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Petite robe noire. Non. Petite robe blanche. Non. Cette jupe ? Non. Un jean ? Non plus.

Je soupire en m'affalant sur le lit. Je me suis douchée, j'ai fais un brushing pour sublimer mes cheveux blonds, j'ai fais mon habituel eye-liner au dessus de mes yeux bleus, mais impossible de trouver une tenue. C'est un rencard, je dois bien faire un minimum d'effort, mais pas trop, sinon il va se dire que je suis folle.

Je suis déjà sortie avec des garçons. Mais je n'ai jamais eu de rencard sérieux, ni d'invitation de leur part. C'était plutôt des baisers fiévreux échangés dans une boite de nuit alors que ni moi, ni l'autre personne n'était sobre.

Je finis par enfiler un pantalon assez lâche en coton blanc, ainsi qu'un débardeur proche du corps, rose pâle. J'enfile une paire de basket blanches, et je me dis que la tenue n'est pas si mal que ça. Ni trop, ni pas assez. J'espère.

Il est presque l'heure alors je descends en bas. Alors que je me trouvais en haut des escaliers, ça sonne à la porte d'entrée. Malheureusement, alors que je me précipite pour l'ouvrir, mon père me devance.

– Non, papa !

Il ouvre la porte et tombe sur Steve, en jean et chemise, avec un bouquet de fleurs dans les mains. Je me sens déjà devenir rouge comme une tomate.

– Monsieur. Je souhaitais emmener votre fille au Love Lake ce soir. Il y a un jolie feu de camp pour fêter la fin de l'été. Je ne la ramènerai pas trop tard.

Je ne peux pas m'empêcher de le trouver adorable. Mes parents sont très vieille école alors ils vont forcément l'adorer. Moi, je trouve ça gênant. Je finis par les rejoindre alors que mon père demande plus d'informations sur cette soirée et en profite pour dire à Steve qu'il est flic et qu'il n'hésitera pas à le poursuivre en justice s'il se comporte mal avec moi.

– Papa ! Je pense qu'il en a assez entendu ! Merci beaucoup. À plus tard !

Je referme la porte sans leur laisser le temps de répondre, et j'attrape la main de Steve pour le trainer jusqu'à la voiture en courant. En même temps, nous sommes morts de rire, et alors que nous nous installons dans la voiture, je le presse à démarrer. Il s'arrête un peu plus loin, afin de m'offrir convenablement les fleurs.

– Merci beaucoup Steve, c'est adorable. Tu sais, tu n'avais pas à faire tout ça, mes parents sont super chiants en plus..

– J'y tenais. C'est normal.

Je lui souris sincèrement. 

– Elles sont magnifiques. Merci.

– Avec plaisir. Tu es ravissante. On y va alors ?

J'hoche la tête avec entrain, replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille à son compliment.

Nous nous retrouvons rapidement au feu de camp. Tout l'endroit est joliment décoré, et l'endroit est plein de lycéens, mais cela ne ressemble absolument pas à la soirée chez Jason. Heureusement. Je ne veux pas finir la soirée dans le même état.

– Bon.. ton père a dit pas d'alcool, mais.. j'ai ramené une bouteille de blanc quand même mais si tu ne veux pas boire on est vraiment pas obligé -

– Hey, pas de problème. J'aime beaucoup le blanc.

Il me fait un sourire rassuré, il semble stressé.

– Tu n'es pas obligé de suivre les instructions de mon père. Il est très militaire, très chiant, enfin bref..

On rit un petit peu, et je sens qu'il finit par se détendre un peu. On discute, de lui, de moi, de New York, du lycée, en omettant mes soucis d'addictions. Je n'ai pas pris de quoi fumer et assez étonnamment, je n'en ai aucune envie.

Nous sommes assis proches de l'eau, avec notre bouteille de blanc entre nous deux. Il me parle de Robin, de Dustin. De son travail au vidéo club. Je lui avoue faire du piano, depuis toute petite. Il est plutôt branché film et jeux vidéos.

