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Le lendemain matin, je me réveille, au chaud sous la couette et blottie contre Eddie. Je me décale délicatement pour ne pas le réveiller. Les souvenirs de la veille me reviennent : la soirée, mon état de défonce, et comment je me suis retrouvée chez Eddie. Je soupire. Je sors du lit et j'observe le jeune homme qui dort encore. Il a pas mal de tatouage que je n'avais pas vu. Alors que je remarque que je suis complètement entrain de le mater de la tête au pied, je me change pour remettre les mêmes vêtements que j'avais la veille. Heureusement, ils ne sont pas tachés de vomis.

Je sors à l'extérieur, sans dire au revoir, je n'ose pas le réveiller, et je rentre à pied chez moi. J'ai du mal à me repérer mais finalement, je retrouve mon chemin. Mes parents sont levés, me demande si j'ai passé une bonne soirée. J'hoche brièvement la tête avant de partir me doucher. L'eau chaude me détend et me réveille, en plus de me remettre les idées en place.

L'incident avec le garçon me revient. Il comptait profiter de moi. Cette pensée m'écœure. Eddie est venu m'aider, il était surement juste au bon endroit au bon moment.

Je finis par retourner me coucher, les cheveux encore mouillés, épuisée.

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Les cours sont ennuyeux mais j'essaie de faire un effort pour pouvoir réussir mon année et trouver une bonne fac. Dire que je pourrais déjà travailler, avoir mon indépendance, et surtout, ne pas être ici.

Eddie est absent ce matin. S'il a déjà redoublé deux fois, c'est surement une habitude chez lui.

À la cafétéria, je ne m'assois pas à la table des basketteurs. Cependant, j'attends que le garçon qui a essayé de m'agresser la veille arrive. Finalement, il débarque, accompagné de trois filles qui rigolent niaisement.

Je me lève, et sans crier gare, je le gifle en plein milieu de la cafétéria. Un silence s'installe, et tout le monde nous observe.

– Ne pose plus jamais tes mains sur moi, connard.

Je quitte la salle puisque j'avais finis de manger avant même qu'il arrive et je sors fumer.

– En forme ?

C'est Eddie.

– Oui. Merci.. pour l'autre soir.

– Pas de soucis.

Il s'installe à côté de moi.

– Tu as beaucoup répété.. que ça faisait un an. Que tu étais nulle, stupide. Qu'est ce que ça veut dire ?

Je me tends. De quel droit me pose-t-il cette question ?

– Qu'est ce qui te fait croire que tu peux me demander ça ?

– Oh, je ne sais pas. Ça doit être parce que tu as dormi en petite culotte dans mon lit.

Je me lève pour me mettre devant lui, visiblement énervée. Mon sang bout.

– Va te faire foutre, je ne te dois aucune explication.

Je quitte le lycée pour aller m'installer à la bibliothèque juste à côté. J'essaie de respirer, de me calmer. En vain. Je tourne en rond et finalement je rejoins mon vélo.

Je fais le tour de la ville, j'erre sans but précis. Je veux juste me promener, respirer. Cette ville est calme et peu peuplée. Il n'y a que le silence et le bruit des arbres.

Je finis par trouver un petit lac adorable. Je viens m'y installer, un livre de physique, que je feuillette en profitant du silence. Je m'assoupis même un peu. Je me sens bien ici.

Je croise Robin, un peu plus loin, et elle vient discuter avec moi, pour me demander si je vais mieux depuis la soirée. J'en profite pour m'excuser, car Eddie a pris la voiture pour me ramener, et Steve, Nancy et Robin ont du rentrer à pied chez eux.

– Tu as réussi à ne pas croiser tes parents en rentrant ? Il n'était pas très tard, ils dormaient déjà ?

Je mords l'intérieur de ma lèvre. Je me souviens d'être passé devant chez eux, d'avoir presque supplié Eddie pour qu'il ne me laisse pas ici. Je ne pouvais pas les croiser dans cet état. Ils pensent que mon addiction et mes débordements sont une histoire lointaine. Pas vraiment, en réalité.

– Ils étaient déjà couchés, oui. Ils travaillent beaucoup, puis ils finissent encore d'emménager la maison. Je ne les ai pas croisé, et heureusement..

Je décide de mentir. Je n'avoue pas avoir dormi chez Eddie. Ce n'est pas grave, je ne pense pas qu'elle l'apprendra un jour, de toute façon. Je ne veux juste pas être catégorisé comme étant la fille qui dort déjà chez des garçons.

– Tu devrais passer ton permis, il te sera utile ici. Ce n'est pas comme s'il y avait des services de bus.

– Oui, tu as raison, avouais-je.

Une voiture serait plus simple qu'un vélo, et plus pratique.

– Tu sais Lila.. Eddie m'a appris à conduire. Je n'ai pas mon permis mais en cas d'urgence, je peux conduire. Tu devrais lui demander.

Je fais une petite moue, peu convaincue. Eddie, qui se prend pour mon sauveur à chaque situation ? Et en même temps.. s'il n'avait pas été là pour s'occuper de moi à la soirée, je n'ose pas imaginer ce qui aurait pu m'arriver. Peut-être serait-il temps que j'avoue qu'il est sympa, et que me faire des amis ici ce serait pas la pire idée du monde.

– Oui, tu as raison.

I'll be back in the morningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant