négligée, il fit très vaguement attention aux infos passant à la télé. Sa seule pensée était tournée vers celle qu'il connaissait depuis des lustres. Un peu plus tôt la veille, elle avait soudainement annulé leur rendez-vous. Elle ne lui avait pas donné plus de détails, mais il avait fait preuve de compréhension, encore, malgré que ce ne soit pas la première fois. Cela faisait des jours qu'ils ne s'étaient pas vus. La raison est toute simple : son petit ami. Malgré tout, il ne pouvait cacher son agacement. Il faisait croire qu'il n'était pas jaloux, mais juste attristé. En effet, ils avaient l'habitude de consacrer leur temps à l'autre auparavant, comme le feraient des meilleurs amis. Mais depuis quelques semaines, elle faisait passer son couple avant leur amitié, l'agaçant plus que tout. Cette fois-ci, le jeune homme était décidé à se faire entendre. Il ne prit même pas la peine de finir sa boisson, ranger son paquet de chip, ou même d'éteindre la télé. Il partit seulement s'apprêter plus convenablement, au lieu d'un simple jogging. Il prit son trousseau de clés, et ferma la porte pour de bon.
Sur le chemin, il réfléchissait fortement à la manière dont il pourrait lui faire comprendre son ressenti. À vrai dire, il pensait aussi à se déclarer. De longues années d'amitié lui ont fait réaliser que son cœur était épris d'elle. Il soupira longuement, réajustant son bob sur sa tête, le protégeant du soleil de fin de printemps. Il attendit sagement à l'autre bout du passage piéton que le bonhomme devienne vert. Il traversa ensuite, repensant à sa relation avec elle.
Leur rencontre n'était des plus ordinaires, dans un bac à sable ou dans un parc, non. Cette jeune fille se faisait embêter derrière ce collège, à l'abris des regards. Bien qu'elle tentait de riposter les premières fois, elle comprit que sa force n'était rien comparé à ces deux monstres la ruant de coups. Enfin, jusqu'à qu'il arrive, lui son sauveur. Son meilleur ami, à cette période, était tristement réputé pour sa violence hors norme. Son image ne reflétait qu'un voyou de quinze ans, frappant pour le plaisir de blesser. Mais la vérité était toute autre. Il s'en prenait seulement aux fauteurs de troubles, comme les harceleurs de l'ancienne collégienne. Pourtant tous ceux auparavant ont pris peur de lui, celui les ayant défendus quitte à se prendre des coups douloureux. Il ne comprenait pas la raison pour laquelle même des victimes aidées par lui-même, ne le côtoyaient pas, ne le regardaient pas.
À son plus grand étonnement, cette fille là ne l'avait pas regardé avec des yeux effrayés. Non, au contraire. Elle l'admirait, lui en était sincèrement reconnaissante. Elle voulait tout naturellement le remercier, et quoi de mieux pour ce solitaire mal-aimé, qu'une véritable amie ? Elle n'avait pas peur de lui, bien que sa violence la surprenait au début. Ils étaient différents en beaucoup de points, mais ont réussi à trouver des intérêts communs. Leur relation n'était pas devenues si fusionnelle du jour au lendemain. Ils ont dû apprendre de l'autre et se construire ensemble, grandir ensemble. Voilà sept années qu'ils se connaissaient. Moins d'un an qu'elle prenait ses distances avec son meilleur ami. Et aujourd'hui, il était bien décidé à savoir ce qui se tramait avec son copain, qu'il enviait tant.
En passant devant une boutique de téléphonie, avec à la vitrine des écrans de télé ne montrant qu'une seule chaîne : celle qu'il regardait sans attention ce matin. En apercevant les passants s'attrouper en masses pour connaître la situation dans laquelle était plongée leur ville, il se décida à se renseigner aussi, curieux des événements. Il ne réussissait pas à voir l'écran avec tout ce monde.
- Quelle tragédie... Fit l'un des civils. Cette pauvre femme n'avait rien demandé ! Qu'elle repose en paix !
- Cette ordure ne mérite que la prison ! Rapplique une autre femme.
Très vite, chacun d'eux lançait un commentaire sur un individu dont il ne connaissait rien. Encore plus curieux qu'à son arrivée, il demandait poliment à l'un d'eux ce qu'il se passait.
- Excusez-moi, je n'ai pas pu voir les infos plus tôt, ment-il, qu'est-ce qui se passe et pourquoi tant de raffut ?
La femme, plus âgée que lui d'une quinzaine d'année, tout au plus, affichait une expression livide et attristée.
- Pas très loin d'ici, la police a arrêté un tueur en série recherché pour avoir assassiné nombre de femmes, les battant jusqu'à qu'elles n'en puissent plus.
En entendant ceci, il fut plus soulagé. Un léger sourire ornait ses lèvres, heureux qu'une crapule de la sorte soit arrêtée.
- Mais malheureusement, continue-elle, la police est arrivée trop tard pour empêcher le tueur de prendre la vie de sa défunte compagne.
- Cette femme n'avait que vingt-deux ans. Informe un autre homme, qui se déplaçait pour lui laisser la place devant la télé. Cela s'est passé ce matin même.
L'homme au bob s'avançait d'un pas lent, les yeux rivés sur l'écran. Il vit avec horreur la fiche d'identité du tueur. Il ressemblait trait pour trait au compagnon de son amie. En lisant son nom et prénom en dessous de la photo, il put confirmer que c'était bien lui. Une sueur froide lui prit, ayant peur de comprendre.
- Quand est-elle décédée ? Une mort pareille, c'est...
À peine finissait-il sa question, qu'une photo de sa seule et unique amie, celle qui avait emprisonné son cœur, apparut devant ses yeux. Ses yeux pétillants et son sourire radieux n'avaient rien à faire avec cette histoire de meurtre. Il vit d'abord sa photo, son nom et prénom, puis sa date de naissance. En lisant le chiffre correspondant à la date du jour, le mois dans lequel ils étaient, et l'année actuelle, ses yeux se perdirent dans un vide total. Un vide dénué de toute émotion, qui se remplissait par du regret, et d'un amour amer. Cette culpabilité de ne pas être intervenu avant, laissant son seul amour mourir à petit feu, dans les bras sanglants d'un sicaire.

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𝖮𝗇𝖾 - 𝖲𝗁𝗈𝗍 | 𝘌𝘕𝘏𝘠𝘗𝘌𝘕
FanfictionUne série de One-Shot dédiée seulement aux membres d'Enhypen. En espérant que ça vous plaise !