– Tu ne joues pas à D&D ?

– Non.. ce n'est pas vraiment mon truc. Puis, Eddie est tellement dans son monde que c'est compliqué de le suivre.

– Je l'ai trouvé remarquable, en regardant leur partie l'autre jour.

Il hausse les épaules. Je me souviens soudainement qu'Eddie s'était confié à moi, en me disant qu'on le prenait souvent pour un taré. Je ne suis pas d'accord avec ces gens. Eddie est fascinant.

– Tu n'as pas abandonné de chéri, à New York ?

Je ris à sa question.

– Mon dieu, non, heureusement. Je ne fréquentais pas les mecs les plus sympathiques à New York alors ce n'est pas plus mal. Et toi, ici ? Tu dois en faire tomber plus d'une, avec une coupe de cheveux pareille !

Je passe doucement ma main dans ses cheveux pour illustrer mes propos. Ils sont aussi doux qu'ils en ont l'air. Il rit un peu.

– Non.. non. J'avais une copine, Nancy, mais elle m'a quitté pour quelqu'un d'autre. Et depuis.. personne ne semble m'intéresser.

Son regard est transperçant, et je sens mon coeur battre un peu plus vite. Il se penche vers moi, se rapprochant de mes lèvres, murmurant :

– Sauf toi..

Alors que nous n'étions qu'à quelques centimètres, on entend un cris, ce qui nous fait sursauter.

– Steve ! Lila !

On se redresse tout les deux, se grattant la gorge, mal à l'aise et gêné. Merde. J'ai vraiment failli l'embrasser là ?

C'est Dustin, qui arrive en courant vers nous, accompagné de Robin, qui a l'air complètement désespérée et qui mime des « pardon, pardon, désolée.. »

– On vous cherchait les gars ! Personne voulait nous emmener mais au final Eddie est venu nous chercher comme ça on peut passer la soirée avec vous !

Steve fait une tête pire que dépité avant de se lever et de courir après Dustin.

– Je vais te tuer viens là !

On les voit s'éloigner et Robin s'installe à côté de moi, la respiration haletante.

– Steve va me tuer d'avoir interrompu un moment pareil.. je suis désolée Lila!

– Ce n'est pas grave, c'est rien! Je.. en fait, je crois que c'est-

– Salut.

Je relève la tête et vois Eddie, avec sa veste en jean habituelle, qui tire une tête de déterré.

– Désolé d'avoir interrompu votre moment entre amoureux.

Et il s'éloigne. Robin prend son visage dans ses mains.

– J'ai fais une gaffe. Je l'ai croisé, en salle de musique parce que je voulais réviser pour ma fanfare, et il m'a demandé si on sortait ce soir. Je lui ai dis que Steve et toi, vous y seriez, et sans crier gare il est tous venus nous chercher pour nous emmener ici ! Comme si.. enfin.. c'était presque fait exprès pour vous déranger !

Je fronce les sourcils. Ça ne ressemble pas à Eddie.

– Mais ! Vous alliez presque vous embrasser, mon dieu, je suis trop nulle..

Je rougis un peu.

– Vous avez.. tout vu ?

– Non! Mais enfin, en arrivant.. oui. On a vu.

Je suis encore plus rouge tomate qu'avant. Génial. J'ignore pourquoi, mais la présence d'Eddie me dérange soudainement. Le fait qu'il ait vu tout ça me met mal à l'aise, pour une raison que j'ignore encore. Je soupire. Je ne lui dois rien.

Steve et Dustin finissent par revenir s'assoir avec nous, et nous reprenons notre discussion comme si de rien n'était. Au bout d'un moment, je me lève pour aller m'isoler et fumer une cigarette, pour prendre un peu de recul sur la situation. Je m'installe en bord de forêt, sur un banc. Ce coin est magnifique. La lumière du coucher de soleil, le feu au centre du parc. C'est si calme et vivant à la fois, mais de manière bien plus apaisante que New York.

I'll be back in the morningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant